GT 90 Revival par SRO : Le meilleur d’entre deux mondes

Après, je pense que de toute façon et bien au delà dune certaine routine assez castratrice, je n’aurais plus de permis. Alors il ne me resterait plus qu’à m’éclater sur circuit avec les autos de course qui m’ont fait rêver lorsque je ne savais même pas encore écrire le mot « Lamborghini » correctement.

Renaissance

A la fin des années 80, les constructeurs se lançaient dans une course à l’armement sans précédent qui trouvera son apogée avec la vague spéculative autour de la F40, puis l’avènement de la McLaren F1.

Mais si les supercars se mettaient subitement à pulluler dans les rues ( de Monaco ), elles étaient bannies des circuits depuis le milieu des années 80 lorsque l’ACO limitait les 24 Heures du Mans aux seuls prototypes. Heureusement, après un plateau squelettique lors de l’édition mancelle de 1992, les instances dirigeantes revenaient en arrière. Bien leur en a pris.

En 1993 apparaissaient les impressionnantes Jaguar XJ 220 C construites par TWR ( et pilotées entre autres par David Coulthard ), qui devaient faire face aux Venturi 500 LM et Carrera RS. D’un seul coup, le GT allait subir un incroyable engouement : Fin 93, Stéphane Ratel s’associait avec Patrick Peter et Jürgen Barth pour fonder le BPR, un championnat GT qui rassemblera tous les gentlemen drivers de la planète au volant des plus belles autos. Ferrari F40 GT, Venturi 600LM, McLaren F1, Porsche 911 GT2, Callaway, De Tomaso Pantera Les plateaux étaient pléthoriques et le succès incontestable. Tellement que devant le vif intérêt porté par les constructeurs, Stéphane Ratel remplaçait le BPR par le FIAGT en 1997. Désormais, les gentlemen drivers du début des années 90 laissaient la place aux plus fines gâchettes ( Webber, Heidfeld, Wallace, Ortelli, Brabham ) et les GT se muaient en protos déguisés. La nouvelle Porsche GT1 rendait presque obsolètes les nombreuses F1 GTR et Mercedes s’invitait avec la monstrueuse CLK GTR.

Avec un peu moins de réussite, Panoz ramenait sa délirante Esperante GTR et Lotus transformait son Elise en grosse GT1. Pour la saison 1999, les GT1 disparaissaient et leurs descendantes n’avaient plus rien de Grand Tourisme : Les Mercedes CLR  s’envoyaient en l’air pendant les 24 Heures du Mans. Les Toyota GT-One réussissaient aussi l’exploit de manquer la victoire pour la deuxième fois consécutive alors c’est finalement l’une des barquettes BMW LMR qui s’imposait au terme des deux tours d’horloge.

A la fin de la décennie la FIA et l’ACO enterraient donc tous ces avions de chasse, et les anciennes GT2 ( Viper GTS-R en tête ) représentaient désormais la nouvelle catégorie reine du GT mondial.

Nostalgie

Pour beaucoup ( moi y compris ), les spécimens vus en piste entre le début des années 90 et la fin de l’ère des GT1 font partie des plus belles voitures de course de toute l’histoire automobile et sont directement à ranger à coté des mythes GT40, Cobra Daytona et autres 250 GTO. Ça tombe bien, c’est justement le créneau choisi par SRO ( Stéphane Ratel Organisation, promoteur de quasiment tous les championnats GT autour du monde ) pour lancer le championnat GT90 Revival.

Le but du GT90 est on ne peut plus simple : Faire rouler à nouveau toutes les plus belles GT de l’époque BPR et du FIAGT pré-années 2000. Alléchant n’est-ce pas? Un calendrier de quatre courses était organisé en 2008, soit le double de 2007. Le potentiel d’autos éligibles est quasiment infini : De la Bugatti EB 110 à la Jaguar XJ220 en passant par toutes les Venturi, toutes les Viper, toutes les Ferrari ( F40 GT, 348…), Lotus ( Esprit, Elise GT1 ), Lamborghini Diablo Trophy, Porsche GT2 ou GT1, Nissan R390, Panoz Des centaines de voitures incroyables, toute coincées entre deux époques : Elles ne sont ni de vraies vieilles voitures de course ( les années 90, c’est toujours très proche d’aujourdhui après tout ), ni des autos de course actuelles. Simplement contemporaines en somme. Mais n’oublions pas qu’une 911 GT1 bien préparée aurait de quoi ridiculiser toutes les GT qui s’arsouillent actuellement sur tous les circuits du monde.

Le GT façon « All Stars » réuni pour le bonheur de tous sur des circuits en marge d’autres meetings ( DTM, FIA GT, etc. ), voilà une très bonne idée qui mérite largement la croissance rapide espérée par Stéphane Ratel : « Pour le GT90, il faut bien garder à l’esprit que nous n’avons pas affaire à des teams professionnels comme dans un championnat normal. Nous sommes dépendants des propriétaires qui décident de venir courir pour le plaisir avec leurs autos, mais qui peuvent décommander au dernier moment à cause dun impératif ( travail, famille, etc. ). Ce championnat ne peut vivre que par la passion des pilotes qui viennent y inscrire leurs autos plutôt que de les laisser au fond d’un musée. Nous présentons actuellement un plateau d’une quinzaine d’autos à chaque meeting et nous espérons pouvoir tripler ce nombre l’année prochaine. »

On ne peut que souhaiter la meilleure réussite possible pour un tel projet : Qui ne rêverait pas de revoir tourner régulièrement une McLaren F1 GTR ou une Porsche GT1? Deux divas qui étaient hélas absentes du dernier meeting organisé le week-end dernier sur le Paul Ricard. Heureusement, une magnifique F40 LM, une Diablo  Trophy, une jolie 911 GT2, deux Viper Oreca et quelques belles Venturi ( électrisantes mais très loin dêtre électriques ) ont largement réussi à faire oublier leur absence. Sans compter quelques divas plus récentes venues renforcer le plateau comme une Ferrari 550 GTS Prodrive ( victorieuse aux 24 Heures du Mans 2003 ), une 360 NGT ( titrée en FIAGT 2001 ) ou même la surprenante Toyota Supra aperçue brièvement en GT FFSA il n’y a pas longtemps.

Voici une petite vidéo où entre deux rafales de mistral ( sale temps en Provence ces temps-ci ), vous pourrez entendre le V10 Viper, le V12 Lamborghini, le PRV Venturi ou le V8 biturbo Ferrari. Séquence émotion à la fin lorsque la 550 GTS double ( et laisse sur place ) sa grande sur F40, de dix ans son aînée.

Et ci-dessous, la galerie de l’événement. Pour l’anecdote ( il faut dire que pour certains pilotes, la chasse au chrono n’était pas vraiment une priorité et on les comprends vu le prix de telles autos ), c’est la 550 GTS Prodrive engagée par Solution F et pilotée par Rolland Bervillé qui s’est imposé lors des deux courses. Elle dominait largement la Viper Oreca pilotée par Marc Duez et le reste du groupe.

Les photos du meeting    © Raymond Papanti

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