Essai Jeep Cherokee: Baroudeur pour de vrai

Jeep revoit en 2008 son Cherokee. Le constructeur américain jouit d’un passé et d’une forte réputation. Aussi, Jeep (propriété du groupe Chrysler) n’a pas le droit de se tromper avec la nouvelle mouture du Cherokee. Nous nous sommes rendus en Catalogne, afin de prendre la mesure de celui qui a la lourde tâche, de se montrer digne de ses prédécesseurs dans le domaine du tout-terrain.

Un look de baroudeur

Le Jeep Cherokee fait partie de ces véhicules qui ont fait l’Histoire de la marque américaine. Reconnu comme l’un des spécialistes parmi les spécialistes des 4X4 pour le franchissement, depuis plus de 60 ans la gamme Jeep s’est étoffée et modernisée au fil des ans. Au début des années 80, Renault devenait propriétaire de Jeep, et c’est à cette période que la marque française introduit en France le Jeep Cherokee. Avec son allure du cube rallongé et massif, le Jeep Cherokee a toujours fait son petit effet. En 2001, Chrysler (propriétaire depuis 1987), lance un nouveau Jeep Cherokee, avec un design largement arrondi, et le retour des phares en cercle, typique de la marque. Et malgré une modernisation des lignes et une qualité toujours en hausse, l’arrivée des SUV modernes a changé quelque peu la donne, et la simple réputation de baroudeur largement justifiée, ne suffit plus au Cherokee pour convaincre.

Avec le tout nouveau Cherokee version 2008, Jeep ne renie pas son ADN, c’est à dire des capacités en tout-terrain de grand niveau, tout en essayant de venir titiller les SUV disons… de ville, bien que ces derniers par ailleurs, se comportent assez bien en tout-terrain.

Des dessous de Dodge Nitro

Le châssis du Cherokee 2008 est dérivé de celui du Nitro, qu’on a essayé l’année dernière. Si depuis l’arrière, on pourrait penser au premier coup d’oeil qu’ils se ressemblent, dans les détails, ils sont finalement assez différents. Le nouveau Cherokee redevient un peu plus rectangulaire, les ailes bombées impressionnent. La vraie identité Jeep est encore plus marquée à l’avant, avec la calandre à 7 fentes, qui intègre à ses extrémités les blocs de feux. Aucun doute, le nouveau fait très américain, et surtout très Jeep. L’effet « tout-terrain robuste » est bien là, et on s’attend en le regardant à ce qu’il passe presque partout. On va y revenir un peu plus loin, mais passons maintenant à l’intérieur.

Une fois installé, on se retrouve dans l’environnement du groupe Chrysler, avec une présentation qui rappelle les autres véhicules de la marque et du groupe. Si les différents panneaux et les commandes semblent bien assemblés, la qualité des matériaux est un cran en dessous de ce qui se fait ailleurs. Côté équipements, comme toute bonne Américaine, on a tout, et même un peu plus. Certains sont franchement intéressants, comme par exemple le toit panoramique dit Sky Slider. Fait en toile comme une classique capote de cabriolet, celui-ci peut s’ouvrir en intégralité, de l’avant jusqu’au coffre. Mais il existe plusieurs positions, suivant les humeurs de chacun, puisqu’il peut s’ouvrir seulement au dessus des places avant, ou uniquement au dessus des places arrière.

Pas radin sur les équipements de confort

L’équipement MyGIG est complet, toujours avec un disque dur de 20 Go, le GPS etc, tout ça commandé par écran tactile. Note spéciale à la sono haut de gamme, qui comme à l’habitude, ravira les mélomanes, grâce à un subwoofer, et un ampli puissant couplé à des enceintes de qualité. On peut également s’amuser avec les commandes vocales, qui relèvent plutôt du gadget, car à l’usage, mémoriser le bon bouton sera bien plus commode. Globalement, on passe un bon moment à l’intérieur de ce nouveau Jeep Cherokee, assis sur une sellerie qui suivant la finition, est en tissu Yes Essentials (qui ne craint ni les odeurs, et ni les tâches). Concernant la position de conduite, comme dans le Nitro, le pédalier est légèrement décentré, et le volant réglable uniquement en inclinaison. Si on ne se sent pas forcément à l’aise pendant les premiers kilomètres, on finit par s’y faire, sans que cela pose trop de problème finalement pour le confort.

Le petit détail qui tue… la poignée de maintien du passager avant. La grosse disposée sur la planche de bord est très utile lors des escapades offroad, mais comme ce véhicule est aussi prévu pour rouler sur la route, on ne comprend pas bien pourquoi là encore, comme sur le Nitro, le passager doit se passer d’une poignée au dessus de la fenêtre.

Deux moteurs: V6 Essence de 205 ch, 2.8 CRD (Diesel) de 177 ch

Deux moteurs seront disponibles pour l’Europe, à savoir un V6 3.7 de 205 ch (couple maxi de 314 Nm), ou d’un 2.8 CRD de 177 ch, qu’on retrouve dans les Dodge Nitro ou Jeep Wrangler. Evidemment, on s’attend à ce qu’il représente la majorité des ventes, et c’est avec cette motorisation que nous avons pu l’essayer. Un petit rappel des chiffres de ce moteur, qui avec ses 117 ch, développe un couple maxi de 460 Nm à 2 000 tr/min. Comme il s’agit d’une Jeep, il fallait que ce moteur soit couplé à une transmission capable de permettre au 4X4, de se sortir des pires situations. Concernant les boites de vitesses disponibles avec ce moteur Diesel, on peut choisir une automatique à 5 rapports, ou une mécanique qui en compte 6.

