Un design dicté par la performance
La McLaren 720S a quelque chose de particulièrement sexy. On tombe raide dingue amoureux de ses formes fluides, que l’air en soufflerie a façonnées. Notre premier réflexe, après avoir fait un pas de recul pour mieux l’observer… la toucher, voire la caresser. Ses traits, chaque détail, a été taillé dans un seul but, la performance. N’importe quel quidam, même les plus ignorants de la question automobile, le comprennent au premier regard.
Les feux sont rangés au rang d’accessoires. Ils sont là, seulement parce que la réglementation l’oblige. Car à l’avant, à travers eux passe l’air nécessaire au refroidissement des différents radiateurs. Les yeux suivent naturellement l’écoulement du flux aérodynamique parcourant le profil jusqu’à la poupe. Quelle pureté ! L’arrière témoigne à lui seul de l’ingénierie de haut niveau de McLaren. Aileron actif, échappements hauts, extracteur sophistiqué… On aperçoit même le moteur éclairé de rouge.
Un cockpit de vaisseau spatial
Pour accéder à bord, on effleure l’intérieur du creux qui sculpte la portière. Puis la magie opère. L’ouvrant englobe l’entourage de la vitre, et une partie du toit, ce qui facilite l’installation. La 720S se pilote, et pour s’en assurer, McLaren comme à son habitude, a épuré son habitacle pour que les yeux ne se posent que sur la route. Ainsi, malgré son expérience en Formule 1 et en GT, vous ne trouverez aucun bouton sur le volant. L’alcantara et le cuir flirtent partout avec le carbone.
On se croirait dans un cockpit de vaisseau spatial. Des molettes pour adapter le chassis, la chaine de traction et l’aérodynamique sont présents sur la console centrale. Un modeste écran tactile vertical permet d’accéder aux fonctions de confort. Puis au-dessus des boutons D/N/R de la boite automatique, celui de la mise à feu. Avant cela, on referme délicatement la porte et on s’attache dans le doux baquet, au cœur de la cellule de survie tout en carbone de notre exceptionnel bolide. Vu l’ambiance, on regrette presque l’absence de harnais.
McLaren 720S : docile et confortable sur route…
Arrive l’instant de démarrer le V8 4.0 biturbo de 720 chevaux comme vous l’avez déjà deviné. En se réveillant, il émet un cri rageur, qui résonne en nous comme un avertissement. Petit détail, il s’agit d’une conduite à droite, et on nous a gentiment rappelés qu’ici, on roule à gauche. Et croyez-moi, dans la campagne déserte, on peut facilement l’oublier. On se montre donc 10 000 fois plus vigilant que d’habitude. Première surprise… elle est docile ! Elle se laisse conduire facilement, sans brutalité, et passe absolument tous ses rapports en douceur.
Après ce moment de découverte pour appréhender notre environnement, on se sent suffisamment à l’aise pour commencer à la titiller. Sans même se préoccuper des réglages choisis, par défaut sur les plus « doux », on appuie… et là on relève tout de suite le pied de l’accélérateur, sans en avoir honte. D’abord parce que nous venions de prendre une claque. Nous étions interloqués par ce qui se passait dans notre dos. Le moteur vit, souffle, respire par l’intermédiaire de ses turbos et gronde sans crier gare. Avec une telle poussée, on se demande ce que se sera dans le mode le plus extrême.
Le V8 biturbo délivre une poussée interminable
Avec mon copilote du jour, on se regarde en se demandant si on doit se pincer. On recommence l’expérience, cette fois-ci depuis l’arrêt, en faisant confiance à l’électronique. On a rarement connu une telle sensation, qui nous coupe littéralement la chique. Elle se propulse en patinant juste ce qu’il faut, jusqu’au 3ème rapport mais en restant bien droite. On perd immédiatement la notion du temps… la notion de survie aussi, car en posant les yeux sur le compteur, la vitesse dépasse déjà l’entendement. Il ne s’était pas passé 10 secondes, et nous étions déjà allégrement au-delà des 200 km/h.
