Le soleil de Provence, les petites routes régionales dont certaines sont devenues célèbres depuis qu’un Taxi fou Marseillais les a arpentées à une vitesse pas vraiment légale, mais aussi les courbes colorées du Paul Ricard High Teck Test Track. Tel était le – rude – programme organisé par la General Motors venue présenter dans le sud de la France quatre de ses nouveaux modèles : La Chevrolet Aveo, l’Opel Agila deuxième du nom, la nouvelle Saab 9X Turbo et donc cette Corvette C6, revue et corrigée pour l’année 2008. Et il a fallu que ce soit moi qui me dévoue pour étrenner cette nouvelle version de la sportive américaine. Qui refuserait une telle corvée?
On est comme ça au Blog Auto. On hésite pas à sacrifier de son temps libre pour passer trois journées à travers les cadres magnifiques du sud est de la France et vous présenter la dernière version de la doyenne des GT américaines.
Pas n’importe quelle GT vous l’aurez deviné, puisqu’elle est la dernière descendante d’une lignée de sportives qui remonte au début des années 50, bien avant que la Porsche 911 ne vienne poser ses roues et s’installer progressivement comme LA référence des GT mondiales : Celles au tarif déjà inabordable pour la majorité d’entre nous, mais suffisamment accessibles pour faire craquer celui qui est passionné sans avoir le porte feuille du sultan de Bruneï.
Alors, pour déloger sa rivale germanique, la Corvette ne cesse de se rapprocher des standards européens que ce soit en terme d’efficacité, d’encombrement ou de performances. La seule caractéristique qui dénote avec cet effort de mise en conformité reste son prix incroyablement bas par rapport à ses rivales. Un tarif d’entrée de 60 000 euros, cela reste une somme conséquente mais qui la place presque 20 000 euros moins chère qu’une Porsche 911. Comment diable GM peut-elle maintenir un tarif aussi bas? Les mauvaises langues diront qu’à ce prix la finition intérieure est sacrifiée mais ils auront tord, tant les progrès réalisés par le constructeur américain sont visibles au point de renvoyer la très mauvaise qualité de l’habitacle des Corvette au stade de cliché ringard. La console centrale et les habillages présents dans l’intérieur de la voiture de sport américaine ont été considérablement retravaillés pour 2008. La finition était déjà très correcte sur les premières C6, désormais elle devient remarquable même si elle n’atteint pas le niveau de raffinement d’une 911 ou d’une V8 Vantage.
Mais ce nouveau traitement de la finition intérieure est loin d’être le seul changement apporté par la C6 millésime 2008 : Sous le capot aussi ça s’agite
Le gros V8, toujours culbuté et désormais badgé « LS3 », voit sa cylindrée passer de 6L à 6.2L pour un gain de 30 chevaux ( 430 au lieu de 400 ), la caractéristique la plus impressionnante de ce gros moteur restant son couple de 575 Nm. Glouton le gros V8? Encore un cliché, puisqu’en utilisation normale on peut facilement rester à 12-13L, soit des chiffres proches du Flat-Six 3.6L de la 911. Bien évidemment, il est difficile de maintenir des chiffes aussi bas très longtemps tant l’appel du pied droit et d’une petite accélération – ne serait-ce que pour entendre de temps en temps les vocalises du V8 – est tentant.
Tout cela dans un confort d’utilisation admirable. La Corvette est facile à vivre au point de pouvoir rouler avec tous les jours. Même les embouteillages dans Marseille à l’heure de pointe se passent sans aucun soucis avec la boite manuelle au maniement facile bien qu’un peu rude pour le conducteur novice et maladroit que je suis et qui aurait plutôt tendance à choisir la boite automatique proposée avec les commandes au volant, suffisamment rapide pour rester amusante. Les réglages du châssis et la suspension sont aussi revus, l’auto étant maintenant plus efficace dans les grandes courbes et tout à fait compatible avec une utilisation urbaine quotidienne, pour laquelle la seule attention particulière à respecter sera le passage des gros dos d’âne, sous peine d’un bruit de raclement désagréable causé par la lèvre sous le splitter avant. Mais à part ce petit détail, la Corvette reste déconcertante de facilité et le volume de son coffre arrière la ferait presque passer pour une paisible familiale au moment de faire les courses pour toutes la famille !
