Essai Maserati Quattroporte Automatica (3 et fin)

Petit plein au Luxembourg où la Super 98 est au prix du gazole et on sélance enfin vers la frontière allemande. Mais avant, on a redémarré une énième fois la Maserati. Le frein à main automatique est bien pratique, mais il fait malheureusement un bruit désagréable au démarrage, comme on peut lentendre dans la vidéo. Fort heureusement, les sensations en mouvement sont nettement plus envoûtantes. Willkommen im Deutschland !

Nous voilà enfin sur une Autobahn avec le 130 km/h comme vitesse conseillée uniquement. La circulation étant disparate, on pourra donc pousser la Quattroporte Automatique à la frontière de sa vitesse maxi de 270 km/h. Laiguille du tachymètre, graduée de 30 en 30, monte rapidement. Une fois quon arrive à plus de 180 km/h, on ressent quelques vibrations au volant. Mais la tenue de cap reste sereine. On ralentit un peu à cause dautres véhicules. Puis on peut repartir. 200, 230. Les bruits de flux dair sont déjà bien omniprésents. Ils se mêlent à la musique du V8. Aidés par une autoroute désertée un court instant, on arrive à 260. Mais il faut relâcher la pression. La QP montre ses limites. La moindre irrégularité ou ornière et chaque coup de vent imposent une correction. On sent bien la Maserati tassée sur la route, mais elle nest plus à son aise. On redescend donc à 230 où elle reprend ses bonnes habitudes. On a toutefois regretté de ne pas voir, comme sur beaucoup dAllemandes, les phares sallumer automatiquement dès que lon file à grande vitesse.

Il nest jamais facile, ni confortable, de rouler en permanence à grande vitesse. Avec nimporte quelle voiture. La QP avec boîte ZF reste facile à conduire jusquà plus de 200 km/h, mais dès les 230, cela devient du pilotage assez fatigant sur route ouverte. Performante, la berline de luxe affiche un 0 à 100 km/h en 5,4 s et est taillée pour les longs rubans allemands et, a fortiori, toutes les autres voies de bitume. Arrive une zone avec Straßenschäden (route abîmée) de 3,5 km limitée à 120 km/h. La Maserati na aucun mal à ralentir pour rester aux environs de cette vitesse. On reprend ensuite notre rythme entre 180 et 230 km/h en appuyant sur laccélérateur Drive by Wire (sans liaison mécanique). Et puis une caravane qui déboîte avec nonchalance et on scande en cur « Brembo : les freins costauds quil vous faut ». Il est également bon de se souvenir que la Quattroporte dispose daides électroniques et de 6 airbags.

On sort de lautoroute pour longer les rives allemandes de la Moselle. En direction des vignes pour la deuxième séance photo, on a remarqué que dans les épingles, la QP avait une petite tendance au sous-virage. Mais rien de bien méchant. Lors de dépassements sur route à double sens de circulation, la boîte arrive à propulser vivement la Maserati. Toutefois, il y a toujours un très léger petit temps dinertie que lon peut supprimer en passant en mode manuel via les palettes au volant ou le levier de sélection. Cest bien là, finalement, leur seule utilité tant la boîte est convaincante. À moins, bien sûr, de vouloir lamener sur un circuit ou den prendre le contrôle total en montagne.

Il est temps, maintenant, de rentrer au bercail pour rendre la belle à son importateur. À 130 km/h sur le billard dune autoroute luxembourgeoise du retour, on oublierait presque que nous sommes dans une Maserati. Lambiance est calme, seul un léger ronronnement accompagne la balade. Une respiration lente du fauve au repos qui nattend quun petit ralentissement ou un lécheur de pare-choc arrière pour ruer. Lavantage de conduire à ce rythme cest quon économise, façon de parler, du carburant. En cycle mixte, la QP Automatique a besoin de 15 litres aux 100 km, environ. Sur autoroute limitée, on redescend à un bon 11 litres. Évidemment, en ville et à fond de balle, on passe à plus de 20 litres.

À larrière, on est aussi bien servi quà lavant. Outre la symphonie mécanique offerte, le confort est royal. Il lest certainement encore plus en version Executive GT. Cependant, on a là une voiture ne disposant que de quatre vraies places. De plus, le coffre ne brille pas par son volume de chargement. On a aussi essayé le toit ouvrant, mais très brièvement. Ce nest pas quil faisait mauvais, mais plutôt que le morceau de Puccini sortant du CD Maserati était soudainement masqué par la tonitruante soufflerie au dessus de la tête.

Pour conclure cet essai, on pourrait discuter sur lintérêt dune telle voiture. Bien que gracieuse et charmante, la Maserati Quattroporte reste une voiture exclusive et donc excessive. Le principal intérêt est le plaisir quelle procure. Il y a aussi autre chose. Lorgueil de voir les têtes se tourner à son passage, les yeux admiratifs et les téléphones portables la prendre en photo. Et puis, enfin, le prestige. Tout simplement. Dautant que finalement, la QP na pas tellement de concurrence. Que ce soit chez Jaguar, Daimler, BMW, Aston Martin, Ferrari, Porsche et Audi, aucune voiture ne lui ressemble. Il y a bien, peut-être, la Mercedes CL 63 AMG, mais lapproche est toute différente. La QP nest pas une démonstration ostentatoire de technologie. Elle joue avant tout sur le charme et lefficacité. Voilà pourquoi on na pas daffichage tête haute, de vision nocturne ou un menu hypercomplexe. On peut aussi penser à la Bentley Continental GT Flying Spur, mais cette voiture-là est plus chère encore. Ne parlons même pas de Maybach. Mais peut-être que bientôt la Porsche Panamera se montrera plus dangereuse pour lItalienne. Et peut-être aussi lAston Martin Rapide. En attendant, la QP se négocie à plus de 110.000 euros. Sans les options et tout le toutim.

Site officiel constructeur

1re partie

2e partie

Photos : Frédéric Lambert & Olivier Duquesne

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *