Flavio Briatore: 20 ans de F1

Avant même de connaitre l’issue de « l’affaire Piquet », Renault a décidé de renvoyer Flavio Briatore et son bras droit Pat Symonds. La fin du parcours pour le sémillant Italien? C’est sans compter sur son côté « culbuto ». Retour sur ses vingt années de présence en F1…

A l’origine de Flavio Briatore, il y a l’écurie Benetton. Dans les années 80, Luciano Benetton était le roi des vêtements.

Benetton arriva en F1 comme sponsor-titre de Tyrrell, puis d’Alfa Romeo.

En 1986, Luciano Benetton saute le pas et s’offre l’écurie Toleman. Il place à sa tête Peter Collins (ex-Williams.)

Les débuts sont bons: Gerard Berger inaugure d’emblée (Mexique 1986) le palmarès de l’écurie et l’année suivante, Benetton devient l’écurie officielle de Ford. Néanmoins, entre le discret Anglais et son exubérant patron, le courant ne passe pas.

D’où vient Flavio Briatore? Il existe presque autant de versions qu’il existe de biographies!

Certains parlent d’un parcours chaotique fait de petits boulots (moniteur de ski, vendeur d’assurances en porte à porte…) d’autres disent qu’il a été légionnaire, voir qu’il a flirté avec la mafia. Benetton a tenté d’insérer dans son CV un passage comme « pilote amateur de rallye ».

En tous cas, en 1988, il est responsable des boutiques Benetton aux USA. Un business controversé car les gérants de boutiques ne sont pas des franchisés et ils n’ont aucunes exclusivités. Briatore n’hésite pas à saturer les villes branchées de boutiques Benetton. A cause de cette concurrence, de nombreux patrons de boutique font faillite, d’autant que les campagnes de pub « choc » signées Oliviero Toscani effrayent les clients. Bref, cela commence à sentir le roussi pour Briatore.

Luciano Benetton l’invite au Grand Prix d’Australie 1988, dernière épreuve de la saison. D’après la légende, pour son premier Grand Prix, il s’ennuie. Ca ne l’empêche pas d’être embauché comme « responsable de la promotion » de l’écurie, puis de prendre le poste de Collins quelques mois plus tard!

L’arrivée de Briatore dans les paddocks se passe mal. Certes, dans les années 80, les allées débordaient de personnages « hauts en couleur ». Mais au moins, les « narcos », trafiquant d’armes, escrocs « madoffiens » et autres gourous ont pour point commun une passion pour la course. A contrario, Briatore n’a jamais été un grand fan de voitures.

A l’époque, chaque écurie comptait peu de nationalités en son sein. Il y avait de véritables clans (les Anglais, les Allemands, les Français, les Italiens…) Or, Briatore est cosmopolite: un Italien qui n’est pas tifosi, qui a vécu aux Etats-Unis et qui travaille pour une écurie Anglaise détenue par un Italien.

En plus, Briatore donne l’air de tâtonner. Ainsi, en 1991, il vire tout le staff technique pour laisser place à John Barnard et son équipe… Mais quelques mois plus tard, Barnard est viré à son tour et Briatore rembauche ses anciens employés.

Benetton décroche des podiums, mais elle se montre incapable de viser le titre. Notez néanmoins que c’est la seule écurie (avec Williams) à avoir remporté au moins une victoire par saison, de 1989 à 1995.

Après l’épisode Barnard, Briatore est désormais épaulé par Tom Walkinshaw et son lieutenant Ross Brawn. C’est sur les conseils de Walkinshaw qu’il embauche Michael Schumacher.

Bonne pioche: Schumacher s’impose très vite comme le leader de l’écurie et en 1992, il obtient son premier succès, exactement un an après ses débuts en F1.

La route jusqu’au premier titre du « Schu-schu » de Benetton fut longue.

En 1993, McLaren (privée au dernier moment d’un moteur Renault) décroche un Ford « usine ». Briatore s’en plaint bruyamment, au grand dam de l’ovale bleu.

En 1994, Schumacher multiplie les victoires. Walkinshaw prend parfois des libertés avec le règlement. C’est ainsi qu’il trafique la pompe à essence pour améliorer son débit (d’où un incendie à Hockenheim, lors de l’arrêt aux stands de Verstappen.) La FIA en profite pour pénaliser l’écurie (afin de relancer le championnat.) Ford, en représailles des coups de g… de Briatore de 1993, ne bouge pas le petit doigt.

Entre Ford et Benetton, le divorce est consommé. Celui entre Briatore et Walkinshaw (à qui il reproche des tricheries qui ont failli lui couter le championnat) va bientôt avoir lieu.

Briatore souhaitait donner une image « cool » à son écurie avec des V.I.P., de la musique et des mannequins Benetton. Lorsque Schumacher est titré, il pérore: « Avec ma casquette à l’envers, j’ai battu Ron Dennis. » Evidemment, sa « coolitude » n’est qu’une apparence et avec ses hommes, il se montre sans pitié.

Mi-1994, Briatore s’offre Ligier. Il est en fait mandaté par Benetton (qui ne peut légalement être propriétaire de deux écuries.)

Il s’agit d’un tour de passe-passe pour récupérer le V10 Renault des Ligier et le glisser sous le capot des Benetton. Quant à l’équipe, il comptait la vendre à Walkinshaw, lequel souhaitait ensuite la déménager en Grande-Bretagne et la rebaptiser « TWR F1 ».