On ne rigole plus. On comprend que la poussée s’avère quasiment infinie. En tout cas, on ne s’imagine pas essayer d’en atteindre la limite en 7ème. On repère une série de virages sur lesquelles nous allions prendre nos marques et augmenter la cadence. Une large courbe rapide et des plus lentes. Enfin rapide… pas lors de nos premiers passages. Et puis on a compris que l’aérodynamique officie de façon plus efficace avec la vitesse. L’appui que génère la 720S nous met dans une confiance jamais égalée. Elle se rive au sol, avec une sensation d’aspiration extraordinaire. Elle se cale sur son rail sans en bouger d’un millimètre, et ce n’est pas une image !
Des relances à couper le souffle
La direction consistante et d’une précision là aussi sans commune mesure, nous inscrits facilement en courbe, quel que soit l’allure. On se sent carrément pilote ! Nous avions au préalable passé les modes en Sport, avec pour conséquence des passages de rapports éclairs. On les passe via les palettes au volant reliées entre elles d’une seule pièce. On peut ainsi pousser celle de droite pour descendre les vitesses et inversement à gauche. Un système ergonomique hérité de la Formule 1. Les freins ? Ils sont tout bonnement indestructibles. On regarde immédiatement ce qui se passe derrière quand on attaque la pédale, car peu de choses peuvent s’arrêter à temps. Sauf que l’aileron qui optimise la manœuvre en passant à la vertical, obstrue la vue.
A chaque relance, on croit recommencer l’exercice douloureux du 0 à 100 km/h. En fait, nous sommes en train de passer de 130 à 250 en presque moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Si bien que les arrêts successifs qu’imposent notre tournage, sont autant de respirations pour votre serviteur. La voiture semble me narguer, en ne montrant aucun signe de fatigue. Toutes les températures sont ok, et la pédale de frein aussi consistante que lors du premier freinage, malgré le rythme effréné. On s’amuse avec elle, mais elle finit par nous éprouver. On repasse ainsi en mode douceur, ce qu’elle sait aussi faire mieux que n’importe quelle supercar.
Garder un œil sur la jauge…
D’ailleurs, un voyant vient de nous rappeler aussi à la raison. Le carburant… Si nous n’avions pas un vol qui nous attendait en fin de journée, nous aurions continué ainsi à la cravacher sans se méfier, avec une belle panne d’essence à la clé. L’occasion pour nous de voir la popularité de cette fabuleuse machine au moment du pit stop.
Sans même la comparer, peu importe le tarif, elle vaut son pesant de livres. Environ 250 000 de nos euros, mais franchement, il n’y a pas débat. Si vous avez les moyens, essayez-là ! Vous signerez sans vous poser de questions. En ce qui nous concerne, nous venions de passer l’un des meilleurs moments de notre carrière au volant de cette McLaren 720S. Et vu la forme insolente des finances du constructeur, il faut s’attendre à des choses encore plus ahurissantes. La Senna ? On en rêve déjà…
+ | ON AIME |
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– | ON AIME MOINS |
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McLaren 720S | |
Prix (à partir de) | 259 275 € |
Prix du modèle essayé | 289 000 € |
Moteur | |
Type et implantation | V8 biturbo |
Cylindrée (cm3) | 3 994 |
Puissance (kW/ch) | 537 / 720 |
Couple (Nm) | 770 |
Transmission | |
Roues motrices | arrière |
Boîte de vitesses | automatique 7 Speed SSG |
Châssis | |
Suspension avant | * |
Suspension arrière | * |
Freins | 390 mm av / 380 mm ar |
Jantes et pneus | 245/35R19 av / 305/30R20 ar |
Performances | |
Vitesse maximale (km/h) | 341 |
0 à 100 km/h (s) | 2,9 |
Consommation | |
Cycle urbain (l/100 km) | 15,8 |
Cycle extra-urbain (l/100 km) | 7,9 |
Cycle mixte (l/100 km) | 10,7 |
CO2 (g/km) | 249 |
Dimensions | |
Longueur (mm) | 4 543 |
Largeur (mm) | 2 161 (avec rétroviseurs) |
Hauteur (mm) | 1 196 |
Empattement (mm) | 2 670 |
Volume de coffre (l) | 150 av / 210 ar |
Réservoir (l) | 72 |
Masse à vide (kg) | 1 283 |