Hyperion XP-1 : 1600 km d’autonomie avec l’hydrogène ?

Voilà la promesse de la société fondée en 2011 et qui se dit « leader en technologie hydrogène ». L’XP-1 ressemble à une hypercar de film d’anticipation, ou une miniature qui n’aurait pas les droits sur un modèle existant.

L’avant est marqué évidemment par les feux à LED. Mais, ceux-ci sont incorporés dans une carrosserie faite de croisements de courbes et de plans. C’est sans doute très aérodynamiquement étudié, cependant, c’est chargé. Il y a aussi ce « nez » qui part en avant.

C’est d’autant plus visible de profil. Le profil justement est marqué par la « ceinture » noir et vert qui fait immanquablement penser à Bugatti pour la forme, et à Mercedes AMG Petronas F1 Team pour les couleurs. Le bas de caisse comporte une entrée d’air très futuriste. Quant à l’arrière, il est centré sur les deux sorties d’échappement (qui ne rejettent que de l’eau). A noter que ces sorties sont symétriques avec un élément dans le bas du bouclier avant.

L’intérieur est…futuristico-plastico-minimaliste. Un écran incurvé de 98 pouces signe l’intérieur qui se développe sous une immense verrière façon proto du Mans des années 70/80. L’accès se fait via des portes qui s’ouvrent non pas en élytre mais en V, comme les ailes de la Victoire de Samothrace (sic.)

Le style est plutôt chargé et manque d’élégance. Mais, c’est la fiche technique qui est le centre d’intérêt de la Hyperion XP-1. Enfin, pour ce que l’on en sait. La voiture est capable d’un 0 à 60 mph en 2,2 secondes. Comptons donc 2,3 ou 2,4 pour le 0 à 100 km/h. Surtout, Hyperion promet 1000 miles sur une seule charge de H2 soit 1620 km environ.

Pour cela, l’XP-1 dispose d’une pile à combustible PEM. Sous ce terme barbare se cache une membrane échangeuse de protons ou « Proton Exchange Membrane ». Cette membrane à électrolyte polymère (très souvent le Nafion de chez DuPont de Nemours) permet le passage des protons mais pas celui de certains gaz, même les plus petites molécules comme le di-hydrogène. Dans une PàC, cela permet d’avoir des rendements supérieurs à 55%.

Dans un véhicule à PaC, soit on a une pile d’une très grande puissance, donc très chère et au rendement moins bon, soit on prend une plus « petite » PàC que l’on tamponne avec une batterie ou un autre système de stockage de l’électricité, capable lui d’une grande puissance. Ici, ce rôle est dévolu à un supercondensateur. Il est chargé par la pile à combustible et entraîne la motorisation électrique. Les supercondensateurs ont la particularité d’être plus léger qu’une batterie lithium-ion, ainsi que de pouvoir se charger et se décharger très rapidement. Idéal pour un « run » en hypercar…

L’hydrogène sera stocké dans des réservoirs tressés en carbone. Le stockage reste le point faible de la technologie hydrogène avec d’une part un gaz très peu dense, et d’autre part une molécule minuscule. Résultat, on a des fuites de partout, et il faut comprimer le gaz pour avoir une quantité d’énergie intéressante sans avoir des réservoirs énormes et lourd.

Pour alléger la voiture, Hyperion mise aussi sur le carbone et le titane. Autant dire qu’avec ces matériaux et la technologie électrique embarquée, on ne risque pas d’avoir le bonus électrique avec cette voiture qui dépassera allègrement les 60 000 € à n’en pas douter. La masse est estimée à 1 032 kg seulement.

La voiture doit voir sa production lancée en 2022 pour une quantité « limitée » de 300 exemplaires. La société enregistre pour l’instant les « intérêts » éventuels pour son XP-1. Le prototype doit avoir une aérodynamique active, ainsi que des panneaux solaires orientables…

Notre avis, par leblogauto.com

La voiture vient juste d’être présentée (en vues 3D) et on attend d’en savoir un peu plus car certains chiffres intriguent.

