Ford fait revivre un symbole de la chute de Détroit

Naguère une des plus grandes villes d’Amérique, la ville de Détroit a été sinistrée par les bouleversements de l’industrie automobile depuis le milieu des années 70. Un des symboles de la chute de la ville, la gare de Michigan Central Station, va néanmoins revivre grâce à Ford qui va y établir un campus dédié aux nouvelles mobilités…

Au milieu des friches qui entourent le quartier central de Downtown à Détroit se dresse un étonnant bâtiment. Une tour de 18 étages de style Beaux-Arts, comme perdue au bord de Michigan Avenue, surtout depuis la destruction du Tiger Stadium tout proche. Lors de son ouverture en 1913, la gare accueille des tramways urbains et interurbains ainsi que des trains nationaux. Haute de 70 mètres, elle accueillera longtemps les bureaux de la Michigan Central Railroad. Pour les passagers, la gare met à disposition son grand hall inspiré de thermes romains avec colonnes et marbre, une galerie marchande, une salle d’attente dominée par une grande verrière, et 11 voies desservies via une large tunnel. Dès le début, ses dimensions sont démesurées, à tel point que le dernier étage ne sera jamais utilisé… La chute de la gare s’amorce à peine 20 ans après son inauguration, avec l’arrêt des tramways victimes du développement de l’automobile… Après la seconde guerre mondiale, le trafic chute fortement et certaines zones sont peu à peu fermées. Le 6 janvier 1988 le dernier train Amtrak quitte la gare. La gare devient alors l’un des symboles de la grandeur perdue de la ville.

Par la suite, le bâtiment a changé de propriétaires à plusieurs reprises, et divers projets de restauration ont été lancés : hôtels, casino, centre d’affaires, siège de la police. La gare est squattée, pillée, vandalisée et son approche n’est guère recommandée par les autorités… En 2009, la municipalité vote sa destruction, qui n’aura finalement pas lieu puisque le bâtiment a été inscrit en 1975 au registre national des lieux historiques… Depuis quelques années, les propriétaires ont mené quelques opérations de restauration, en particulier avec le changement de toutes les fenêtres de la tour en 2015.

Et c’est donc à présent un nouveau projet pour ce lieu symbolique de la ville que compte lancer Ford. Le constructeur a racheté le bâtiment, et compterait le restaurer, puis installer autour un campus sur le thème des nouvelles mobilités. Ce grand projet fait suite à l’ouverture il y a quelques jours de locaux dans une ancienne usine réhabilitée dans le quartier de Corktown. Un quartier historique pour le constructeur, et que jouxte justement cette gare. Des nouveaux locaux destinés aux équipes du projet « Edison », travaillant sur les futurs véhicules électriques et autonomes justement. Ford doit encore préciser le 19 juin prochain les détails de son projet, en particulier vis-à-vis du projet de développement et restauration du campus de Dearborn lancé en 2016…

Illustration : Wikipedia

(8 commentaires)

  1. Très stalinien le style du bâtiment et j’imagine bien qu’Albert Speer a dû s’en inspirer pour ses projets.

  2. C’est surtout que Staline (et son style) est arrivé bien après la construction de cet édifice. En 1913, la Russie n’avait pas encore fait sa révolution. Alors Staline…

    1. Assurément dans l’ordre chronologique, comme pour Albert Speer et les archis de Nicolas Ceausescu, etc.
      Mais maintenant on a tendance à retenir cela (peut-être a tort).

  3. @SGL : comment un bâtiment de 1913 pourrait s’inspirer d’un style stalinien qui n’apparaît que vers 1930 ?

    La gare est en fait 2 bâtiments distincts. La partie basse est avec des colonnes (que l’on voit sur la photo), des voûtes intérieures, etc. très « temple » grec ou romain.
    C’est du « Beaux-Arts » (en Anglais dans le texte 😉 ). En vogue aux USA quand en France on était parti sur les Arts Nouveaux. On pourrait l’apparenter à du post-Napoléon 3 .
    En France, on appellerait plutôt cela de l’Eclectisme ou du Néobaroque (mélange de différents genres) avec des noms comme Baltard (le fils), Garnier (non pas Simone mais le père de l’Opéra Garnier), etc.
    On peut citer aussi le Palais du Trocadéro (qui n’existe plus puisqu’il a été remplacer bien plus tard par le Palais de Chaillot).
    En France, on trouve le genre « Beaux Arts » dans qq bâtiments…le Petit Palais par exemple à Paris, ou une partie du Grand Palais en face (les colonnades).

    La tour arrière, est une tour de bureaux comme il s’en faisait à l’époque….bien droite, bien carrée (il suffit de regarder l’évolution de Detroit de 1900 à 1910 par exemple).

    1. C’est donc effectivement le second bâtiment massif et très rectiligne qui fait très années 30…
      Là ça coule de source.

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