Le dernier des Mohicans
Pas sûr que la requête du ministre italien de l’écologie, Roberto Cingolani, qui réclame à la Commission européenne des exemptions pour les constructeurs italiens de prestige face à l’interdiction prévue des moteurs thermiques à l’horizon 2035, aboutisse.
En 2019, Ferrari avait déclaré vouloir tout faire pour maintenir son remarquable moteur V12 atmosphérique de 6,5 litres, sans céder au downsizing avec turbocompresseur ou à l’hybridation et avait déposé des brevets pour des nouvelles technologies de combustion issues de la compétition, dont a pu profiter notamment la dernière évolution du moteur de la 812 Superfast. Mais les choses évoluent très vite, au gré des nouveaux ultimatums politiques et de l’évolution du marché. En 2017, Sergio Marchionne , alors PDG de Ferrari, avait exclu l’adoption du turbocompresseur pour le V12. En 2021, cependant, un V12 turbo commence à faire son chemin dans les esprits.
Performance et efficience vs Noblesse
L’introduction récente du V6 turbo hybride sur la nouvelle 296 GTB a permis d’augmenter la puissance et de réduire les émissions et la consommation, ouvrant la voie à une éventuelle application de cette solution à d’autres moteurs. Qui alors du mythique V12 atmosphérique ? Les premiers exemplaires V12 du Cavallino remontent à 1947 avec la 125S. Maranello a réaffirmé à plusieurs reprises la centralité de cette motorisation dans l’histoire et les stratégies de la marque, le Cavallino soulignant la volonté de continuer à les construire tant qu’il y aura des possibilités de développement permettant de se conformer aux réglementations strictes en matière d’émissions. Sur route comme sur piste, le V12 atmo, par ses performances et son bruit envoûtant, a largement contribué à façonner le mythe.
Selon des cercles proches de Ferrari, le cheval cabré s’apprête à adopter une solution similaire pour son emblématique V12 afin de le maintenir en vie, avec une probable baisse de cylindrée. Bien sûr, l’électrification est une réponse possible, à l’instar de Lamborghini qui installera un V12 Hybride sur la remplaçante de l’Aventador. Ferrari a décidé de passer du V8 atmosphérique au V8 biturbo il y a plus de cinq ans. Les 488 GTB et F8 Tributo, qui succédaient à la 458 Italia, ont été rendues plus rapides et plus efficaces grâce au turbocompresseur. Ferrari a également déjà une certaine expérience de l’hybridation avec les SF90 Stradale, la 296 GTB et LaFerrari.
Shocking !…ou plutôt Scioccante !
Le très attendu SUV Purosangue sera équipé d’un nouveau 12 cylindres annoncé à 800 chevaux. Sera-t-il le premier bénéficiaire d’un V12 « nouvelle ère », particulièrement adapté à une forte traction à bas régime, tandis que la traction intégrale aiderait à contrôler une puissance de sortie qui pourrait théoriquement dépasser les 1000 ch dans sa forme la plus extrême ?
Plusieurs constructeurs sont déjà passés au V12 turbo : l’Aston Martin DB11 AMR a troqué son V12 atmo 6 litres par un 5.2 biturbo. La BMW M760Li XDrive embarquait un V12 biturbo de 6.6 litres jusqu’en 2021, que l’on retrouve aussi sur la Rolls Royce Ghost. Quant au V12 Biturbo Mercedes AMG, il a déjà tiré sa révérence après la « Final Edition » de la S65 AMG.
Une Ferrari V12 Turbo, impensable ? Le sujet ne se limite pas ici à des considérations simplement techniques, mais relève d’une philosophie, d’une identité, d’un élément qui touche à l’ADN même de la marque, à son histoire, à son image. Mais, comme disaient les romains, « Dura Lex sed Lex » : la loi est dure mais c’est la loi. La législation et le marché n’ont que faire des traditions et de l’histoire. Ce n’est pas nouveau d’ailleurs…mais faisons confiance aux ingénieurs de Ferrari pour se surpasser.
Et bien certains n’ont pas attendu !
sources : carscoops, clubalfa
Franchement, pour le coup, je vais pas pleurer la disparition du V12 atmo.
J’aime les moteurs thermiques, j’aime le bruit d’un échappement un peu libéré sur un gros moteur de 6 cylindres ou plus (ou même d’un V4 comme sur mon VFR ;-)).
Mais dans l’absolu, tout le monde subit et DOIT subir les évolutions de la législation car c’est pas juste pour faire chier, mais bien pour tenter vaguement de sauver les meubles.
Inscrire dans la loi des dérogations pour qu’une poignée de nantis puissent encore rouler dans des gros V12 polluant alors que les parisiens ne peuvent plus rouler dans leur ville, que 95% de la population française roulent avec 4 voir 3 cylindres anémiques délivrant au mieux une centaine de chevaux, en ces temps d’injustice sociale, serait un très mauvais message de mon point de vue.
Ferrari et les autres n’ont pas besoin de rester sur des motorisations de ce type pour faire rêver les masses… non, loin de là.
On s’en tape de l’héritage culturel, de l’image de marque, de tout ça en fait. Que ces constructeurs de prestige continuent de faire des voitures de rêve en restant dans les clous de la législation, et ça marchera aussi bien qu’avant 😉
Et, pour rappel, cela ne concerne que les véhicules neufs hein …
Le V12 Mercedes M279 existe toujours sur un seul modele S 680
Sans oublier le M158 des Pagani
Surtout que Ferrari maitrise la techno turbo depuis 1981 en formule 1.
je ne vois pas en quoi un turbo enlève de la noblesse à un moteur thermique, j’imagine qu’il y a eu la même discussion lors de l’adoption de l’injection à la place des carbu, de la boite robotisée à la place de la boite méca, etc…
Aujourd’hui tout le monde doit faire un effort sur les émissions, même Ferrari. la noblesse serait plutôt de montrer l’exemple tout en améliorant les performances?
Il me semble qu’il n’y a pas toujours eu des V12 chez Ferrari : c’est oublier un peu vite le 12 cylindres à plat maison.
Il est certain qu’une Ferrari à moteur électrique ça la fiche mal. Il faudra bien un jour.
Le supertankers électrique et l’avions de ligne à hydrogène c’est pour quand….
Petit ange parti trop tôt
Triste époque, la fin d’un mythe…
Même avec un turbo, si la Ferrari se fait laminée en accélération par la première Plaid venue, est ce encore la peine d’insister ?