Ford étudie la fermeture éventuelle de deux usines en Russie

Le cas échéant, le constructeur ne produirait probablement plus que des véhicules utilitaires légers en Russie. Rappelons que les activités de Ford en Russie sont gérées via une joint-venture avec le constructeur automobile russe Sollers.

Après avoir enregistré des pertes durant le quatrième trimestre 2018, dans toutes les régions autres que l’Amérique du Nord, Ford effectue des coupes en Europe – notamment à Blanquefort – ferme des lignes de véhicules en Amérique du Sud et licencie des milliers d’employés en Chine.

Vers une fermeture d’usines à Léningrad et au Tatarstan ?

En Russie, où Ford est doté d’une capacité de produire 360 ​​000 véhicules par an, le constructeur américain pourrait fermer son site situé dans la région de Léningrad et l’une de ses usines dans la région centrale du Tatarstan, selon trois sources du secteur. Lesquelles ont par ailleurs indiqué qu’aucune décision finale n’avait été prise.

Toujours de mêmes sources, on laisse entendre que les Focus et Mondeo produits dans l’usine de la région de Leningrad, et les modèles EcoSport et Fiesta produits au Tatarstan ne seraient plus fabriqués en Russie.

La production russe des Kuga et Explorer serait également sur la sellette. Ces modèles Kuga et Explorer sont produits dans une autre usine Ford, également au Tatarstan. Si les cinq sources distinctes affirment que la production de cette usine serait maintenue, l’une d’entre elles a toutefois indiqué que le site continuerait à produire uniquement le Ford Transit.

Discussions en cours selon Ford

Une porte-parole de Ford en Russie a déclaré que des discussions étaient en cours sur la réorganisation des activités russes dans le cadre de la nouvelle stratégie mondiale de Ford. Ajoutant qu’une «  décision finale » serait prise « au deuxième trimestre de 2019″ et qu’à l’heure actuelle, toutes les usines du constructeur implantées sur le territoire russe fonctionnaient normalement. Elle a toutefois refusé de préciser si les usines de la région de Léningrad et du Tatarstan seraient fermées à terme.

Un responsable d’une autre société automobile russe ont déclaré que Ford envisageait de fermer l’usine de Tatarstan.

Accord entre la région de Leningrad et Ford Sollers

En février 2019, le gouvernement de la région de Léningrad a toutefois convenu avec les dirigeants de Ford Sollers que l’usine du constructeur américain à Vsevolozhsk continuerait à fonctionner au moins jusqu’à la fin de cette année.

Le gouverneur de la région, Alexander Drozdenko, avait alors déclaré : « nous avons toujours une usine Ford, nous négocions, et Ford a confirmé que, compte tenu de notre avantage logistique, la proximité avec les pays européens », l’activité du site serait maintenue durant toute l’année 2019.

Selon la presse russe, la société elle-même aurait déclaré que le sort de l’usine de Vsevolozhsk serait finalement décidé au deuxième trimestre de 2019.

Un site en sur-capacité

Les experts de l’industrie automobile russe estiment toutefois que le scénario de fermeture de l’usine de Léningrad est très probable, le site n’étant utilisé qu’à 20 % de sa capacité selon eux. « Malgré le discours du gouverneur de la région, l’arrêt de la production détient toujours un intérêt » pour le constructeur, affirment ainsi les spécialistes russes.

Une croissance des ventes inférieure à la hausse du marché local

Ford subirait de lourdes pertes dans le cadre de ses opérations en Russie. En 2018, le constructeur a certes vendu 53 234 véhicules en Russie, en hausse de 5,7% par rapport à 2017, mais ces chiffres s’avèrent bien inférieurs à la croissance de 12,8% enregistré par le marché automobile russe dans son ensemble. La part de marché de Ford en Russie est ainsi passée de 3 % à 3,8% en 2013.

Ses principaux concurrents en Russie : Avtovaz, Volkswagen, Kia, Hyundai et Toyota, voient quant à eux leur part de marché augmenter et leur croissance commerciale respective dépasse celle du marché global russe.

Restructuration d’emprunt

Ford a été le premier constructeur automobile international à se lancer dans l’assemblage de véhicules en Russie, ouvrant une usine à Saint-Pétersbourg en 2002.

