C’est Giorgio Terruzzi, généralement bien informé, qui en parle dans le Corriere della Sera. Selon le journal italien, des discussions avec le patron de Ferrari, John Elkann, auraient déjà eu lieu. L’accord serait de voir Todt revenir sur les terres d’une partie de ses exploits, pour prêter main-forte à Mattia Binotto.
Un peu comme Niki Lauda chez Mercedes, ou Prost chez Alpine, Jean Todt s’occuperait des questions de communication plus que de l’opérationnel au jour le jour. L’initiative viendrait de Todt lui-même et les discussions auraient débuté aux 24 Heures du Mans en août. John Elkann était l’invité d’honneur de cette édition (pour souligner le retour de Ferrari dans la catégorie reine en 2023) et donnait le départ de la course.
Todt pourrait donc être un « super consultant » avec plusieurs avantages. Il attirerait à lui les caméras, laissant un peu tranquille Binotto. Mais, il userait aussi de son influence pour redorer l’image de Ferrari, mais aussi de la Formule 1. Reste que pour le moment ce n’est qu’une hypothèse même si elle fait beaucoup parler à Maranello et pas que là d’ailleurs.
Une arme à double tranchant
Les Todt chez Ferrari, ce n’est pas nouveau. Jean a été le patron emblématique de l’écurie avec l’aventure Schumacher et tous les titres pilote et constructeur récoltés. Son fils Nicolas, a été l’agent de Felipe Massa par exemple et est celui du Monégasque Charles Leclerc, pilote actuel de la Scuderia. Jean Todt connait bien Binotto avec lequel il s’entend bien, ainsi que Stefano Domenicali, ex patron des rouges et désormais à la tête de la F1.
Si c’est séduisant sur le papier, attention aussi à ce que cela ne soit pas encombrant pour la Scuderia. Lauda avait dû plusieurs fois être « recadré » par Mercedes avant de trouver le bon positionnement médiatique. Un Jean Todt qui n’a jamais mâché ses mots, cela peut aussi être désastreux pour la communication d’une écurie.
La succession de Todt à la tête de la FIA se joue actuellement. Deux listes s’affrontent, avec des programmes similaires : celle de Mohammed Ben Sulayem et celle de Graham Stoker. Réponse le 17 décembre 2021.
A propos de Jean Todt
Jean Todt est né dans le Cantal en février 1946. En parallèle de ses études supérieures à l’Ecole des Cadres (désormais EDC Paris Business School), Todt fait du rallye. Il ne pilote pas, ou plutôt plus après de premiers essais peu fructueux. Mais, il débute à 20 ans comme copilote. Ses talents de copilote lui ont valu d’être à la droite de grands noms du rallye comme Aaltonen ou Mikkola, deux des « Finlandais volants », J-P Nicolas, Beltoise, ou évidemment Guy Fréquelin.
De 1966 à 1981, il prend cinquante-quatre départs en championnat du monde des rallyes. Il en remporte 4 au côté de Achim Warmbold, Hannu Mikkola ou Guy Fréquelin. Il compte aussi 11 podiums. En 1981, il est vice-champion WRC avec Fréquelin et remporte le titre constructeur avec Talbot. C’est l’époque où Peugeot ne sait pas trop quoi faire de Talbot ressorti des tiroirs en 1979.
1982, Todt raccroche le casque et fait ce qu’il avait déjà commencé un peu à faire avant, à savoir diriger l’équipe. La nouvelle équipe, c’est Peugeot Talbot Sport que Todt va mener au sommet à la fois en rallye WRC, en rallye-raid (Dakar), mais aussi en endurance (24 H du Mans). 12 années qui ont bâti la réputation de Todt.
Les années Ferrari, puis FIA
Luca di Montezemolo, qui vient de prendre la direction de Ferrari un an avant, le recrute en 1993 pour prendre la direction de la Scuderia Ferrari. C’est le premier non Italien à la tête de la prestigieuse écurie qui a bien perdu de sa superbe. Cela fait 10 saisons depuis le dernier titre constructeur, et 14 depuis le dernier titre pilote de Jody Scheckter en 1979. Après deux saisons à tout restructurer, Todt recrute Schumacher qui est double champion avec Benetton. Il va également débaucher Rory Byrne et Ross Brawn de chez Benetton.
La Scuderia a relevé la tête, mais il faudra patienter jusqu’en 1999 pour le premier titre constructeur, et 2000 pour le premier titre pilote. S’en suivent 5 saisons de domination sans partage sur la F1. Todt prépare sa succession dès la fin de la saison 2004 et quitte Ferrari en 2009 pour prendre la tête de la Fédération Internationale Automobile (FIA). Il est élu face à Vatanen qu’il avait fait courir sur Peugeot.
La nouvelle page de sa vie sera-t-elle un retour chez Ferrari ?
Une chose es sûr Jean n’aime pas rien faire….
Si Ferrari prend Jean Todt, il faudra le partager avec Alfa-Romeo qui en aura encore plus besoin pour sa compétitivité 😀
Sans vouloir faire injure à Jean Todt, personnalité immense du sport auto, je ne vois d’interêt ni pour lui, ni pour la Scuderia. Son retour rappellerait les années Schumacher, en particulier les consignes de course qui ont nuit à ce sport. Quant à l’équipe, qu’elle se préoccupe de remonter son niveau pour briguer le(s) titre(s) plutôt que jouer la « peopolisation » de son stand.
Le principe n’est pas la peoplisation mais la possibilité d’agiter un chiffon rouge devant les caméras de télés pour éviter que ce soit Binotto qui soit embêter.
Toto Wolff ou Christian Horner sont assez grands pour gérer cela. Bien que Wolff s’est aidé de Lauda tant qu’il était en vie, et que Horner à Marko pour dire des « conneries ».
Ici, le but est que les médias s’intéressent à Todt laissant les autres faire leur boulot.
C’est un peu ce que fait le Président Aulas à Lyon en foot par exemple…tant qu’on l’embête lui, on laisse les joueurs et l’entraineur tranquille 🙂
Le rôle serait sans doute plus non exécutif qu’autre chose.
Ça serait une bonne chose pour Ferrari. A condition de lui laisser le champ libre pour faire le ménage et remettre de la rigueur dans l’équipe.
Quoiqu’on en pense, Binotto fait du bon boulot. Son tandem avec Mekies marche bien, on voit cette année que la Scuderia a progressé tout au long de la saison et qu’elle a l’un des meilleurs duos du plateau. Avec Todt a un poste non-exécutif pour laisser Binotto bosser dans l’ombre (ce qu’il sait faire de mieux), ça pourrait être la touche finale pour ramener l’écurie au top.