Essai Renault Talisman TCe 200 EDC : Facel Vega moderne ?

Esthétiquement : germanique

N’ayons pas peur des mots, Renault n’a pas hésité à s’inspirer (certains diront copier) de ce qui fonctionne outre-Rhin. Pour définitivement tourner la page de la Laguna, Renault change tout, jusqu’au nom de la voiture. Car cette Talisman n’est pas une évolution de la Laguna mais un nouveau véhicule, plus long, plus large, et surtout qui abandonne le hayon pour le coffre.

Toutefois, Renault arrive à garder un profil élancé sans tomber dans l’écueil des tri-corps « à la française ». La ligne de pavillon redescend assez rapidement pour arriver loin derrière l’essieu arrière. La ceinture de caisse remonte comme sur toutes les dernières productions de Laurens van den Acker, ce qui accentue la ligne des ailes arrières, les rendant visuellement plus larges et plus rassurantes.

Sur la jonction de l’aile avant, un badge s’inscrit en creux et bosse tandis qu’une baguette de chrome finit de souligner tout le profil. Visuellement c’est une révolution par rapport à la Laguna. L’avant lui est typique des Renault actuelles avec une grande calandre verticalisée centrée sur le logo Renault. Là encore des baguettes de chrome soulignent une calandre entourée par des feux qui interpellent forcément.

Si la partie haute est somme toute classique avec ici un full-LED, elle est terminée par une virgule de LED diurnes qui forme le C-shape. Présent sur Kadjar entre autres, il est ici poussé à l’extrême en sortant du bloc optique. On le retrouve d’ailleurs sur la nouvelle Mégane pour donner un peu plus d’unité visuelle à la production Renault. On aime ou on n’aime pas mais cela signe la face avant comme chez d’autres constructeurs.

L’arrière aussi est une signature lumineuse à part avec ce bandeau de LED rouge (qui reste allumé de jour) qui rejoint le logo centré sur la malle arrière. On peut y voir un clin d’oeil à la Safrane mais c’est surtout le rappel de la signature de la voiture de piste Renault R.S. 01. Les feux sont en relief avec une surface de pleins et de creux. La malle est surlignée par un béquet intégré alors que le bas du bouclier intègre deux sorties d’échappement chromées dont une seule est fonctionnelle.

Les avis seront sans doute partagés sur cette esthétique que d’aucuns trouvent consensuelle mais d’autres élégante. Sans être clivant, il a le mérite de ne pas heurter la clientèle de ce type de segment plutôt adepte de « l’ostentation discrète ».

Un intérieur bien fini

L’intérieur s’articule autour de l’écran central mis en position vertical. D’une diagonale de 8 pouces pour le haut de gamme (7 pouces en dessous), tout se pilote par son biais. Il est encadré par les aérateurs ceints par un fin cerclage de chrome. Le tout se prolonge vers la bas pas une imposante console centrale sur laquelle on trouve une molette orientée vers le conducteur pour lui éviter d’utiliser l’écran tactile. La planche de bord n’a pas le côté découpé de celle de l’Espace par exemple et semble un peu plus massive sans tomber dans le mastoc.

Le reste du tableau de bord est un assemblage de différentes matières et couleurs. La partie centrale se poursuit horizontalement sur les contre-portes. Dans cette finition Initiale Paris, l’intérieur est un camaïeu de gris et blanc. Très clair, cet intérieur n’est pas forcément notre préféré. Il existe un intérieur marron brun qui sied plus à ce segment, ainsi qu’un intérieur noir plus sobre (trop ?). Seul le cuir Nappa pleine fleur noir ou dégradé de gris sont disponibles en finition Initiale. Dommage.

