Ford offre des bonus à ses salariés malgré ses pertes

Signe des temps ? Alors qu’en France les grèves motivées par des revendications salariales se multiplient, le constructeur  américain Ford a décidé d’octroyer des bonus à ses cadres dirigeants et à ses ouvriers pour les récompenser de leurs efforts des derniers mois, en dépit des difficultés financières du groupe.

Pour rappel, les salariés de Rhodia et de Siemens avaient récemment engagé un mouvement de grève en vue d’obtenir une augmentation de salaires en meilleure adéquation avec les résultats de l’entreprise et les montants des primes des dirigeants.

Enfin des responsables qui estiment que la carotte vaut mieux que le bâton pour garantir une certaine motivation des équipes ? Ou tout simplement la crainte de « défection » de ceux qui seraient tentés par des « contrées » plus prometteuses ?

Dans un email aux employés, le PDG de Ford Alan Mulally a annoncé une prime de 500 dollars aux ouvriers de production, bonus qui vient s’ajouter à ceux destinés aux cadres, a indiqué jeudi Tom Hoyt, un porte-parole du groupe.

La question des bonus aux cadres dirigeants avait été évoquée récemment par M. Mulally en personne pendant la conférence de presse de présentation des résultats annuels de Ford, qui a accusé une perte nette historique de 10,7 milliards de dollars en 2006. Le PDG avait alors souligné que ces récompenses étaient méritées en dépit des difficultés actuelles de Ford, car plusieurs cadres ont atteint des objectifs difficiles à réaliser. La reconnaissance, serait-elle enfin redevenue « à la mode » ?

S’agissant des bonus du personnel non cadre, M. Mulally a reconnu, dans son email aux employés, que la somme était « modeste », a rapporté M. Hoyt. Bien que les objectifs de retour à la rentabilité et de gain de parts de marché ne soient pas encore réalisés, « nous avons avancé sur les terrains de la qualité et des coûts », a ajouté le porte-parole.

Le syndicat de branche UAW s’était initialement opposé à ces bonus liés à la performance, mais a eu l’intelligence de revoir sa position lorsque la direction de Ford a proposé une récompense en cash pour les ouvriers.

L’UAW a travaillé en collaboration avec la direction de Ford en vue de faire accepter des mesures permettant de réduire les coûts salariaux de 750 millions de dollars par an. Un nouveau régime de travail a ainsi pu être mis en oeuvre, impliquant une révision des plages horaires permettant de déterminer les heures travaillées à considérer comme des heures supplémentaires ou encore le transfert de certaines tâches (nettoyage, réparations) à des sous-traitants.

Pour rappel, jusqu’à l’heure actuelle, les salariés étaient plus souvent habitués à de prestations salariales élevées (santé, retraite) et à des bonus pouvant atteindre les 10 millions de dollars pour un dirigeant.

La crise qui sévit actuellement dans le secteur automobile a contraint certains à changer leurs habitudes.

Cependant – car il y a toujours un cependant – les analystes précisent tout de même que Toyota et Nissan font leur possible pour attirer les meilleurs managers des ‘Big Three [Ford, General Motors et Chrysler]. Dans cette situation, Ford ne ferait rien d’autre que de rechercher la meilleure attitude possible pour “ménager les syndicats et conserver ses troupes.”

Ainsi à la fin janvier, Alan Mulally, embauché en Septembre pour sortir Ford du marasme actuel estimait d’ores et déjà que le management devait être rétribué via un salaire compétitif, les bonus en étant partie intégrante.

Sources : AFP

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