Formule 1 : il faut donner des points à la qualification

Le fiasco du Grand-Prix de Belgique 2021 amène à quelques réflexions pour que cela ne se reproduise plus. Entre autres, attribuer des points en fin de qualification.

Les qualifications en Formule 1 ne rapportent habituellement pas de point au championnat. Elles permettent de connaître la grille de départ du Grand-Prix. Cette saison, exception sera faite pour les « qualifications sprint », ces courses de moins de 20 tours comme on a connu à Silverstone. Mais, elles ne donnent que 3, 2 et 1 points respectivement aux trois premiers.

A Spa-Francorchamps, nous avons assisté à un simulacre de Grand-Prix. Les conditions de piste faisaient qu’il était totalement irresponsable de faire rouler les pilotes. Quasiment tous étaient d’accord sur ce fait. Les raisons sont multiples : pneus pluie qui n’évacuent pas assez, pneus pluie qui ne chauffent pas assez, etc. et surtout, un raidillon qui a vu 4 accidents dans le weekend avec à chaque fois une ou plusieurs voitures qui reviennent sur la piste et le sentiment que ce n’est pas passez loin de revoir l’effroyable carambolage de 2019 avec la mort d’Anthoine Hubert et la grave blessure de Juan Manuel Correa.

Récompenser la qualification de George Russell

Mais, la FIA, la F1 et les organisateurs du Grand-Prix étaient, pour diverses raisons aussi, décidés à ce qu’il y aie un Grand-Prix tout de même. Certains y voient une décision financière (les droits télé, les rétributions des écuries, ne pas annuler le GP et donc rembourser les spectateurs sur place, etc.). Mais, la FIA et la F1 (notamment Ross Brawn) évoquent aussi la volonté de rétribuer ceux qui ont joué le jeu des qualifications malgré la pluie.

On a compris ici que c’était Williams et George Russell que la F1 et la FIA voulaient récompenser. Sauf qu’en paradant 2 tours derrière la voiture de sécurité après plus de 3h15 d’attente, et en donnant la moitié des points, la F1 a donné un triste spectacle. Les spectateurs qui ont patienté les pieds dans la boue, sous la pluie, dans le froid (sans parler des parkings de boue) se sentent floués et demandent un remboursement (ou un avoir) qui semble légitime.

Certains pilotes dont les très écoutés Alonso, Vettel ou Hamilton ont trouvé honteux de distribuer des points pour une non-course. Sauf que, pour la FIA, il y a bien eu course et tous les règlements ont été respectés. Soit…

De petits points importants pour les petites écuries

Ainsi, en distribuant des points pour les qualifications, la F1 pourrait éviter ce genre de « course » grotesque. De plus, cela récompense l’un des aspects de la course de F1 moderne, à savoir la qualification sur un ou deux tours, et la capacité à transcender sa machine et piloter à la limite. Ce fut le cas de Russell samedi dernier dans sa modeste Williams.

Russell est le parfait exemple de pourquoi des points en qualification seraient intéressants. A part le weekend dernier, Russell n’a marqué qu’une fois, en Hongrie, 4 points. Sauf que ce même Russell est passé déjà 3 fois en Q3 (donc top 10), et est toujours passé en Q2 (top 15 au moins) depuis le début de la saison, sauf en Hongrie. En qualification, il devance des pilotes qui le repassent en course à cause de la Williams.

Donner des points aux 10 premiers de la qualification donnerait un petit plus à ceux qui jouent le jeu des Q1, Q2 et Q3 au lieu de se contenter d’une 11 ou 12e place pour choisir leurs pneus de départ. Et donc, cela récompenserait des pilotes dans des voitures modestes mais qui arrivent à performer sur un tour.

Ne pas bouleverser la course au titre

Question en suspend, combien de points ? Le but n’est pas de dérégler le classement du championnat, et on peut donc imaginer un classement « par échelle » du style 3 points pour chaque pilote du top 5, 2 points de la 6e à la 10e place, 1 point de la 11e à la 15e place et aucun point au-delà de la 16e place. Ces points pourraient aussi n’être octroyés qu’au pilote seul, ou bien aux pilotes et aux écuries. A voir.

