Ferrari présente l’arme de son retour en Endurance : la 499P

Renouer le fil de l’Histoire

N’oublions pas que, entre les années 50 et le début des années 70, Ferrari menait de front F1 et Endurance, et c’est même dans cette dernière que le palmarès du cheval cabré fut au départ le plus étoffé, avec 22 titres mondiaux et 9 victoires au général aux 24 Heures du Mans dont 6 consécutivement entre 1960 et 1965, avant que Ford n’y mette fin.

Grâce aux ressources libérées par le plafond budgétaire instauré en F1, Ferrari a décidé de réinvestir l’Endurance comme à son âge d’or. La Scuderia revient ainsi dans la catégorie Hypercar, qui permet à la marque, contrairement au LMDh, d’avoir la pleine maîtrise à la fois du châssis et du moteur. Il aurait été impensable pour Ferrari, même si cette formule est moins coûteuse, de revenir par le LMDh et de devoir utiliser un châssis tiers et une motorisation hybride commune !

En définissant le 499P, l’entreprise s’est appuyée sur les vastes ressources de Maranello, en confiant la gestion à Attività Sportive GT, sous la direction d’Antonello Coletta et la supervision technique de Ferdinando Cannizzo, responsable de le département en charge de l’ingénierie et du développement des voitures de course Sport et GT.

Le chiffre 499 respecte la tradition en évoquant la cylindrée unitaire du bloc moteur. D’ailleurs, non seulement le « P » dans la dénomination officielle s’inscrit dans une lignée de voitures de courses pensées pour la catégorie Sport de l’époque (250P, 275P, 312P) mais la livrée de la 499P, qui fera ses débuts aux prochains 1000 Miles de Sebring, est une évocation de celle de la 312 P des années 1970. Pour cette raison, l’une des voitures d’endurance engagées à Maranello sera ornée du numéro 50, tandis que l’autre portera le numéro 51, l’un des plus réussis de tous les temps.

Nouvelle puissance hybride

Le groupe motopropulseur de la 499P combine un groupe motopropulseur avec un moteur électrique alimentant l’essieu avant. Implanté en position centrale arrière, le moteur à combustion interne de 3.0 litres de cylindrée a une puissance maximale limitée par la règlementation de 500 kW (680 cv). Dérivé de la famille V6 biturbo de route, il partage l’architecture du moteur équipant la 296 GT3 mais a été totalement repensé avec des turbos se situant au milieu des deux bancs de cylindres du V ouvert à 120°, pour gagner de l’espace. Le V6 développe 500 kw (680 cv), limite autorisée par le règlement. A savoir si le V12 ou le V8 avait été envisagé, Cannizzo a répondu: « Oui, tout a été envisagé. Mais si nous avons opté pour un V6 biturbo, c’est pour des raisons marketing mais plus encore pour des raisons de compacité et de poids. » Tout se tient, et tant pis pour le bruit !

Le moteur remplit une fonction structurelle précieuse, par rapport aux versions équipant les voitures GT de compétition, où le moteur est monté sur le sous-châssis arrière de la voiture. La seconde « âme » du groupe motopropulseur hybride est l’ERS d’une puissance maximale de 200 kW (272 cv). Le moteur électrique est équipé d’un différentiel et est entraîné par une batterie qui se recharge pendant la décélération et le freinage, ne nécessitant aucune source d’alimentation externe. La batterie, d’une tension nominale de 900v, bénéficie de l’expérience acquise en Formule 1, bien qu’elle ait été spécialement conçue pour le projet. La puissance maximale globale du 499P est de 500 kW (680 cv) et le groupe motopropulseur est couplé à une boîte de vitesses séquentielle à sept rapports.

Aéro et freinage à la pointe

Ferrari met à profit évidemment son savoir-faire et son expérience de la F1 pour y transposer et y adapter le design de cette 499P, à commencer par l’aérodynamique.

Le design a été affiné avec le soutien du Ferrari Styling Center sous la direction de Flavio Manzoni, et on peut dire que c’est réussi. Seule la performance compte, mais pour une Ferrari, on exige toujours un design qui frappe les esprits. La carrosserie du prototype est sculptée à partir d’une surface plane, à partir de laquelle les pontons latéraux et les passages de roue se développent harmonieusement. Les flux aérodynamiques traversent les coques latérales au-dessus des évidements entre les arêtes principales entourant le cockpit, refroidissant les radiateurs dissimulés sous la carrosserie. Sur la Ferrari 499P, la surface des passages de roue, marque de fabrique de Ferrari, se caractérise par de larges lamelles, visant à réduire la pression à l’intérieur des passages de roue.  Les phares, acérés et futirustes, font évidemment référence au style introduit pour la première fois sur la Ferrari Daytona SP3 de la gamme Icona et qui se décline sur les dernières productions routières.