Sur la route, on sent bien que le Jeep Cherokee n’est pas un roi du bitume. Ses suspensions semblent subir beaucoup, avec un tangage prononcé à l’accélération comme au freinage, et un roulis important en virage qui invite à la prudence. Lourd à manier (1 980 kg à vide), lors des premiers kilomètres, on est plutôt surpris, mais on prend vite conscience de l’inertie et du poids de la voiture. Et pourtant, équipé de tout ce qu’il faut comme électronique (ESP, ABS, système anti-retournement, antipatinage, aide au freinage etc.), il faut prendre le temps de s’adapter à la conduite « tout en souplesse » de ce nouveau Cherokee, que ce soit en termes d’amortissement, comme en précision de placement.

Transmission Selec-Trac II: Pour grimper aux arbres

C’est vraiment sur les chemins plus ou moins difficiles que le Cherokee montre son potentiel. Pour cela, il dispose d’un nouveau système qui gère la transmission, le Selec-Trac II. 3 modes: 2 roues motrices (2WD), 4 roues motrices (4WD full time) et mode boite courte (4WD Low). Le premier permet de se faire particulièrement plaisir sur les chemins pas trop caillouteux, genre terre battue ou sable (ou tout simplement sur route), car ce sont uniquement les deux roues arrières qui propulse la voiture. En prenant bien soin de débrancher l’ESP, on s’amuse à faire dérober l’arrière dans un nuage de poussière. Avec une garde au sol généreuse, on ne craint ni les trous, ni les petits guets, mais le plus impressionnant reste encore les angles d’attaque et de fuite. 28.2° pour l’avant, ce qui nous a permis de passer une véritable marche à hauteur de genou environ, et sachez que le spoiler avant démontable (35° d’angle d’attaque!) vous permettra de passer de vrais petits murets que peut constituer le terrain où vous pouvez vous retrouver. Avec 21.7° d’angle de fuite, il n’y a pas vraiment de soucis pour votre spoiler arrière qui ne devrait pas frotter si vous faites attention.

Pour ce genre d’obstacle, il faudra d’abord passer en 4WD Low (qui bloque également le différentiel), et l’auto grimpe à l’aise. Pourtant, le jour de notre essai, le terrain en Catalogne où l’on testait les capacités de franchissement de l’auto, était plutôt gras à cause de la pluie, mais cela ne nous a jamais arrêtés. Pour éviter de partir en arrière en lâchant les freins, l’assistance au démarrage en côte évitera toute reculade en pleine grimpette. Et puisqu’il faut bien redescendre la montagne, là aussi le Cherokee dispose d’un dispositif d’aide à la descente, couplé exclusivement à la transmission automatique. Si sur d’autres véhicules, l’aide à la descente contrôle la voiture à une vitesse réduite fixe, sur la Jeep on peut freiner, ou même accélérer suivant la descente. Puis quand on ne touche plus les pédales, la voiture reprend l’allure en mémoire. Bluffant d’efficacité, après avoir utilisé ces différentes aides, faire du 4X4 nous a semblé soudainement moins difficile, avec ce Cherokee. N’étant pas spécialement accro au tout-terrain, il faut bien reconnaitre qu’avec un véhicule de cette qualité, on prend du plaisir à évoluer sur ce genre de terrains boueux ou caillouteux, comme ceux que nous avons rencontrés.

La pluie nous a accompagnés un bout de temps sur la route du retour, aussi sur les routes sinueuses et glissantes dans ce coin là des Pyrénées, pour se rassurer nous avons préféré ne pas rouler en mode propulsion. Nous avons sélectionné le mode 4WD « classique » si l’on peut dire, du Selec-Trac II. 58% sur l’arrière, et 42 % sur l’avant, c’est la répartition du couple maximale possible sur chaque essieu, suivant l’adhérence. Effectivement, il aura suffit de rester le temps d’un virage en mode propulsion, pour réaliser qu’il était plus raisonnable de rouler en 4X4, car malgré un antipatinage et un ESP qui veillent, il ne faut pas trop compter dessus pour rattraper un gros gros excès d’optimisme.

De 29 900 à 36 500

Du point de vue du portefeuille, le nouveau Jeep Cherokee est disponible en 3 finitions. Dans l’ordre avec le 2.8 CRD: Sport dès 29 900, Jamboree à partir de 32 450, et contre 36 500 on trouve au catalogue le haut de gamme Limited. La différence entre les finitions se joue sur quelques détails esthétiques minimes, et bien entendu sur la liste des équipements qui est déjà longue dès les premiers prix.

En conclusion, le nouveau Cherokee respecte ses fondamentaux, à savoir un look de baroudeur, et pas que le look vu ses capacités en tout-terrain. Mais peut-on véritablement reprocher à Jeep de continuer à proposer des vrais 4X4? Peut-être un peu, car au regard de la concurrence qui joue plutôt sur une polyvalence route / chemin, voire exclusivement « bitume » pour certains, le Cherokee est toujours trop souple sur les rubans de goudron. Mais en même temps, on ne pardonnerait sûrement pas au constructeur américain, d’avoir fait un nouveau Cherokee moins performant dans son domaine de prédilection qu’est le tout-terrain.

Quelques chiffres de notre véhicule d’essai:

  • Moteur: 2.8 Diesel CRD 177 ch
  • Couple maxi: 460 Nm à 2 000 tr/min
  • Transmission: Selec-Trac II 3 modes (2WD propulsion, 4WD et 4WD Low) à sélection électrique
  • Boite de vitesses: Automatique à 5 rapports
  • Conso mixte (réservoir): 9.4 litres au 100 km (70 litres) Données Jeep
  • Poids: 2 055 kg
  • Eco-pastille: Malus de 1 600

Décors photos: Catalogne (du côté espagnole)

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