Les sponsors Français font pression pour contrecarrer les plans de Walkinshaw. Brouillé avec Briatore, il rachète Arrows en 1995, tandis que Briatore revend finalement Ligier à Alain Prost. Ce dernier servant de « chevalier blanc », chargé de maintenir l’écurie en France.

Plus Schumacher gagne et plus les médias font attention à son patron, Flavio Briatore. Il devient à son tour une star. Avec son style flamboyant, son franc-parler et ses talents de polyglotte (anglais-français-italien), c’est un bon « client » pour les médias.

La photo ci-dessous montre l’apogée du tandem Schumacher-Briatore: le second titre pilote, en 1995. Luciano Benetton était présent ce jour-là, mais ne pose pas avec les deux hommes. La famille Benetton a déjà presque tout délégué à Briatore.

Schumacher partant chez Ferrari, Briatore pense qu’il peut triompher avec un autre. Jean Alesi débarque en fanfare en 1996.

Les sourires des deux hommes ne resteront pas. Le Français s’intègre mal dans une écurie qui a été construite autour de Schumacher.

En 1997, avant la fin de la saison, Briatore est viré.

Alors qu’il était encore patron de Benetton, Briatore commençait à développer ses propres affaires.

Il se fait ainsi manager de deux débutants: Giancarlo Fisichella et Jarno Trulli.

Fin 1996, il prend une participation dans Minardi. Il en profite pour trouver un volant à Trulli.

Briatore voulait vendre Minardi à BAT. Faute d’accord avec les autres actionnaires, il claque la porte et en 1998, il est théoriquement au chômage (mis à part ses activités managériales.)

Mais Flavio, on le vire par la porte, il revient par la fenêtre! C’est ainsi qu’il fonde Supertec, représentant exclusif du moteur Mecachrome (qui a poursuivi à son compte la fabrication de l’ancien bloc Renault F1.)

Ses premiers clients sont BAR, Benetton et Williams (qui avaient signé avec Mecachrome.) Sir Franck n’a jamais apprécié Briatore et il n’est guère content de devoir lui acheter des moteurs (euphémisme.)

Pendant ce temps, l’écurie Benetton dégringole dans la hiérarchie. David Richards, qui a remplacé Briatore, n’a pas pu enrayer la spirale. Rocco Benetton, jeune frère de Luciano, prend sa suite, sans succès.

Le groupe Benetton va mal. Les tentatives de diversification avec de nouvelles marques (Nordica, Playlife, Prince, Rollerblade…) ont été des flops.

La famille Benetton veut lâcher du lest et l’écurie de F1 fait parti du passif.

Renault la rachète début 2000 et place Briatore à sa tête.

Les deux premières saisons (2001 sous le nom de Benetton/Renault et 2002 sous le nom de Renault) sont un rodage. Les « vrais » débuts sont planifiés pour 2003. En attendant, les pilotes servent avant tout à faire des essais grandeur nature;

Comme à l’époque de Benetton, Briatore possède une très large autonomie. Il n’hésite pas à remplacer systématiquement les Hommes de l’ex-Benetton et de l’ex-Renault Sport par ses propres Hommes.

La face la plus visible de l’iceberg, ce sont les pilotes. En 2001, il alignait Fisichella et Button. L’Italien est viré en fin de saison (après qu’il ait changé de manager) et remplacé par Trulli (toujours managé par Flavio B.) Quant à Button, il n’était là que pour chauffer le baquet de la nouvelle « découverte » de Briatore, Fernando Alonso.

Autre point commun avec Benetton, comme à l’époque de Schumacher, Briatore construit ensuite Renault autour d’Alonso.

D’emblée, en 2003, l’Espagnol décroche un premier succès.

En 2004, Trulli s’impose à Monaco, mais il commet la faute de changer de manager laisser passer les Ferrari à Magny-Cours et il est viré.

En 2005, Fisico revient et il s’avère être l’équipier idéal. Briatore connait un nouvel état de grâce avec les titres 2005 et 2006 d’Alonso.

Difficile d’évoquer Flavio Briatore, sans parler de son penchant pour les mannequins. Outre Naomi Campbell et Heidi Klum (qui le rendit papa), il a été surpris avec de nombreuses starlettes.

Briatore adore se promener avec elles sur les plages, vêtu uniquement d’un maillot de bain. Or, il n’a pas vraiment un corps d’athlète… D’où des ricanements de la part de la presse people Anglaise: est-ce qu’elles l’aimeraient toujours, sans ses millions?

Trahison: fin 2005, à peine titré, Alonso signe chez McLaren pour 2007, sans prévenir son patron/manager!

Briatore clame néanmoins qu’il a retenu la leçon de Schumacher et qu’il est prêt pour « l’après-Alonso ». Il prétend que Fisichella et le débutant Heiki Kovalainen (encore un pilote qu’il manage) sauront le remplacer.

Faute de mieux de part et d’autre, Alonso revient chez Renault en 2008.

L’Espagnol fait une belle fin de saison. Même si sa victoire à Singapour est désormais sujette à débat.

Mais les espoirs s’évanouirent en 2009. L’affaire Piquet est le paroxysme d’une nouvelle annus horribilis pour Renault.

D’aucuns disent que Briatore est grillé dans les paddocks de F1. Est-ce vrai? Ou bien va-t-il faire un nouveau come back?

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