Comme disait un groupe de pop music Suédois (dont le batteur a fait de la F1): « Money, money, money… » Bernie Ecclestone ne cesse d’agiter de façon menaçante sa tirelire. Malheur à celui qui oublierait d’y glisser son obole! Après Monaco, c’est au tour d’Interlagos d’être visé.
Le circuit possède un contrat valable jusqu’en 2015. Mais les pilotes se plaignent régulièrement d’infrastructures indignes de la F1. Jusqu’il y a peu, en cas de pluie, certaines zones se transformaient en gué et en cas d’accident, les grues débarquaient sur la piste, sans qu’il n’y ait d’interruption de course.
La menace de Mr E. est claire: « Faites des travaux ou on n’y reviendra plus. » Excuse officielle: les circuits se multiplient au Moyen-orient, le calendrier n’est pas extensible à l’infini et donc, il devra supprimer des manches…
Il espère qu’Interlagos profitera de l’élan de la Coupe du Monde de foot 2014 et des probables Jeux Olympiques de Rio, en 2016.
C’est néanmoins une partie de poker menteur. Le Grand Prix du Brésil est la seule manche Sud-Américaine (même si les Brésiliens ne se considèrent pas comme « Sud-Américains ».) A court, voir moyen terme, il n’y a aucun autre circuit sur le continent capable d’accueillir la F1.
Si la F1 quittait Interlagos, elle se couperait du nombreux public Brésilien. Alors que le public Moyen-oriental, on l’attend encore.
Mais au-delà des gesticulations Ecclestoniennes, n’assiste-t-on pas au crépuscule de la F1 Brésilienne?
En 1969, les Frères Fittipaldi décidaient de s’exiler en Grande-Bretagne. Une bonne pioche pour le benjamin, Emmerson, recruté l’année suivante par Lotus et qui remporte le titre F1 en 1972 (puis en 1974.) Il devint alors évident pour les pilotes Brésiliens que la route vers la F1 passait par la Grande-Bretagne.
En 1981, Ayrton Senna va plus loin. Jusqu’ici, seuls les pilotes chevronnés « montaient » en Europe. Lui n’a jamais couru en automobile au Brésil; ses débuts en Formule Ford coïncident avec son déménagement. Dans son sillage, des pilotes Brésiliens de plus en plus jeunes partent chercher la gloire en Europe. Les formules de promotion Européennes sont envahies de prodige oro-verde. C’est presque une grande bande de copains et ils trustent les podiums. Certains (comme Rubens Barrichello, Cristano da Matta et Tony Kanaan) font appartement commun et une fois en F1, le maitre Ayrton organise ses propres briefing pour la seule colonie Brésilienne.
A la fin des années 90, les baquets de F1 se raréfient. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, Emmerson Fittipaldi accueille volontiers ceux qui veulent courir en CART ou en Indycar.
Depuis une dizaine d’années, la filière s’est un peu grippée. Dés qu’un Brésilien faisait un bon test en F1, il avait contrat, car son écurie était persuadée de tenir le nouveau Senna. Du coup, elle ne comprenait pas que son pilote ne soit pas 2 secondes plus rapide que tout le monde et après quelques mois, notre infortuné Brésilien était viré. Ce fut le cas de Ricardo Zonta, Luciano Burti, Antonio Pizzonia, Cristano da Matta ou Felipe Massa (repêché in extremis par Ferrari.) De toute façon, derrière, il y avait toujours 5 ou 6 compatriotes qui marchaient fort en F3000/GP2 ou en Open Nissan/WSR 3.5…
Le bilan actuel de la colonie Brésilienne en F1 est plus pâle. Rubens Barrichello ne devrait plus être là éternellement (même si cela fait 14 ans qu’on annonce sa retraite!) Bruno Senna (comme Nelson Piquet Jr avant lui) ne convainc pas. Les pilotes des autres nationalités (à commencer par les Japonais, les Italiens et plus récemment, les Français) se sont à leur tour converties à l’exil Anglais. Surtout, il n’y a plus de Brésilien « évident » en GP2, en F3 ou en FR3.5. Qui assurera la continuité de la présence Brésilienne en F1? Personne, à moins que Bernie n’y fasse venir Ana Beatriz…
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