Fiat-Chrysler veut des milliards d’€ garantis par l’Italie

Il ne s’agit pas d’un prêt de l’Etat, mais ce dernier se porterait caution en cas de défaillance de FCA. Le constructeur cherche à financer les activités en Italie. Le groupe emploie encore 55 000 personnes en Italie, mais n’a plus l’aura qu’il avait il y a quelques années.

En Italie, comme en France, la classe politique est d’accord pour soutenir toute la filière automobile. Mais, les politiques exigent des contreparties en échange. En France, Bruno Le Maire a évoqué les délocalisations un peu trop élevées à son goût.

Répondant aux rumeurs relayées par la presse transalpine, FCA a donc confirmé, ce weekend, être en discussion avec la SACE (partie de la Caisse des Dépôts italienne, la Cassa Depositi e Prestiti S.p.A.) ainsi que « Intesa Spagnolo, premier groupe bancaire italien, pour une facilité de crédit de trois ans » selon un communiqué officiel.

Un groupe néerlandais

Sauf que les deux lettre « BV » derrière Fiat Chrysler Automobiles signifient que le groupe est de droit Néerlandais. Et cela fait grincer des dents, voire suscite des inquiétudes sur l’avenir de ces milliards d’euros prêtés.

Pour rassurer politique et peuple italiens, FCA assure que des mécanismes innovants permettront d’affecter les lignes de crédits débloquées à la chaîne d’approvisionnement (supply chain) de l’automobile italienne, « dans le seul but de fournir un soutien opérationnel aux paiements aux fournisseurs italiens pour soutenir leur liquidité et, en même temps, de soutenir le redémarrage de la production et des investissements dans les usines italiennes. En vertu du décret sur la liquidité du gouvernement italien, le montant total de la facilité de crédit peut représenter 25% du chiffre d’affaires consolidé des entités industrielles de FCA en Italie, ou jusqu’à 6,3 milliards d’euros ».

Voilà FCA qui se présente en chevalier blanc de la filière automobile italienne, voulant aider l’ensemble des acteurs face aux difficultés nées de la pandémie de coronavirus et le confinement total vécu par le pays. Ce sont plus de 300 000 emplois directs ou indirects dans la filière automobile, dans les fournisseurs, ou dans l’aval avec la distribution ou les services.

Le maxi-dividende pré-fusion avec PSA en question

Face au risque de voir une partie du crédit garanti par l’Etat être escamoté à l’étranger, certains politiques en Italie demandent carrément à ce que le siège du groupe soit rapatrié en Italie.

D’autres sont opposés à la garantie d’Etat comme Carlo Calenda, Député Européen de centre-gauche et ancien Ministre du Développement Economique (2016-2018). Calenda explique, en effet, que « FCA n’a jamais respecté le plan d’investissements prévus pour l’Italie. Et que le groupe a les liquidités pour traverser la crise, mais les garde dans la maison mère pour distribuer un maxi-dividende de pré-fusion avec PSA. Ce maxi-dividende ne sera jamais taxé ».

L’automobile italienne continue d’être un pilier important de l’économie du pays. Elle représente encore 6,2% du PIB (produit intérieur brut) italien et donc, des centaines de milliers d’emplois. Frappé de plein fouet par l’épidémie de covid-19, le secteur automobile italien se relance doucement. Beaucoup craignent qu’après la crise sanitaire, une crise économique durable ne survienne avec à la clé de massives suppressions d’emplois, dans l’automobile notamment.

D’ailleurs, Fiat Chrysler prévient : « Malgré cela (les protocoles sanitaires pour le retour à l’emploi NDLR), la réouverture des usines de FCA et de tout le secteur automobile sera inévitablement graduel. L’objectif des discussions en cours est de renforcer la résilience financière du système automobile italien en tant que tout, durant une période de convalescence inévitablement longue et périlleuse ».

Notre avis, par leblogauto.com

Difficile pour un groupe comme Fiat Chrysler de demander l’aumône tout en préparant des dividendes exceptionnels pour conclure la fusion avec le groupe PSA. Déjà, pour rassurer, les deux constructeurs ont décidé de ne pas verser de dividende ordinaire au titre de l’exercice 2019. Mais, ce n’est visiblement pas suffisant pour de nombreux italiens qui considèrent que Fiat est italien et que la contrepartie d’une aide (même s’il ne s’agit que d’une garantie) est de revenir « au pays ».