1600 km sur un plein, avec une voiture comme cela, cela doit consommer 256 à 320 kWh d’énergie. Si on suppose que la pile à combustible a un rendement de 55% et que l’on intègre « quelques pertes » dans tout le système, on peut tabler sur 50% de rendement global. Soit un besoin en énergie dans les réservoirs de 512 à 640 kWh.

1 kg de H2 contient 39 kWh. Il faut donc 13,3 à 16,4 kg de H2. Mais, comme on l’a dit, le H2 est un gaz peu dense. A température et pression ambiante, 1 kg de H2 c’est 11 Nm3 (normaux mètres cubes). A la pression « idéale » de 700 bars, ce même kilogramme de di-hydrogène occupera un volume de 23,8 litres. Les réservoirs devront donc contenir entre 316,5 et 390 litres pour stocker l’énergie suffisante ! Sans compter le volume de la paroi de couches de fils de carbone pour emprisonner au mieux le H2. Les réservoirs vont représenter un bon volume de la voiture. Après tout ce n’est qu’une 2 places.

Et si on regarde le poids à vide de 1032 kg, on est aussi dubitatifs. Une Toyota Miraï c’est plus de 1900 kg. Certes, pas de carbone et de titane, mais près de 50% sur la masse à vide est curieux. Bref, on attend d’en savoir plus sur la fiche technique.

En revanche, il faudra bien 1600 km d’autonomie pour aller d’une pompe à hydrogène à une autre vu qu’il n’y en a pratiquement nulle part. Sur ce point, Hyperion veut aussi développer les stations de H2 aux USA.

Galerie de l’Hyperion XP-1

A propos d’Hyperion

Hyperion tire son nom de la mythologie grecque. C’est l’un des Titans, fils d’Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre ou la Déesse Mère). La société a été fondée en 2011 par Angelo Kafantaris. La société se divise en trois business units : Hyperion Energy, Hyperion Aerospace, et celle qui nous concerne aujourd’hui, Hyperion Motors.

Hyperion veut apporter au grand public des technologies de l’espace, expérimentées par la Nasa. « Des véhicules de route au voyage spacial, Hyperion cherche à complètement révolutionner l’industrie du transport en apportant un carburant hydrogène pratique, de haute-qualité et peu cher, à travers l’Amérique ».

L’Hyperion XP-1 est le premier chapitre du « voyage vers l’avenir de l’énergie hydrogène propre et renouvelable ».

(15 commentaires)

  1. On dirait un prototype virtuel de grantourismo hehehe. du coup les 1600km prévu pour aller d’une station à l’autre vont être assez fatigant sur ce genre d’hypersportive.

    rendez vous sur les circuits :
    https://www.youtube.com/watch?v=S0T_vPPCxYw
    https://www.youtube.com/watch?v=I8vcwswipUM

    Bon tout l’arrière de la voiture doit être un réserve géant ! HEHEHE
    Cela me rappelle le prototype que Renault avait fait dans les années 90.
    Une Laguna break complètement remplie avec seulement 2 places. C’était le début, je ne retrouve plus les images : https://solar-club.web.cern.ch/Vehicules/images/voitpil2.jpg

    10 ans plu tard Renault présentait le Scenic, avec beaucoup plus de place.
    https://www.autoscout24.fr/informer/actualite/concept-car-renault-scenic-zev-h2/

      1. Non je ne parle pas des modèles un peu fous de Renault, mais des prototypes hydrogène, dont c’est le sujet…

    1. Renault Laguna Nevada Fever (projet Fever). Avec 30 kW de puissance électrique sous 90 volts pour la PàC et un système hydrogène qui prenait en effet tout l’arrière pour obtenir 450 km d’autonomie et une vmx de 120 km/h.
      1997/1998.
      Les pile à combustible étaient hors de prix car la techno était mal maîtrisée. Il fallait des quantités énormes de platine par exemple pour une puissance modeste.
      Le break était un démonstrateur de possibilité. Un assemblage de différents composants de plusieurs sociétés qui participaient au programme de l’Union Européenne FEVER.
      Le réservoir était cryogénique…et conçu par Air Liquide. 8 kg de H2 pour alimenter une pile qui alimentait une batterie NiMH tampon.

