Non content d’en faire partie depuis sa mutation heureuse du tracteur à la Supercar, Lamborghini s’obstine en nous offrant une version boostée et allégée de sa Gallardo: la Superleggera.
Le choix du terrain de jeu est tout aussi judicieux puisque la Gallardo finit sont tour Européen sur le magnifique circuit Paul Ricard au Castellet dans sa version GP de 3.8km.
Une Gallardo standard et une Gallardo Spyder sont également présentes sur l’essai ce qui permet d’attester de l’évolution de la Superleggera par rapport à ses congénères.
La Superleggera est ce qui se rapproche le plus d’une version « course » dans la gamme Lamborghini tout en conservant une fiabilité et un confort germaniques. Elle est plus rapide que la Gallardo et que la Spyder sortie l’an dernier et se permet le luxe de battre dans la foulée la Ferrari F430 et la Porsche 911 Turbo. Son V10 de 5l développe 530cv (10cv de plus sur le même moteur) et lui permet un 0 à 100 en 3,8s (0,4s de moins que le coupé) pour une vitesse de pointe de 310km/h. Mais vous l’aurez compris, la Superleggera est surtout une version allégée puisqu’elle réussit l’exploit de perdre 100kg sur la balance par rapport à une Gallardo de série.
La recette et simple: du carbone en quantité industrielle sur toutes les parties possibles (portes, capot, rétroviseurs), du polycarbonate transparent pour recouvrir le moteur, des écrous de roue en titane et au final un rapport poids puissance de 2,5kg/cv.
L’heure du test a enfin sonnée. La journée est idéale avec un grand ciel bleu et un 16°C typiquement provençal en ce mois de décembre. Les premiers tours de roue se font à bord du Spyder qui rappelle à mon bon souvenir un essai sur le circuit de Dreux. Le Castellet demande quelques tours pour prendre ses repères et aurait vite fait de faire passer la moindre super car pour un coupé TDi mais le Spyder s’en tire avec brio malgré une tendance à perdre le cap au freinage de la première épingle, ou elle passe de 220km/h à 60km/h, et à prendre un léger roulis dans les courbes.
La Superleggera marque très rapidement sa différence. L’intérieur est résolument sportif avec un véritable baquet de compétition et un harnais 4 points. Les sensations sont immédiatement plus brutes même si le V10 garde une poussée linéaire accessible à tous. L’accélération est constante et les tours approchent la zone rouge de façon surprenante. La vitesse de pointe en ligne droite du Paul Ricard atteint les 240km/h alors que l’on vient juste d’enclencher le dernier rapport. C’est dans les conditions un peu plus extrêmes de freinage et de passage en courbe que la Superleggera révèle vraiment ses qualités. Le freinage est extrêmement mordant avec ses freins céramiques (en option) et la tenue de cap digne d’une monoplace.
Les enchaînements en courbe serrées pourraient laisser penser que l’on est à bord d’une Lotus Exige avec une réelle précision et une tenue de route redoutable, grâce en grande partie aux quatre roues motrices, un bon jeu de Pirelli P-zéro corsa, un châssis très performant et malheureusement aussi, à une électronique beaucoup sollicitée dans de telles conditions et que l’on aimerait voir disparaître pour toujours l’espace d’un jour.
Les rapports se passent du bout des doigts et les rétrogradages sont agrémentés d’un talon pointe automatique du plus bel effet grâce à la transmission manuelle robotisée « E-Gear ». Un changement de rapport en courbe reste toujours une aventure vu que les palettes sont désolidarisées du volant et que l’on peut passer une bonne seconde à les chercher, il faudra donc appliquer les bonnes vieilles techniques d’école de pilotage, à savoir rétrograder et freiner en ligne droite.
La courbe de Signes, qui hantait une bonne partie de mes rêves la nuit précédente est un véritable test pour tout bolide (et candidat pilote) qui se respecte. La Superleggera s’y sent pour autant comme un poisson dans l’eau, positionnant le train avant de point de braquage en point de corde sans problème jusqu’à peut être la fin de journée où, aimais-je à penser, mes vitesses d’entrée étaient peut être responsables de mouvements de châssis transversaux… Point du tout… » No t’inquieta pas, les peuneux sont oun po mortes » me répliqua mon instructeur du jour avec un sourire entendu… autant pour moi.
La Gallardo Superleggera est belle et ultra sportive… C’est le genre de voiture que l’on aime voir complètement dépecée de tout son confort et son électronique pour en apprécier totalement la mesure, mais c’est aussi une voiture de route luxueuse et confortable avec GPS et radar de recul.
Malheureusement, seules 350 Superleggera seront produites et toutes sont déjà vendues… Pour ceux que cela intéresserait, on commence néanmoins à en trouver d’occasion aux alentours de 200 000.
La video de l’essai: