Le charme à l’italienne :
Au fil de sa carrière, la Peugeot 504 Coupé a été déclinée en trois séries apportant avec elles leur lot de retouches cosmétiques plus ou moins subtiles. Moins rustique que la première génération, notre Série 2 d’essai s’avère être un juste milieu avant de verser dans la pédiode des années « plastiques ». Malgré son patronyme, la Peugeot 504 Coupé n’affiche plus aucun lien stylistique avec la berline dont elle dérive. Plus courte de 13 cm (empattement raccourci de 19 cm) et légèrement plus large, elle respire le dynamisme malgré les lignes douces et élégantes esquissées par Pininfarina. La face, plus horizontale et plus basse donne du caractère à l’auto et la ceinture de caisse, délimitée par des traits horizontaux, se jette sur une malle de coffre beaucoup moins inclinée que sur la placide familiale. Parsemé d’éléments chromés comme les pare-chocs, les bas de caisse, les jonc de vitres ou les rétroviseurs, le coupé français n’a alors rien à envier, d’un point de vue visuel, à la concurrence italienne ou anglaise de l’époque.
En ouvrant la portière on découvre un cocon douillet qui invite au voyage. La finition, qui est à remettre dans son contexte historique, est finalement de bonne qualité et l’équipement pléthorique. De gros fauteuils en velours (trop) moelleux accueillent les passagers, l’ensemble de l’habitacle est recouvert de plastiques imitant le cuir ou de moquette, des placages chromés apparaissent aux quatre coins et le ciel de toit rainuré vient couronner le tout. Afin de répondre à sa vocation de GT, Peugeot dote la Peugeot 504 Coupé d’une horloge analogique, de vitres électriques, d’une direction assistée, de rétroviseurs réglables de l’intérieur ou de sièges chauffants (option manquante sur notre modèle d’essai), s’il vous plaît. Au final on y est bien assis mais l’on doit en revanche composer avec une ergonomie agaçante de nos jours : l’axe du volant légèrement excentré demande accoutumance, les commandes de ventilation réclament de leur côté du doigté et le commodo de phare (situé à gauche, celui des clignotant se retrouvant à droite) prend la forme d’un labyrinthe pour passer des feux de position à ceux de route.
Un coupé Grand Tourisme uniquement :
Née avec un 1,8 l 90 ch, la 504 Coupé a essuyé bon nombre de critiques et Peugeot a alors orchestré une refonte de la gamme. Le 4 cylindres passe à 2,0 l avant de disparaître pour laisser le champ libre au célèbre V6 2,6 l PRV de 136 ch, venu donner toutes les lettres de noblesse au coupé et, surtout, concurrencer les Alpine A310 et Citroën SM. Seulement, la crise pétrolière passe par là et Peugeot réintroduit le 2,0 l en 1977 pour refaire grimper la courbe des ventes. A partir de cette année, ce moteur est pourvu d’une injection mécanique et développe alors 106 ch pour 17,2 mkg de couple. Avec près de 1 300 kg sur la balance, les performances en prennent pour leur grade. Mais au contraire de ce que laisse suggérer sa fiche technique peu flatteuse, la 504 Coupé 2,0 l s’avère être un choix idéal pour qui compte aujourd’hui accéder au mythe sans se ruiner. L’apparition de l’injection permet à la mécanique d’économiser du carburant mais aussi d’assurer une bien meilleure fiabilité face aux carburateurs capricieux.
Plus typée GT que sportive, la 504 Coupé s’élance comme n’importe qu’elle citadine essence actuelle d’une cylindrée modeste. Les reprises ne poussent pas à mimer une course de côte sur route nationale et le quatrième rapport bride rapidement la vitesse de pointe. Même si la tenue de route est correcte et le freinage à quatre disques endurant, l’amortissement mollasson ajouté aux flancs des pneumatiques importants n’invitent pas à la gaudriole : le confort de suspension n’a pas les prétentions du système hydraulique de la Citroën SM mais avec ces réglages, la 504 Coupé est plutôt orientée vers la balade coulée. C’est alors qu’elle délivre toute sa quintessence avec un moteur disponible, une large vision panoramique due aux montants très fins et avec des équipements qui facilitent la vie à bord d’une ancienne de nos jours. Nous regretterons juste la banale sonorité de l’échappement, rattrapée de justesse par les sifflements de la transmission qui donnent du cachet à la voiture.
Un bon investissement :
Élégante et confortable, la Peugeot 504 Coupé est devenue en l’espace de 40 ans un mythe de la haute couture automobile française. Bien que sa plastique évoque une sportive pure et dure, c’est bien le coude à la portière à un rythme peinard que l’auto se déguste, et ce quel que soit la motorisation. Mais comme toutes les anciennes, la 504 mérite de relever sa jupe au moment de l’achat : carrosserie italienne oblige, la rouille n’épargne que trop peu la coque à divers endroits et peut vite devenir un cauchemar financier. Un cauchemar qui peut aussi se passer au garage si l’entretien mécanique de l’exemplaire convoité n’a pas été respecté. Plutôt fiable en règle général, le 4 cylindres pourra avouer quelques faiblesses au niveau du joint de culasse ou de la pompe à injection alors que le V6 PRV nécessitera continuellement un réglage de ses carburateurs s’il en est équipé.
A moins de vouloir a tout prix accéder au mythe de la motorisation V6, le 4 cylindres semble être un choix judicieux en terme de rapport qualité/prix. Moins performant en ligne droite que le moteur en V, il permet de faire des économies non négligeables en carburant. De plus, la rareté de ces modèles fait grimper la cote autour des 10 000 € quand une 504 Coupé 2,0 l Série 2 se négocie autour des 6 000 € pour un modèle irréprochable. Hormis les questions anti-passionnelles des pertes ou gains possibles à la revente, la Peugeot 504 est à ce tarif là un bon investissement car elle ne vous fera pas passer des nuits blanches sous son capot ou derrières vos relevés de compte. Et puis quelle gueule !
La galerie de cet essai (Crédit photo : Soufyane Benhammouda/Leblogauto) : [zenphotopress album=15100 sort=random number=4]