En 2011, le constructeur a créé une joint-venture avec Sollers, laquelle a contracté un emprunt de 39 milliards de roubles (593 millions de dollars) auprès de la banque russe Vnesheconombank (VEB).

Des représentants de la banque ont déclaré à Reuters que Ford et Sollers envisageaient différentes options pour restructurer leurs activités communes et que la restructuration du prêt était également en cours de discussion.

« Les relations entre VEB et Ford Sollers sont de nature durable et à long terme », a déclaré la banque.  Assurant qu’il n’y avait « aucune violation des obligations mutuelles. »

Ford et Sollers détiennent chacun une participation de 50% au sein de la joint-venture, mais Ford contrôle l’entreprise depuis son achat d’actions privilégiées.

Sollers a maintenant une participation «effective» de seulement 0,33%, a déclaré le mois dernier son responsable exécutif Vadim Shvetsov. Il aurait également déclaré que les activités de Ford en Russie devraient être réorganisées. Affirmant parallèlement qu’il était désormais clair que le constructeur n’était pas compétitif sur certains segments en Russie, et notamment sur celui de véhicules de tourisme.

Une porte-parole de Sollers a toutefois refusé de préciser cette semaine si des fermetures d’usines dans la région de Léningrad et au Tatarstan étaient à l’étude.

Sources : Reuters, Ford, Tass, Kommersant

(11 commentaires)

  1. Assez étonnant d’autant que le marché russe est – enfin! – sorti du marasme dans lequel il était plongé depuis le début des sanctions occidentales.

    Bien sûr Ford profite moins que les autres constructeurs de l’embellie mais tout de même pas au point d’être largué! En France le recul est de près de 10%, et là je veux bien comprendre qu’il y a des choix à opérer mais telle n’est pas la situation en Russie.
    Ne serait-ce pas plutôt des pressions gouvernementales pour retirer les billes de Russie?

    1. Pas assez rentable, tout simplement. Tout comme Chrysler à la fin des années 70, GM et Ford ont senti passer pas loin du gouffre et décidé de se recentrer sur les secteurs suffisamment profitables pour atteindre le taux de rentabilité promis aux actionnaires. GM quitte des marchés entiers (Europe, Afrique du Sud et peut être Corée), Ford essaie de trouver un allié pour partager les coûts et on peut s’interroger sur l’avenir de Ford Europe.
      Même aux USA les gammes sont sévèrement réduites (abandon des berlines tant chez Ford que GM), il ne restera quasiment plus que des SUV car plus rentables.

    2. Il faut regarder aussi, surtout le taux de production des usines.
      20%, c’est très très très peu. A moins d’une augmentation de 100% pendant 2 ans, sinon l’usine est en danger économiquement. Se souvenir que pendant la crise 2008, quelques constructeurs avaient eu des usines européennes en dessous de 50%, et avaient procédé à des restructurations comme fermeture, monoflux…
      alors, 20%, c’est très très peu. C’est autant que l’ère soviétique…

      1. en écrivant le commentaire sur PSA, j’y pense…

        Les usines de Opel ne sont pas en dessous de 50% (ou majoritairement en dessous). Et pourtant, GM avait préféré bazarder le constructeur. Alors que dire, que faire avec un seuil de 20%!!!

  2. ford…plusieurs usines….utilitaires léges….berlines Focus, Mondeo…

    finalement, on constate que l’approche de PSA n’est pas si mauvaise (même s’il a fallu faire l’impasse sur l’architecture 4 roues motrices mécaniques). Une seule plateforme EMP2, produisant des 308 équivalentes des Focus, des 508 équivalentes des Mondeo, et aussi les utilitaires légers….le tout avec des usines monuflux pouvant assembler divers modèles

    1. ça fonctionne en 2018/2019 chez PSA, attendons 2021/2022, l’absorption complète d’Opel mais aussi les ventes des Opel sur le marché européen…

    1. c’est bizzare tous ces ricains en Russie (Ford), en chine (GM), en Iran (GM).. alors que ceux sont les prires ennemis des USA.. Si ca continue on va apprendre que les ricains ont des grosses entreprises en corée du nord pour extraire les maetieres premieres..

  3. C’est OPEL, qui sera de retour dans le pays sous l’impulsion de PSA, qui prendra la place de FORD 😀

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