      Le deuxième (2008), plus abouti est en effet le Scenic. Mais, c’est en fait un Nissan X-Trail FCV (fuell cell vehicle).
      En effet, après le rachat de Nissan, Renault lui a dévolu le programme de recherche H2.
      Là, on avait une PàC de 90 kW et un réservoir de 3,7 kg de H2 sous 350 bars pour 350 km d’autonomie.

      Depuis, on a le Kangoo ZE avec PàC de Symbio (Michelin) qui sert de « range extender » (la PàC de petite puissance alimente la batterie et pas le moteur directement).

      De son côté, Daimler faisait Necar (un fourgon MB 100 développé avec Ballard Power Systems), avec un système de 800 kg qui occupait tout le fourgon 🙂
      Necar (New Electic CAR) 2 tenait dans un vito…puis dans une Class A (la première)…depuis…on attend toujours les promesses de l’hydrogène 😀

      1. Concernant la Laguna, certains( mauvaises langues) disaient que c’était un démonstrateur d’impossibilité. Qu’il montrait à quel point c’était une impasse.

        Il me semble que Mercedes était à deux doigts de pieds de commercialiser son GLC-Fuel Cell il y a un an. Mais financièrement ils ont du ce recentrer. Je crois qu’ils étaient partenaires avec Nissan sur la techno.

        En attendant Honda et Toyota proposent leur modèle de berline « grand public », et sont rejoint par le SUV Nexo de Hyundai.

        Je ne crois pas que les PAC alimentent directement le moteur mais toujours une batterie qui peut fournir toute la puissance immédiatement, alors qu’une PAC doit s’amorcer et fournit sa puissance de manière plus linéaire. C’est pour cela que symbio cell fournit des prolongateurs.Cela leur permet de ne pas concevoir de batterie spécifiques et de « juste » venir se greffer sur un véhicule électrique tout équipé. Et accessoirement leur réservoir d’h2 peut être plus petit, car juste en appoint de la « grosse batterie ».

  2. Vos chiffres d’energie pour parcourir 1600 km sont très pessimistes. Le rendement doit être supérieur à celui d’une Zoé, vi le bon Scx et la masse contenue. Seul bémol la résistance au roulement qui sera moins bonne à cause de gros boudins.

    1. Ils sont inférieurs à ceux de la Miraï à l’aéro aussi étudiée, plus lourde, mais avec des pneus plus étroits.
      Donc, en gros, entre 16 et 20 kWh/100 km ne me semble pas sur-estimé 🙂

      1. @Luc : on peut même prendre la Rimac C-Two comme base de comparaison.
        120 kWh et 550 km en WLTP.
        Cela donne 22 kWh/100 km de conso.
        La voiture fait 1950 kg soit 900 kg de plus que cette XP-1.
        On considère généralement que la conso électrique varie de 3% par tranche de 100 kg.
        900 kg = -27% sur la conso soit 16 kWh.
        Evidemment c’est là aussi une conso basse estimée (et Rimac n’est pas le dernier des mauvais côté efficience de ses voitures).
        Mais, je pense que cela corrobore l’estimation 🙂

  3. Je suis étonné, si la société a une super technologie hydrogène pourquoi vouloir faire un véhicule aussi moche et bizarre ? Pourquoi pas partir sur une base plus classique et qui sera moins cher à produire ?
    Y a plein de VE au style futuriste mais c’est surtout pour se démarquer des autres, car y a aucune grande technique dans l’électrique. Dans l’hydrogène c’est différent

  4. « avec cette voiture qui dépassera allègrement les 60 000 € »
    J’adore 😉
    Un ou deux zéros de plus, sans doutes 😀

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