La super-fusion PSA-FCA voulue « à la hussarde » par les dirigeants, risque désormais de traîner en longueur. A moins que les dirigeants de FCA ne trouvent les milliards d’euros dans ses besaces pour soutenir la filière italienne et se passer de l’appui de l’Etat. Ou qu’ils ne mettent suffisamment la pression sur l’Etat italien – façon « retenez-moi où je pars » – pour arriver à leurs fins sans trop de contreparties.

(11 commentaires)

  1. APres tous ces milliards gratuits, pas de risque d’inflation on nous dit. Inflation par creation de monnaie, et par chute de productivité car les restaux qui tournaient a 50 couverts le soir ne le feront plus qu’a 25 avec des charges similaires, et les magasins qui ne peuvent acceuillir que 10 personnes á la fois au lieu de 50, sans compter le coup des mesures d’hygiene pour chaque entreprise. A la fin oui tout se retrouvera sur la facture, et la hausse generale des prix, ben c’est de l’inflation… aller comment va t on nous annoncer ca?  » votre epargne ne vaut plus rien 🙂 »

  2. L’humain (oui j’évite de dire l’homme pour éviter les querelles sexistes) est là depuis plusieurs millénaires.
    Il a connu des guerres, qu’il a lui même provoqué, des cataclysmes naturels, des pandémies (plus graves que l’actuelle) et s’en est toujours remis.
    L’humain du XXIeme siècle a davantage de connaissances que ses ancêtres lointain. Certains diront, à juste titre, qu’il n’en est pas pour autant plus intelligent. Oui, mais il n’est pas plus bête non plus.

  3. « +5,16% : le CAC catapulté par des espoirs de vaccin contre le Covid-19 »
    Une merveille ce vaccin ES est déjà volontaire !! Pour moi CAC toujours en direction d’Emile !!

  4. à part ça, FCA obtiendrait un prêt garanti par l’Etat italien qui souhaiterait que FCA fasse des efforts envers l’Italie (investir en Italie, rapatrier le siège social, ne pas fermer les usines italiennes…)

    or, une fusion avec un autre constructeur plus ou moins similaire, c’est synonyme de doublon, donc licenciement et fermeture d’usine. PSA serait il le dindon de la farce si fusion?

  5. Bon Carlos est en mode fusion. Pas de prêt garanti par l’Etat pour se donner les coudées franches de fermer quelques usines françaises … télétravail pour ceux qui ne bossent pas les usines … C’est plus facile pour vendre le foncier et réorganiser et surtout remercier par caméra ceux qui ne resteront pas après la fusion …

    FCA dont le base industrielle est en Amérique du nord et en Amérique latine/sud/Turquie/Serbie demande des garantis à un des état européens les plus endetté …
    Oui PSA doit se trouver un partenaire mais de grâce arrêtez cette folie!!!!! Tout cela parce que Renault a joué les troubles fête! Peu de chances que le Losange souhaite reprendre avec FCA si PSA jette l’éponge! En fait, PSA y va car Carlos doit sauver son honneur? Un peu court.

  6. Tu es là ma chérie Christiana, le marabout Adanzo répare-t-il aussi pareillement les 4×4 double cabine ?

  7. Sur ces bonnes paroles prenez soin de votre épargne car Sapin n pas loin.. parlez en à nos amis chypriote.

    Dédicace à notre nouvelle vague de nouveaux économistes qui pensent qu un prêt à taux 0 est gratuit…à vos calculettes !!
    En attendant la banqueroute de Renault n est pas de bonne augure pour le climat économique en France..

  8. Fiat demande de la monnaie à son gouvernement. Histoire de ne pas tirer le rideau, chose qu’ils feront quand même.

  9. « Peugeot et Renault perdent plus de 5% après l’annonce d’une chute de 78,3% des immatriculations de voitures neuves dans l’Union européenne en avril. »
    Les parkings de voitures sont pleins dans nos ports !! Surtout 100% du PIB (de l’époque) en dettes avant le corona.

  10. C’est l’histoire d’un surendetté qui demande un prêt garanti à un autre surendetté, la bonne blague !

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