L’arrière se caractérise par une subtile « peau » en fibre de carbone qui recouvre les différentes fonctions, laissant les roues et la suspension complètement visibles. La 499P serait-elle une F1 avec un toit ? La queue est caractérisée par une double aile horizontale: l’aile principale et les volets supérieurs ont été méticuleusement conçus pour garantir l’appui nécessaire et atteindre des performances maximales. L’aile inférieure comporte également une «barre lumineuse» qui enrichit le design arrière d’une touche décisive mais minimaliste. Enfin, en position dominante au-dessus de la voiture se trouve une prise d’air multiple qui alimente l’admission du moteur V6 et fournit de l’air de refroidissement à la batterie et à la boîte de vitesses.

Le système de freinage intègre un système de freinage électrique nécessaire pour permettre la récupération de l’énergie cinétique par l’essieu avant électrique lors du freinage. Le système a été développé pour combiner précision et rapidité de réponse avec fiabilité et durabilité, des aspects complémentaires qui sont l’une des clés du succès en course d’endurance. Le train avant électrique utilise l’énergie récupérée au freinage, la stocke dans la batterie haute tension avant de transmettre le couple aux roues avant lorsqu’une certaine vitesse est atteinte, contribuant ainsi à booster les performances sur les circuits prévus pour accueillir le calendrier 2023.

Les déclarations

John Elkann, président exécutif de Ferrari : « Avec la 499 P, nous revenons pour concourir pour la victoire pure et simple dans la série WEC. Lorsque nous avons décidé de nous engager dans ce projet, nous nous sommes engagés dans une voie d’innovation et de développement, fidèles à notre tradition qui considère la piste comme le terrain idéal pour repousser les limites des solutions technologiques de pointe, des solutions qui à terme seront transférées à nos voitures de route. Nous abordons ce défi avec humilité, mais conscients d’une histoire qui nous a menés à plus de 20 titres mondiaux d’endurance et 9 victoires au général aux 24 Heures du Mans.

 

Antonello Coletta, directeur de Ferrari Attività Sportive GT : « La 499P est un rêve devenu réalité. Aujourd’hui est un moment important pour toutes les personnes qui ont travaillé si dur sur ce projet au cours des deux dernières années. Nous avons voulu rendre hommage à notre histoire, avec de nombreuses références, grandes et petites, à un passé fait de succès et de titres. Nous le faisons cependant, en regardant vers l’avenir, en créant un manifeste de notre engagement envers le championnat du monde d’endurance. La 499P est un prototype résolument Ferrari, au sens le plus large du terme, et cela nous donne une énorme émotion de la montrer enfin à nos clients et aux nombreux passionnés de la marque ».

 

Ferdinando Cannizzo, responsable du développement des voitures de piste Ferrari GT :« Pour toute l’équipe et moi-même, c’est un moment vraiment excitant. Nous savons que nous avons une énorme responsabilité. Nous avons conçu et construit une voiture inédite et particulièrement complexe à tous points de vue. Ce défi sans précédent a motivé chacun dans une collaboration globale et partagée impliquant tous les départements de notre entreprise et nos partenaires techniques. Partir d’une feuille de papier vierge a été une source de motivation unique et continue afin de trouver des solutions efficaces pour garantir les performances et la fiabilité du 499P. Du tout premier shakedown à la première course, nous avons prévu un programme de développement très intense, tant sur le banc d’essai que sur la piste, qui nous a donné des retours intéressants. Le travail de synthèse qui nous attend dans les semaines à venir, et qui va nous impliquer dans d’autres essais en piste, est le plus important pour la mise au point et l’intégration finale de tous les systèmes. Nous avons encore beaucoup de kilomètres à parcourir, mais l’équipe est consciente de l’importance du projet et continuera à faire preuve d’engagement, de passion, de maturité et d’un grand professionnalisme. »

 

Elle est très belle. Il ne lui reste qu’à gagner pour l’être encore plus et entrer dans l’Histoire du cheval cabré ! Nous avons hâte désormais de connaître les équipages.

(5 commentaires)

  1. Magnifique et tellement Ferrari ! Toyota, Peugeot et Porsche peuvent trembler. Mais on aimerait voir LECLERC dedans au 24H comme à la belle époque.

    1. Cadillac, Honda, BMW et Alpine Aussi.

      Dire que pendant presque 10 ans on a bouffé de la victoire Audi car ils étaient seuls. ….

    2. L’écurie sera emmenée par Af Corse il me semble. Ultra aguerri à l’endurance et à l’ensemble des championnats wec, elms, etc…

  2. Autant elle était moche avec son camouflage, autant en rouge et jaune, elle est splendide.
    Ils sont ambitieux, ils ont construit 2 voitures, une pour travailler la fiabilité, l’autre pour la performance.

    Concernant les 24h, les places en tribunes ont été entièrement vendues en 4h, du jamais vu. Il faut s’attendre à une affluence record entre 250.000 et 300.000 spectateurs, comme dans les années 60, à l’époque du duel Ford – Ferrari.
    Surtout qu’on ne sait pas combien d’Hypercars seront au Mans. Par exemple, Cadillac veux venir avec 3 voitures, sous réserve que l’ACO accepte.

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