Les courses au supermarché c’est bien gentil, mais la course sur circuit c’est encore plus sympa. Après un passage par la route de la Gineste entre Marseille et Cassis, il était temps de réveiller le V8 pour un examen plus poussé sur le toujours magnifique circuit Paul Ricard. Maintenant on ne rigole plus. Après un petit briefing, on met son casque, on s’installe dans sa C6 avec un pilote instructeur ( là pour s’assurer que je ne crashe pas la voiture parfaire mon pilotage) , on met les gaz et c’est parti! Au sortir de la voie des stands, le V8 hurle et il est temps de passer la 3eme, puis la 4eme – mon dieu quel plaisir – avant d’attaquer le premier freinage. Et de constater que cette Corvette n’a vraiment rien de l’étiquette de grosse GT pataute que l’on colle souvent aux productions outre-atlantique ( toujours ces mêmes clichés ). La voiture reste vive, le maniement de la boite facile à gérer, et les freins sont suffisamment efficaces même si on aurait aimé encore un tout petit peu plus de mordant. Pour l’anecdote, pied au plancher dans la ligne droite du Mistral, le tableau de bord affichait une consommation de 70 litres aux 100 kilomètres.
Une chose est sûre, on est bien en présence d’une Corvette : Lorsqu’on déconnecte tout et qu’on se prend au jeu, gaffe aux ruades de la bête qui ne se laisse pas toujours faire : S’il est extrêmement facile de conduire cette Corvette, la piloter à la limite demande des capacités de maîtrise qui me font défaut, mes seules tentatives de domptage se terminant sur les bandes bleues du High Tech Test Track à la bordure de la piste. Tant pis, je n’ai sûrement pas battu de record mais je me suis vraiment bien amusé au volant de cette Corvette. Au moins autant qu’avec la Lamborghini Gallardo Superleggera que Christophe Labedan vous présentait en décembre dernier.
Ci-dessous, une petite vidéo avec Patrick, un pilote spécialement délégué par la General Motors. J’avoue, avec moi ça allait un peu moins vite
http://www.youtube.com/watch?v=nYZFXuEZJr0
Même si comparer les deux autos relève sans doute de l’ineptie, par rapport à la belle italienne, la Corvette est logiquement un peu moins rapide ( plus de 100 chevaux et 100 000 euros séparent les deux autos ) : Là où la Gallardo arrivait avant la Courbe de Signe à 240 km/h, la C6 se contente d’un peu moins de 230 et les passages en virage sont un peu plus délicats.
Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Le soir, après un retour sur Marseille il fallait rendre les clés de la Corvette. Non sans avoir cherché au préalable une bonne excuse à présenter à GM pour un essai routier plus approfondi de la voiture (50 000, 100 000 kilomètres?), il a bien fallu s’y résoudre.
Alors, que penser de cette Corvette? Qu’elle est:
– Plus performante qu’une Porsche 911
– Moins chère qu’une Porsche 911
– Pas plus gloutonne qu’une Porsche 911
– Le bruit métallique et rauque de son moteur est un régal
– Son coffre est digne dune grosse berline
– Elle est utilisable au quotidien
– Elle possède un look toujours aussi unique
Après, comme d’habitude, c’est une question de goûts et un débat sans fin entre les « Porschistes » et autres fans de grosse mécanique américaine. Pour ma part, je la préfère largement à une 911. Dommage qu’il me faille maintenant allumer ma Playstation pour espérer la conduire à nouveau. Il n’y a plus qu’a attendre que la ZR1 ne pose enfin ses roues sur le Paul Ricard…
Ci-dessous : Une Galerie HD de cette nouvelle Corvette mitraillée sur les routes autour du Castellet
Merci à Stéphane Schlesinger, Patrick Garcia et Simon Rochefort
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