Essai Porsche 911 « 992 » Carrera 4S

La Porsche 911, c’est une institution, une icône de l’automobile sportive. Un statut qu’elle doit à sa ligne en évolution permanente depuis sa création, mais surtout à l’adaptation à son époque dont elle a toujours su faire preuve au fil du temps. Cette nouvelle génération « 992 » ne déroge évidemment pas à la règle. Et puisque la tendance actuelle est à plus d’électronique, de connectivité et d’aides à la conduite, la 911 s’y plie bien volontiers.

Ainsi, la célèbre Allemande enrichit son contenu technologique d’un système multimédia connecté avec reconnaissance vocale et intelligence artificielle, mais uniquement compatible avec Apple CarPlay (pas de Mirror Link ni d’Android Auto). Elle se montre également capable de garder le cap sur autoroute et de se mouvoir seule dans les bouchons sous certains conditions. Côté sécurité, la « onze » s’équipe d’une caméra de vision nocturne, de feux matriciels et d’un système de détection des usagers faibles aux abords du véhicule.

A bord, cette adaptation à son époque est traduite par des cadrans numériques affichés sur des écrans qui encadrent le compte-tours central face au conducteur, préservant la présentation classique à cinq cercles. On regrette toutefois que les cadrans extérieurs soient trop écartés et s’en trouvent masqués par le volant, ce qui les rend pratiquement illisibles en roulant. Dommage car on apprécie le nouveau dessin du meuble de bord, qui retrouve son horizontalité comme sur les générations pré-996.

Technique revisitée

Au-delà de cette technologie visible, les ingénieurs ont redéfini une bonne partie des organes mécaniques de leur célèbre bébé. La structure a été copieusement revue, réduisant sa part d’acier de 63% à 30% par rapport à la 991 au profit de composants à haute rigidité et d’aluminium, dont la proportion globale est passée de 3 à 25%. De quoi rendre l’auto plus légère, mais aussi assurer une rigidité en hausse, chiffrée à 5% sur la Carrera 4S.

Moteur et boîte ne sont pas en reste. Le premier reste bien entendu fidèle à l’architecture « flat-six » et affiche toujours une cylindrée de 3 litres. Mais ses échangeurs d’air sont maintenant placés en position supérieure de manière à prendre place sous les grilles d’aération ; et ses turbos de plus grand diamètre tournent en sens opposés. Les Carrera S et 4S gagnent ainsi 30 chevaux et 30 Nm ; portant la puissance à 450 chevaux et le couple à 530 Nm. Des valeurs transmises par l’intermédiaire d’une boîte PDK qui compte désormais huit rapports. Ses développeurs ont particulièrement travaillé à gommer les passages de vitesse. Et ils ont bien travaillé ! Peut-être même trop bien, puisque ceux-ci sont devenus quasiment imperceptible. Chacun appréciera, mais pour ma part, j’aime sentir une légère secousse pour m’indiquer que le rapport est bien enclenché, ce qui n’est plus le cas. En tout cas rien à redire quant aux performances : le 0 à 100 km/h est couvert en 3,6 secondes et la vitesse de pointe culmine à 306 km/h.

Imperturbable

Cette 992 marque encore un pas en avant par rapport à sa devancière en terme de comportement. Sur piste comme sur route, elle laisse un sentiment de décontraction absolu dans tout ce qu’elle fait. Certes désactiver l’ESP permettra toujours de la faire valser du popotin pour ceux qui le souhaitent… mais nous n’avons pu le tester durant cet essai. En revanche, même avec l’ESP en mode sport sur le circuit de Valence, la 992 semble imperturbable. A son volant, n’importe qui peut s’imaginer disputer les 24H du Mans tant elle accepte les mauvais traitements avec désinvolture. Jamais elle ne fait mine de chercher son adhérence, jamais elle ne laisse transparaître de signe de sur- ou de sous-virage, jamais elle ne semble dévier de sa trajectoire. La stabilité en courbe est impressionnante, bien aidée par le système de Torque Vectoring et les quatre roues directrices (optionnelles) de nos véhicules d’essai. Quant au freinage, il est encore plus puissant qu’avant, confié à des disques de 350 mm (+20 mm). Bref, sur piste cette 11 n’est sans doute pas la plus « sensationnelle », mais elle est sans conteste l’une des plus rigoureuses !

Bien Vu

Les designers ont allégé le tableau de bord en le débarrassant de la plupart de ses boutons, préférant confier les commandes à l’écran tactile central. Toutefois, ils ont pris la sage décision de conserver des touches bien physiques pour les principales fonctions. Pratique lorsqu’on conduit !

