Je vais être franc: je n’ai pas souvent l’occasion de conduire une Ferrari. Alors évidemment quand Bernard ma proposé un essai, sans hésitation, je lui ai donné une réponse positive. Et d’ailleurs, pourquoi hésiter?
Ma première fois, ce sera donc avec une 348TS. Agée mais pas trop, elle ignore tout des joies de la boîte F1. J’aurai donc l’immense plaisir d’admirer la grille en H et son levier, longtemps signature exclusive d’une voiture frappée du cavallino.
Rouge, propre, lustrée, la belle est dans un état exceptionnel, le résultat d’une passion, d’un rêve de gosse. Pour plus d’harmonie, le toit et les bas de caisse ont été repeints en rouge. Elle est magnifique.
Esthétiquement, la 348 est réussie. Un mélange des modèles Ferrari de l’époque qui reprend les gènes de la famille. Il y a de la 328 dans le profil avec un peu de Testarossa pour les ouïes latérales. A l’avant, les phares amovibles et le capot plat ont un petit air de F40.
Reste l’arrière, la partie que je préfère. Une croupe puissante, large, imposante. Quand on suit une 348 sur la route, on reste humble. Le dessin de l’ensemble est magnifié par les quatre sorties déchappement surplombées par une grille noire horizontale qui masque à demi des feux carrés et massifs. Une touche typique des eighties qui fera regretter aux puristes les quatre feux ronds de la 328. Ils feront leur retour sur la 355.
A l’intérieur, c’est irréprochable. Si les moquettes ont été refaites, le cuir et les plastiques sont d’origine. 14 ans et pas une ride. Comme quoi et malgré une finition légère, les Ferrari savent bien vieillir. Il leur faut juste de l’entretien et de la patience, un cocktail efficace pour conserver en état son italienne. Evidemment, le design, lui accuse son âge mais l’harmonie des couleurs rattrape le tout.
Une Ferrari 348, c’est court (4,23m), large (1,89m) et bas (1,16m). Donc on tombe plus que l’on ne monte dans les sièges fermes et enveloppants. Trouver de la place pour mon 1m90 ne sera pas une chose aisée (pas impossible non plus). Une seule solution, respecter l’ordre d’introduction. Jambe et pied droit en premier, suivis des fesses et enfin de la jambe gauche. Si tout se passe bien, on se retrouve installé derrière le volant, calé dans le siège.
Et d’ici, la vue vaut la contorsion. Ca commence par les rétroviseurs qui offrent un vrai régal aux yeux. D’un côté, on aperçoit le galbe de l’aile arrière et de l’autre, on se délecte du capot moteur largement ajouré. Passons au volant, trois branches, derrière lequel on aperçoit deux grands compteurs gradués jusqu’à 10.000tr/min pour le moteur et 300km/h pour la voiture. Et terminons avec la grille en H doù jaillit le splendide levier de vitesse. 5 rapports inversés (la 1ère en bas à gauche) à enclencher d’un geste ferme et décidé. Ce levier de vitesse, c’est le lien qui unit l’homme à la machine, un accès direct vers les entrailles du monstre.
Le moteur justement, parlons-en. 8 cylindres et 3,4l de cylindrée résumés dans la seule appellation 348. En chiffres bruts, on parlerait de 320ch à 8000tr/min, de 0 à 100 en 5,4sec et de vitesse de pointe à 275km/h, mais restons au-dessus des chiffres car un moteur Ferrari s’apprécie tout d’abord pour sa musicalité.
Et pour cela, le V8 italien avoue de bonnes aptitudes. A froid et au ralenti, le moteur ronronne d’une voix plutôt grave, profonde. Un timbre qui change après 4 à 5 minutes. Les clapets du système d’échappement sont ouverts, le moteur est en température.
Sur la route, le chant du V8 est tout autre. A l’allure légale de 90km/h, il commence juste à respirer, il ronronne assez lourdement, sans ambition ni mélodie particulière.
Mais une fois dans les tours, la magie opère. A 7000 tours et plus, la bête respire à plein poumon et en demande toujours plus. Les montées en régime sont aussi rapides qu’en moto et le bruit devient de plus en plus strident, de plus en plus puissant, de plus en plus envoûtant. A chaque changement de rapport, les roues arrière arrachent le bitume et le manège recommence. Difficile de s’arrêter. La seule limite étant la condition physique ou mentale du conducteur.
En quelques minutes, je me suis retrouvé en sueur car donner du rythme à la conduite dune Ferrari n’est pas à la portée du premier venu, moi en l’occurrence. Entre la boîte ferme qui impose tact et autorité pour enclencher un rapport, l’angoisse des talus et la concentration du moment, vous comprendrez que je me suis arrêté à mes limites, celles de la voiture m’étant hors de portée.
Engins de rêves et de passion, les Ferrari sont avant tout conçues pour faire de la route, mais cela se mérite.
Pour finir, je tiens à remercier Bernard, un authentique passionné. Sa Ferrari 348 TS est l’aboutissement d’un rêve de gosse. Un rêve qu’il n’hésite pas à partager avec générosité dès que l’occasion se présente. Merci Bernard pour cette belle balade.