On peut aussi donner des points uniquement aux 10 premiers, de 10 points pour la pole à 1 point pour la 10e place. Mais, cela donne alors bien plus de poids à la qualification, ce que ne veut pas forcément la F1.

Avec le premier système proposé, Russell aurait cumulé 14 points par exemple soit plus que les 9 points de la pseudo-demi-course. Avec une récompense des qualifications, la tentation de faire une parade de 2 tours pour récompenser les pilotes méritants s’envole et on peut alors considérer que les demi-points ne sont octroyés que si 25% de la distance du GP est parcourue hors voiture de sécurité jusqu’aux 75% actuels.

A note qu’en mettant le système des 3 points pour un top 5 en qualifications, le championnat serait un peu plus serré pour 1 point, Hamilton ayant raté le top 5 en qualification à Monaco.

Alfa Romeo, qui est l’un des grands perdant des demi-points de Belgique, totaliserait de son côté 15 points grâce à Giovinazzi et Räikkönen. C’est 1 point de moins que Williams qui en aurait 16 (14 de Russell et 2 de Latifi).

Illustration : F1

(8 commentaires)

  1. Ben non en fait, faut pas donner de points pour la qualif.
    Tout simplement parceque ce n’est pas une course et parceque encore une fois c’est la voiture la plus rapide qui sera récompensée au détriment des petites écuries qui doivent compter sur les faits de course pour être bien positionnées.
    Si on doit arriver à un tel résultat, il faut déduire les points de qualif des points de la course.
    Si 5 pts donnés à la pole, il ne faut plus que 20 points pour la course, etc…

  2. Pareil, je suis contre.
    Quand les conditions climatiques ne permettent pas le bon déroulement d’un GP, on annule ou on repousse au lundi, cas déjà vus en moto et en Nascar.
    C’est pas cool pour les spectateurs mais c’est comme ça.

    A part ça, il serait temps que le GPDA se réactive sous la houlette d’un leader, Alonso, Vettel ou Hamilton, par exemple.
    Si un pilote avait dit : « hors de question que je courre ce GP, c’est trop dangereux », et s’il avait fédéré les autres (apparemment ils étaient tous d’accord, à part le rigolo devant), on aurait pas assisté à ce simulacre ridicule.
    D’ailleurs, je n’y ai pas assisté, j’ai éteint ma télé après 20 minutes, comprenant que ça ne partirait pas.

  3. Le problème est connu c’est les pneus.
    Pourquoi, dans ces cas de pluies extrêmes, ne demande t on pas à Pirelli de fournir de vrais pneus pluie ?

    1. Ils n’en ont peut-être tout simplement pas en stock? Ils ne vont pas s’amuser à développer des vrais pneus pluie pour F1 si ils ne sont pas demandés par le cahier des charges, juste au cas où il y aurai un cas de pluies extrêmes. Ce n’est pas de la faute du fournisseur unique si il n’y a pas de concurrence et que le cahier des charges est foireux.

      1. En théorie, les « pleine pluie » doivent être revus pour l’an prochain.
        Mais ce n’est pas la première fois que les pneus bleus sont critiqués…samedi, les pilotes ont préféré prendre les verts (les intermédiaire) quitte à serrer les fesses pour l’aquaplaning.
        Les verts chauffent plus facilement que les bleus…

    2. @seb, je sais bien que Pirelli est contraint par le cahier des charges de la FIA.
      Spa a montré qu’il était temps de modifier celui ci en ajoutant au panel proposé un pneu pluie extrême.

    3. Non, le problème est la visibilité complètement nulle, à cause du brouillard généré par l’aéro des monoplaces.
      En cas d’accident, un pilote arrivant derrière peut s’emplafonner une voiture arrêtée sans la voir, c’est extrêmement dangereux.

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