Mal vu

Si les cadrans numériques face au conducteur sont d’un très bel effet, on regrette que ceux placés à chaque extrémité soient masqués par le volant, les rendant pratiquement illisibles en conduisant.

Poule mouillée ?

C’est une fois la barrière de sortie du circuit passée que cette 911 affiche ses multiples visages. Grâce à ses nombreux modes de conduite configurables via une molette au volant, elle se conduit « le coude à la portière » lorsqu’il s’agit d’affronter le trafic urbain avec confort et douceur, avant de se laisser mener des vitesses inavouables dans les enchaînements de lacets… avec toujours cette facilité déconcertante. Une efficacité qui n’était semble-t-il pas encore suffisante pour la « nouvelle » clientèle Porsche, qui a donc tenu à rassurer ses clients par l’ajout d’un mode « Wet » spécialement destiné à la conduite sur sol humide. Celui-ci a la particularité d’être recommandé automatiquement au conducteur via un message au tableau de bord dès que les capteurs situés dans les passages de roues détectent des projections d’eau. Une fois activé, ce mode déploie les ailettes actives du bouclier avant pour favoriser l’écoulement de l’eau, sort l’aileron adaptatif arrière au maximum pour améliorer la stabilité, adoucit la réponse des commandes et renforce la vigilance de l’ESP. Si tout cela est effectivement très rassurant, on peut quand même se questionner sur son utilité réelle. Car même sans lui, la nouvelle 911 fait montre d’une efficacité et d’une facilité de conduite impressionnantes. Elle reste fidèle à elle-même est-on tentés de conclure…

+ ON AIME
Efficacité générale

Technologie/solutions techniques au top

Ensemble moteur/boîte agréable

Facilité de conduite

ON AIME MOINS
Cadrans numériques masqués par le volant

Boîte trop douce ?

Utilité du mode « Wet » ?

Porsche 911 Carrera 4S
Prix (à partir de) 130 175 €
Prix du modèle essayé >150 000 €
Bonus / Malus 10 500 €
Moteur
Type et implantation Arrière, six cylindres à plat
Cylindrée (cm3) 2981
Puissance (kW/ch) 331/450
Couple (Nm) 530
Transmission
Roues motrices Transmission intégrale
Boîte de vitesses Automatique 8 rapports
Châssis
Suspension avant Type McPherson
Suspension arrière Multibras
Freins 360 mm
Jantes et pneus 245/35 ZR 20 – 305/30 ZR 21
Performances
Vitesse maximale (km/h) 306
0 à 100 km/h (s) 3,6
Consommation
Cycle urbain (l/100 km) 11,1
Cycle extra-urbain (l/100 km) 7,8
Cycle mixte (l/100 km) 9,0
CO2 (g/km) 206
Dimensions
Longueur (mm) 4519
Largeur (mm) 1852
Hauteur (mm) 1300
Empattement (mm) 2450
Volume de coffre (l) 132
Réservoir (l) 67
Masse à vide (kg) 1565

(27 commentaires)

      1. Un moteur , un châssis , des freins bref un plaisir de conduite sans filtres et certainement pas une voiture ultra assistée et hyper connectée …

    1. En phase et essai bien décevant, on est quasi que dans le descriptif, quasi rien dans les sensations, dans le vécu volant en mains…

      Et Beniot qui joue encore à faire l’ignare ! Sous couvert de troll velu…

      1. Non, c’est juste que je trouve vos réflexions un peu c… Enfin, je me comprends. Les Porsche sont en général à la pointe de la technologie de leur époque. Mais c’est vrai qu’un 993 n’avait pas de GPS, qui n’existait pas à l’époque. Que la 964 n’avait pas de boîte 6. Que la 930 n’avait pas d’airbags ou d’ABS. Que la 901 n’avait pas de ceintures à 3 points ou de version cabriolet. Mais toutes, elles avaient des technologies de leur époque.

        Ça me fait moins envie comme ça, et si j’avais les moyens de me payer une Porsche je prendrais une boîte manuelle. Mais ça, ce sont mes goûts, pas une « vérité » partagée de tous.

        Et oui, c’est juste « pas ce que vous vouliez voir » ! Pas une fausse Porsche.

        1. Tu réponds toi même beniot, pour les gadgets à la con, tu peux en trouver jusqu’à plus soif chez Mercos ou BM… On peut regretter que ça soit imposé d’office sur une voiture de sport…

  1. Ça reste une 911 avec le poids du moteur en porte à faux arrière : il aura vite fait de vouloir passer devant en situation extrême et là si le sol n’est pas parfaitement sec…
    C’est une icone qui assume parfaitement son statut. To the happy few qui peuvent se la payer.

    1. A priori ce n’est plus le cas.
      La 992 a nettement grandie par rapport à la 991. L’augmentation des voies et de l’empattement gomme encore d’avantage l’effet sac à dos des anciennes nettement plus compactes donc avec un ratio poids moteur sur longueur empattement nettement moins favorable.
      Au final la 911 devient encore d’avantage une GT et s’éloigne un peu plus de la sportive: à chaque nouvelle génération la tendance s’affirme.

      1. Critique très injuste. D’abord même plus lourde elle reste très bien placée dans sa catégorie. Ensuite concernant le circuit vu l’efficacité et les temps réalisés c’est quand même compliqué de pas la qualifier de sportive.
        La 911 évolue ainsi car les normes et…les clients lui imposent ce type d’évolutions

      2. absolument !
        Une 996 ( an 2000 ) faisait 176 de largeur sans les rétros.
        c’est devenu de la grosse auto, donc GT et moins sportive – C’est l’auto qui conduit…

        1. Après la 911 reste tout de même une voiture de sport vu le niveau d’efficacité, tout en étant polyvalente et exploitable au quotidien… Pour du direct et de la sensation, il faut se tourner chez Caterham ou alors sur des stratosphériques GT3 & co…

      3. Donc si la première 911 est déséquilibrée et dangereuse sur route mouillée avec son effet sac à dos, et qu’on l’améliore et qu’on la rend plus efficace à chaque génération, en fait, on la rend aseptisée et moins sportive ?

        Si on ne risque plus la mort en la conduisant sous la pluie, ce n’est pas assez sportif 😀

        1. Non, tu racontes de la merde et dénature mon propos…
          Après tu peux faire un voiture de sport propre sans en faire une voiture soumis à tous les gadgets à la con…

      1. Non, pas complètement : j’ai eu la chance en juin dernier de me faire 400 bornes autour de Stuttgart avec une 911 GTS Cabriolet, le mouvement de balancier persiste à hautes vitesses, probablement pas dangereux, mais pas serein quand tu n’as pas l’habitude…

  2. @pcur : entièrement d’accord avec vous. La 911 reste une vraie sportive, maintenant la clientèle et les réglementations évoluant Porsche est obligé de s’adapter. Pour les sensations rien n’empêche de se faire plaisir avec une ancienne bien moins performante mais procurant plus de sensations.

    1. Moi sur ces photos, c’est la drôle de 911 Bizarre devant qui m’intrigue, une genre de 991 avec un bandeau… Quelqu’un a reconnu le modèle ???

  3. Imposé ? La Carrera S n’a pas 4 roues motrices. Et les équipements suivants sont optionnels :
    – les sièges sports adaptatifs à mémoire
    – La suspension pilotée
    – Les roues arrières directrices
    – La direction à assistance variable
    – Les phares à LED
    – Les radars de stationnement et la caméra de recul
    – Alerte de changement de voie et lecture des panneaux
    – Régulateur de vitesse adaptatif
    – Caméra nocturne
    – Assistance angle mort
    – Les systèmes BOSE ou Burmester, au choix
    – Et encore plein d’autres trucs.

    En fait, à part la boite automatique dont on se doute bien qu’elle n’est pas un accessoire de « vrai » sportif, rien n’est imposé. Pour les versions boite manuelle, il faudra attendre un peu, elles ne sont pas encore proposées.

    Bref, arrête de pleurer sur le lait versé, tu peux avoir une « vraie » 911″ de « vrai » sportif.

    1. Tant qu’on a le choix Beniot alors tout va bien. Je n’avais absolument pas compris ça de l’article qui survole complètement l’essai !
      Merci cela dit de tes précisions.

  4. La 911 s’adapte à l’époque et à la demande des clients, les porschistes ont vieilli avec les évolutions qu’ils aiment. La nouvelle clientèle est habituée à tous les bardas électroniques. Porsche n’est pas fou pour proposer une voiture trop radicale au grand public (aisé) . C’est une des rares sportives suffisamment confortable et amusante pour qui sait l’exploiter. Et fiable surtout. La 911 est une icône qui a su évoluer et rester avec son âme

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