Le brésilien Felipe Massa vient d’engager les démarches pour obtenir réparation concernant le titre 2008, qu’il avait perdu face à Lewis Hamilton pour un point seulement. Avec ses avocats, l’ancien pilote Ferrari a envoyé une lettre à la Formule 1 et à la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) le 15 août, à destination de Stefano Domenicali (également directeur principal de la Scuderia à l’époque) et Mohammed Ben Sulayem.
Une « lettre avant poursuite » de huit pages, pour réclamer des dommages et intérêts substantiels, résultant d’une prétendue « conspiration » qui l’a privé du titre de champion du monde il y a 15 ans.
Le Crashgate a-t-il faussé la saison ?
Le problème ne vient pas du final de la saison 2008. Massa, qui avait franchi la ligne d’arrivée en vainqueur à Interlagos, fut « virtuellement » champion pendant quelques dizaines de secondes, avant que Lewis Hamilton, en dififculté dans cette fin de course pluvieuse, ne passe un Timo Glock en perdition dans le dernier virage et n’arrache le point qui fut suffisant pour lui octroyer le titre mondial. D’ailleurs, Glock avait été victime d’une théorie du complot de certains fans qui avaient accusé le pilote allemand d’avoir été acheté par Mclaren pour laisser passer Hamilton.
Liberty Media : mais faites taire Bernie !
Non, le rebondissement est à mettre en relation avec le fameux Crashgate de Singapour. À l’époque, Flavio Briatore avait ordonné à Nelson Piquet Jr. de s’accidenter volontairement pour provoquer l’intervention de la voiture de sécurité afin de favoriser la stratégie de Fernando Alonso qui s’était arrêté aux stands juste avant la neutralisation et avait ensuite gagné la course. Lors de cette course, Lewis Hamilton avait décroché six points tandis que Felipe Massa, parti en pole position et leader au moment de l’accident, avait abandonné dans les stands après avoir emmené avec lui le tuyau de ravitaillement lors d’un arrêt foiré par la Scuderia (déjà)
Mais alors, pourquoi remuser une si vieille affaire, alors que le Crashgate a été révélé dès 2010 et que les instigateurs ont déjà payé ? En fait, au printemps dernier, Bernie Ecclestone, ancien grand patron de la Formula One Management, avait confié dans un entretien que la FIA et la FOM étaient au courant de la tricherie organisée par Renault avant même la fin de la saison 2008. Cependant, les instances avaient décidé de ne pas agir pour protéger la F1 ainsi que les intérêts du sport et du championnat, entérinant du même coup les résultats et excluant toute possibilité de les remettre en cause : « À l’époque, la règle voulait qu’un classement du championnat du monde soit intouchable après la cérémonie de remise des prix de la FIA« .
Victime d’une conspiration ?
Felipe Massa s’estime donc victime d’une « conspiration commise par des individus au plus haut niveau de la F1, ainsi que par la FIA et la direction de la Formule 1 ». Son cabinet d’avocats avance que le Brésilien aurait perdu des dizaines de millions d’euros de revenus sans parler des atteintes à son image. Massa espère donc obtenir l’annulation du grand prix de Singapour, et donc, avec la modification qui affecterait ainsi le classement mondial, récupérer le titre sur tapis vert. Si ce la semble peu probable, une réparation financière est par contre toujours envisageable. La F1 et la FIA ont 14 jours pour répondre avant une action en justice La lettre des avocats avertit également que Felipe Massa aurait l’intention de « poursuivre une action en justice afin d’obtenir réparation pour le préjudice subi », souhaitant également « que soit reconnu le fait que, sans ces actes illégaux, [Massa] aurait remporté le championnat 2008 ».
Faute de titre, un beau chèque ?
On peut rester circonspect sur cette démarche. Certes, le crash volontaire de Nelson Piquet a eu une incidence, puisque c’est lors du ravitaillement sous safety-car que Massa a subi son problème et a perdu la tête de la course. Sauf que l’incident dans la ligne des stands est imputable à Ferrari, point barre.
Ensuite, quinze ans se sont écoulés depuis cette affaire ! Et l’annulation de cette course provoquerait un changement du palmarès, mais quel intérêt pour Massa d’être un champion sur tapis vert, un champion du tribunal ? La défense est bancale. D’abord, Massa se dit victime d’un complot, or le crashgate ne le visait pas, et toute cette mascarade avec Nelson Piquet Jr n’a eu pour but que de faire gagner Alonso, et non de plomber le championnat de Massa, même si le déroulement de la course – mais cela n’est pas prédictible- l’a affecté dans sa course au titre.
Des résultats annulés, cela existe, comme par exemple l’annulation des victoires de Lance Armstrong sur le tour de France, mais non seulement le vainqueur en question était le fautif, et surtout cela n’a pas pour autant attribué la victoire sur le Tour au second du classement. On a vu aussi que Mercedes avait envisagé de faire annuler le résultat d’Abu Dhabi 2021, au prétexte que la règlementation de la voiture de sécurité n’a pas été correctement respectée en fin de grand prix, ce qui aurait réattribué le titre à Hamilton, mais Mercedes a rapidement renoncé au recours, d’autant plus que Max Verstappen, qui aurait été lésé en cas d’annulation du résultat, n’avait rien eu à se reprocher directement dans cette affaire.
D’ailleurs, le communiqué des avocats de Massa donne déjà une réponse puisqu’ils disent que sans ces actes, Massa « aurait » remporté le titre, or le conditionnel veut tout dire. Comment prédire ce qui se serait passé lors des dernièrs courses de la saison, avec un grand prix de Singapour normal ? Non, la seule décision sportive qui vaille, c’eut été la disqualification d’Alonso et de Renault lors de cette course (au minimum). Et si Massa obtenait gain de cause, ce serait la boîte de Pandore. On pourrait se repencher sur la saison 1994 et la Benetton avec antipatinage, ou encore revenir sur le titre 1983 de Braham et son carburant trafiqué…
Qu’est ce que j’apprends ?
Il y aurait des Magouilles en F1 ? ?
Massa a raison de remuer la m****.
La F1 a des règles à géométrie variable, pilotées par l’argent et la politique. Si ça a toujours été comme ça, ça devient de pire en pire (comme si c’était possible).