Essai Renault Mégane RS Trophy : dévergondée vous dites?

Esthétiquement, la Renault Mégane RS ne fait déjà pas dans la discrétion avec ses ailes élargies et une ambiance à la limite du tuning, mais avec cette version Trophy, les potentiomètres sont montés d’un gros cran. Disponible uniquement en quatre couleurs (jaune Sirius, gris Cassiopée, blanc Glacier, et noir Étoilé), la Mégane RS Trophy est encore plus agressive avec un toit noir et des jantes noires en 19′, dénommées Steev, réhaussées d’un liseré rouge. Elle se pare également d’un nouveau becquet arrière spécifique et porte ostensiblement des marquages « Trophy » sur les portes ainsi que sur la lame du bouclier avant. Sans remettre en cause sa radicalité, on l’aurait préférée un peu moins too much

Lorsque l’on ouvre la porte, les baquets Recaro en cuir noir rappellent que l’ambiance est au pilotage. Aucun souci de maintien latéral, mais le revers est un confort limité sur les longs trajets. La console centrale et la planche de bord restent les mêmes que celle d’une version trois portes standard. Pas d’extravagance sur les équipements, mais la RS Trophy n’est pas à proprement parler spartiate (climatisation automatique bi-zone, projecteurs bi-xénon). Le système GPS laisse place au RS Monitor. Il permet d’afficher des informations sur le comportement mécanique (puissance, couple, accélérations latérales et longitudinales) et la performance (chronomètre, 0 à 100km/h…) et, pour le circuit, de configurer certains paramètres moteur comme la cartographie de la pédale.

Entre autres différences par rapport à la Mégane 3 « civile », on remarque le compte-tours jaune gradué jusqu’à 7000tr/min et le compteur de vitesse allant jusqu’à 270km/h. Pour souligner l’exclusivité de cette édition, une plaque numérotée, ici le numéro 460 sur 500, vient prendre place à côté du levier de vitesses. Tout cela est bien beau, mais on aurait peut-être préféré une version plus dépouillée permettant de rendre la voiture encore plus exclusive mais aussi permettant de gagner du poids, à la mode Porsche.

Le cœur de la Mégane RS Trophy est sa mécanique. Le moteur 2l turbo a été revu et corrigé par un travail sur la suralimentation (+0,2 bar) mais aussi sur l’admission. Il voit sa puissance passer de 250 ch à 265 ch et son couple grimper à 360Nm (+20Nm). Pour la sonorité, pas de chant lyrique façon V6 ici mais plutôt un son de plus en plus rauque à mesure que l’on s’approche du rupteur. Ca a son charme également.

La Mégane RS Trophy n’a pas plus à rougir de son chassis. Elle est dotée en standard de la version Cup avec un tarage spécifique des suspensions et un différentiel à glissement limité. Elle se chausse de pneus Bridgestone Potenza RE050A en 235/35 R 19 qui présentent un bon compromis entre le grip et un confort de roulement acceptable.

Place à la route ! A bas régime ou régime stabilisé, la Mégane RS Trophy ne rechigne pas à l’exercice et ressemble en fait à toutes les autres Mégane 3. Très facile à manier dans la circulation (grâce à sa bonne visibilité avant), elle avale facilement les kilomètres et ne demande aucune attention particulière. Mais le plus intéressant reste à venir…

En effet, le vrai terrain de jeu de cette Mégane RS Trophy reste les routes sinueuses. De virages en virages, elle enchaîne avec efficacité, sans jamais donner l’impression de rouler trop vite, et invite à toujours repousser les limites. En entrée de virage, elle se place au millimètre près grâce notamment au mordant impressionnant des freins et à une stabilité de châssis remarquable. En réaccélération elle ne sous-vire quasiment pas (peut-être un peu plus sur route humide) et la direction précise ne punit sans aucun effet de couple dans le volant. Le train avant et ses pivots découplés s’avère très précis et incisif lorsque l’on augmente le rythme malgré quelques légers décrochages (dû à la répartition 65/35). On note toutefois que l’arrière peut se montrer joueur surtout lors d’enchaînements appuyés.

Déjà très aboutie dans sa version standard, la Mégane RS Trophy franchit une nouvelle étape en proposant tout simplement la même chose, en mieux. Plus exclusive et plus efficace, elle n’usurpe pas ses prétentions au titre convoité de meilleure traction du monde (8min et 8s sur le Nûrburgring), combinée avec une véritable possibilité d’utilisation au quotidien. On pourrait sans doute faire encore plus radical, comme la R26.R de l’ancienne génération, et Renault ne s’en privera sans doute pas plus tard dans la carrière du modèle. Reste qu’affichée à 35 500€, la RS Trophy propose une vraie attraction pour tout amateur de voiture sportive.

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