48 heures avant le deuxième Grand Prix du Japon, en 1964, Prince lance sa Skyline 2000GT. Reprenant la formule à succès du gros moteur dans la petite caisse, la compacte Skyline reçoit pour l’occasion le 6 cylindres de la Gloria. A peine commercialisée, la « S54″ fait ses débuts sur la piste de Suzuka. La berline truste cinq des six premières places. Mais pas la première marche, occupée par une…Porsche 904. Prince s’oriente alors sur une berlinette à moteur central, la R380. Mais le dirigiste ministère de l’économie japonais, le MITI, cherche à limiter le nombre de constructeurs automobiles et arrange les noces entre Nissan & Prince. Le constructeur de Yokohama récupère dans la corbeille de mariage la R380 et une Skyline en cours de développement la « C10« . Comme était née la 2000 GT quelques années plus tôt, la GT-R, une Skyline à moteur de R380 va voir le jour en 1969. Double arbre à cames en tête, 3 carburateurs double corps et boite de vitesse à 5 rapports, 160cv à 7000tr/min pour 2 litres de cylindrée, 4 soupapes par cylindre et différentiel à glissement limité font de l’Hakosuka PGC10 (ou KPGC10 pour le coupé) une sportive au niveau des meilleures en cette fin des années 60. La GT-R fait jeu égal avec deux européennes d’exception, la Dino 206 GT et la Porsche 911S.
La C110 « Kenmeri » la remplace en 1973. Elle reprend la mécanique de sa devancière, mais délaisse son physique latin -Nissan travaillait au milieu des années 60 avec Pininfarina- pour un style plus américain. Il faudra attendre la fin des années 80 pour revoir une Skyline GT-R. Une renaissance spectaculaire, en pleine euphorie économique. Rien n’est trop beau pour ce modèle et surtout pas le 6 cylindres de 2.6 litres de cylindrée, « RB26DETT ». Respectueuse d’un gentleman agreement limitant la puissance à 280cv, cette mécanique à double turbos possède en réalité un potentiel bien supérieur. Et les 4 roues motrices permettent de passer au sol des puissances spectaculaires. Il n’est pas rare de voir des « R32/33/34″ de plus de 400cv. L’aura de la GT-R va s’étendre au reste du monde. Grâce à ses succès sportifs, à des préparations hors norme de plus de 1000cv, mais également aux jeux vidéos, notamment à GranTurismo. Plusieurs dérivés feront date, comme ces R33 Nismo 400 R et R34 V Spec II Nur présentes à Goodwood.
Alimentant la flamme durant les restrictions imposées par le « Nissan Revival Plan », un projet d’envergure entre en gestation. Dévoilée dans le cadre du salon de Tokyo de 2005, la GT-R prototype a déjà les lignes de la « R35″. C’est à l’automne 2007 qu’elle fait ses premières apparitions en public. En oubliant avec 200cv de mieux le Gentleman agreement, et en allant chercher sur le circuit routier du Nürburgring une légitimité internationale dans un enfer vert devenu LA référence. « Godzilla » fait le vide sur son passage, inquiète ou fascine c’est selon, tout comme le monstre du cinéma japonais. Mais depuis 10 ans, les supercars n’ont plus le droit de s’afficher à des prix stratosphériques sans être capable d’offrir des performances de premier plan et une qualité de fabrication irréprochable. La GT-R n’est jamais loin, gardien musclé du genre, interdisant aux frivoles ou aux frimeuses de faire semblant. Et si les 570cv de la GT-R 2017 sont insuffisants, reste la déclinaison Nismo et ses 600cv.
Crédit photos LeBlogauto/Bernard Fournol