Pour égayer l’intérieur, la Renault Talisman dispose d’un éclairage paramétrable. Selon le mode choisi (confort = bleu, sport = rouge, eco = vert, neutre = blanc) l’intérieur sera coloré par touches. On peut toutefois désactiver cette fonctionnalité ou faire varier son intensité. Les modes font également varier l’affichage des compteurs, tant dans leur couleur que dans leur forme. En mode sport, le compteur central est le compte-tours, la vitesse s’affichant de façon digitale.

Les fauteuils sont enveloppants et maintiennent bien grâce à leurs différentes densités de mousse et leur coque intégrée. Réglables électriquement ils sont même massants dans les finitions haut de gamme. Pas forcément utile sur la route quotidienne, sur autoroute pour les longs trajets c’est plutôt intéressant. Le côté chauffant et ventilé (en option) est lui un vrai plus pour le confort. On apprécie les six mémoires de position ou même le recul du siège lorsque l’on coupe le contact pour faciliter la sortie du véhicule.

A l’arrière, la banquette est moins accueillante que les sièges avant mais maintient déjà pas mal. L’espace au genou est généreux grâce à un empattement de 2,81 m (comme celui du nouvel Espace) mais les grands gabarits seront à l’étroit en hauteur. En effet le pavillon redescend beaucoup et le manque de creusement de l’assise fait qu’on a la tête dans le toit très vite. En outre, l’entrée et la sortie du véhicule ne seront pas des plus aisées. On a hâte de pouvoir essayer la version Estate qui devrait gommer ce défaut.

Le coffre enfin est de plus de 600 litres de volume. Très profond il permet de loger plein de bagages, même des poussettes. Une famille devrait y trouver son compte, ou un chef d’entreprise avec beaucoup de dossiers. Les charnières imposantes sont comme souvent avec les coffres un peu gênantes par rapport à un hayon mais le volume compense ainsi que l’ouverture mains libres. La banquette comporte une trappe à ski et est rabattable 2/3-1/3 pour un volume total d’un peu plus de 1 m3 (limité car ce n’est pas un hayon) et une longueur de chargement de plus de 2m.

Sur la route : vive le 4-Control

La voiture est imposante par son gabarit. Avec 4,85 m de long (+15 cm par rapport à la Laguna), et un empattement de 2,81 m (+6cm) on s’attend à un véhicule peu agile à manier mais le système 4-Control de quatre roues directrices est un régal. On avait déjà pu l’apprécier sur le Renault Espace, là encore il fait oublier la longueur de paquebot de la Talisman.

Le système est à double effet. A basse vitesse (notion variable), les roues arrières pivotent dans le sens opposé des roues avant permettant de braquer dans un (gros) mouchoir de poche. 11,3 m avec le système pour le diamètre de braquage contre 12,1 sans. Au-delà de cette vitesse limite, les roues arrières pivotent dans le même sens que les roues avant. Cela permet une plus grande stabilité en virage et la voiture prend moins de roulis.

La vitesse de basculement entre les deux phases dépend du mode sélectionné par le multi-sense. En mode confort, neutre, éco, la bascule se fait à 50 km/h. En mode sport, cela passe à 80 km/h et on peut donc enrouler sur les petites routes sans fatigue et dans un dynamisme impressionnant. C’est LE point fort de cette Talisman. Il est en plus accouplé à des suspensions pilotées qui permettent de passer d’un mode confort moelleux au mode sport plus ferme.

La voiture dispose également de toute une panoplie d’équipements de sécurité comme le rappel de la vitesse, le limitateur de vitesse adaptatif, un freinage d’urgence, une alerte de distance de sécurité (et détection de ralentissement), avertisseur d’angle mort, phares automatiques, etc.

L’autre point fort de cette voiture c’est sa motorisation. D’un poids contenu de 1,4 à 1,52 tonne selon le moteur, la Talisman fait 1 430 kg en ordre de marche sans option avec la motorisation TCe 200 EDC7 que nous avions à l’essai. Le 1600 cm3 turbo accouplé à sa boîte automatique à double embrayage Getrag EDC7 est un modèle de douceur et de puissance. Le 0 à 100 km/h est effectué en moins  de 8 secondes (7,6 secondes) et les reprises sont très franches. La boîtes est réactive et en mode sport elle laisse le moteur s’exprimer à fond sur sa plage de couple.

Le couple justement est de 260 Nm dès 2000 tours/min et permet d’avoir un 400 m départ arrêté en 15,6 secondes et un 1000 m DA en 28,2 secondes. On est un cran au-dessus des performances de la Laguna. La consommation elle, reste contenue si on roule tranquillement. Homologuée pour 5,6 l/100 km en cycle mixte, comptez 6,5 à 7 l/100 km sur route sans trop faire attention. En mode sport, la consommation s’envole assez facilement mais reste quand même dans la mesure du raisonnable (pour une essence 200 chevaux de plus de 1400 kg).

Sur autoroute ou voie express, le moteur essence sait se faire oublier contrairement au dCi 160 EDC6 également disponible en « gros » moteur. La consommation est très contenue sur ce type de trajet et finalement on en revient toujours à la même question : pourquoi rouler à l’huile lourde quand on a des moteurs essence si sympathiques ? A noter que le dCi 160 met 9,40 secondes sur le 0 à 100 km/h et ne passe pas en dessous des 30 secondes sur le 1000 m DA. On lui préfère largement ce TCe 200 EDC7. En Noir Améthyste (couleur spécifique à l’Initiale Paris) avec le TCe 200 EDC7 cette Renault Talisman est une très belle proposition face aux concurrentes allemandes et autres.

On lui reprochera peut être encore quelques détails de finition ou certains plastiques dans le bas de la console ou à l’arrière, mais on sent pleinement les efforts et les investissements qui ont été faits à l’usine de Douai, en France donc, qui assemble cette Talisman. Les assemblages sont très bon, les écarts de carrosserie sont réduits et les matériaux semblent de bonne facture. La Talisman commence à 27 900 euros avec le dCi 110 en finition Life (pas d’écran tactile, pas de 4-Control) et notre modèle d’essai s’affiche à 40 300 euros (avec tout de même quelques options). La clientèle visée par Renault est à 30% des particuliers pour 70% de flottes d’entreprises, de cadres, etc. Elle trouvera sur son passage la Peugeot 508 ou la Volkswagen Passat mais a de sérieux atouts pour s’imposer à elles.

+ 4-Control et TCe 200 EDC7
Look en rapport avec le cible visée
Rapport prix/équipement bien placé
Image à reconstruire
Couleur de l’intérieur quelconque en dégradé de gris

Renault Talisman TCe 200 EDC7 Initiale Paris
Moteur
Type et implantation 4 cylindres en ligne 16 soupapes

Turbocompressé essence

Cylindrée (cm3) 1 618
Puissance (kW/ch) à tr/mn 147/200 à 6 000
Couple (Nm) à tr/mn 260 à 2 000
Transmission
Roues motrices Avants
Boîte de vitesses Automatique, double embrayage

à 7 rapports

Châssis
Freins avants Ventilés 320×28
Freins arrières Pleins 290×11
Jantes et pneus 245/40R19
Vitesse maximale (km/h) 237
0 à 100 km/h (s) 7,60
400 m D.A. (s) 15,60
1000 m D.A. (s) 28,20
Consommation
Cycle urbain (l/100 km) 7,5
Cycle extra-urbain (l/100 km) 4,6
Cycle mixte (l/100 km) 5,6
CO2 (g/km) 127
Dimensions
Longueur (mm) 4 848
Largeur (mm) 1 869 (2 081 avec rétroviseurs)
Hauteur (mm) 1 463
Empattement (mm) 2 808
Diamètre de braquage (m) 11,3 (avec 4-Control)
Volume de coffre (l) 608 → 1 022
Réservoir (l) 51
Masse à vide (kg) 1 430

Crédit photo : T. Emme/le blog auto, Renault

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