Fonderie du Poitou Fonte (FPF) en redressement judiciaire

Ce qui devait arriver arriva …. C’est malheureusement sans surprise que l’entreprise Fonderie du Poitou Fonte (FPF) vient d’être placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Poitiers. 408 emplois sont sur la sellette.

FDF placé en redressement judiciaire à la demande de son PDG

Le président de FDF, Jérôme Rubinstein, avait émis il y a une quinzaine de jours une demande de placement en redressement judiciaire de son entreprise, arguant d’une baisse drastique de ses commandes et donc de sa production » depuis 6 mois.

Vendredi dernier, il avait déclaré que le tribunal de commerce de Poitiers rendrait son délibéré mardi 12 février. La justice devant en suivant nommer un administrateur judiciaire et préciser les dates de dépôt des offres de reprise. ce qui est désormais chose faite. Le tribunal a ainsi fixé au 28 février 2019 la date limite de dépôt d’une offre de reprise.

La justice aura donc choisi la même date butoir que celle fixée par par le tribunal de commerce de Lyon pour un dépôt d’offre de rachat de l’usine mitoyenne Saint-Jean-Industries (ex-Fonderies Alu). Société également en redressement judiciaire et à la recherche de repreneur, qui emploie près de 400 personnes.

Selon Patrice Villeret, délégué syndical CGT de l’usine, le site de FPF est actuellement en chômage technique et il n’y a plus de matière première pour confectionner les pièces.

Baisse drastique des commandes suite au déclin du diesel

Jérôme Rubinstein avait alors imputé la baisse des activités de l’entreprise au déclin du diesel. Un contexte qui selon le dirigeant aurait fait chuter de plus de 40% ses commandes de blocs moteurs au second semestre 2018, alors que 70% de sa production est destinée au diesel.

Le dirigeant ne cache pas son mécontentement face à la politique de l’Etat. Jugeant que ce dernier,  « après avoir bouleversé soudainement (la filière diesel) » avait mis en œuvre « des mesures qui ne sont pas à la hauteur des enjeux avec seulement 18 millions d’aide ».

Retournement de conjoncture

Autre facteur invoqué : l’arrêt des activités de son principal client – constructeur automobile – en Iran en 2018, phénomène induit par les sanctions mises en oeuvre par les États-Unis à l’encontre du pays.

L’entreprise avait pu boucler un exercice en équilibre en 2017, après avoir enregistré des pertes. Son chiffre d’affaires s’établissait à 91 millions d’euros durant la même période.

Suite à un retournement de conjoncture, FDF avait dû se résoudre place un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) en octobre 2018. 103 emplois avaient alors été supprimés pour tenter de sauver les autres.

Alliance avec Saint-Jean-Industries (ex-Fonderies Alu) ?

Pour redresser la situation, la FPF souhaite en effet désormais s’allier à l’usine mitoyenne Saint-Jean-Industries (ex-Fonderies Alu), elle-même en redressement judiciaire et qui cherche un repreneur. Selon Jérôme Rubinstein, il s’agit de « la meilleure solution industrielle ». Il estime que l’union des deux sociétés permettrait « un maximum de synergies ».

Saint-Jean Industries a été placé en redressement judiciaire en novembre 2018. Les syndicats et les élus de la Vienne avaient alors souhaité que le gouvernement fasse pression sur Renault (principal donneur d’ordre) pour sauver l’usine.

Le 29 janvier dernier, le tribunal de commerce de Lyon a confirmé qu’il y avait bien un repreneur potentiel pour Saint-Jean-Industries. Décidant toutefois d’accorder un délai supplémentaire d’un mois pour le dépôt d’offres de reprise, la date étant désormais fixée au 28 février 2019. Objectif : permettre à d’autres candidats de soumettre une offre « recevable ». Une nouvelle audience a été programmée pour le 19 mars.

Liberty House éventuel repreneur  de l’usine voisine ?

A ce jour, seul le dossier déposé par le groupe anglais Liberty House a été accepté. Cette société industrielle et métallurgique fondée au Royaume-Uni en 1992 dispose d’un rayonnement européen.

Selon La Nouvelle République, ce repreneur reprendrait 215 salariés sur les 350 du site de Saint-Jean-Industries et investirait 4 à 5 millions d’euros. L’offre est en cours d’examen. Les syndicats souhaitent toutefois que cette dernière –  qualifiée de  « sévère » – soit améliorée. Ils plaident notamment pour une « réintégration de l’usine chez Renault » ou « la reprise par une société ayant envie d’investir (20 à 30 millions) avec un plan de charge de travail qui permettrait la création d’emplois et la diversification de l’activité pour ne pas être dépendant de Renault ».

Reprise des deux entités par Liberty House ?

De nouveaux scénarios sont désormais envisageables : la reprise globale des deux activités par un seul et même repreneur, la création de synergies ou la mise en place d’un complexe industrielle unique.

S’exprimant dans le cadre d’un entretien accordé à La Nouvelle République, le directeur Europe de Liberty House, Philippe Baudon, a déclaré qu’il était prêt à reprendre le pôle alu et racheter la fonte.

Selon lui, le rachat de FPF devrait permettre  de « renforcer l’ensemble » via la mise en place d’équipes et d’une structure commune, le tout permettant de  simplifier le mode de fonctionnement.

Il estime notamment que « la fonte est beaucoup liée au diesel » et « que les perspectives sont malheureusement beaucoup moins roses. » Dans ce cadre-là, ajoute-t-il, « un regroupement des deux activités permettra de se renforcer mutuellement et de donner des perspectives plus positives pour la fonte. » Il conclue  en indiquant  que « l’idée, c’est de faire cette opération de rachat de façon concomitante avec la reprise de l’alu ».

Sources : FDF, AFP, La Nouvelle République

(4 commentaires)

  1. C’est l’histoire de la vie, le cycle éternel…

    PSA importe des moteurs essence de Chine, et utilisera en Pologne l’usine de Tychy. Même si ce n’est pas le même métier cela pose surtout la question de la conversion d’une fonderie. Et pire encore lorsque les moteurs à combustion passeront la main aux moteurs électriques.

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