Aujourd’hui, Le Blog Auto essaye une Jaguar F-Type V6 Supercharged. Comme nous l’avions déjà essayée et que la voiture est prêtée par Hertz, l’essai se portera sur la location. Y-a-t-il un intérêt à louer une GT?Tout le monde rêve de conduire une GT. Enfant, on collectionne les modèles réduits ou les jeux vidéos de voitures. Et un jour, forcément, on veut passer du rêve à la réalité. Bien sur, seule l’élite peut s’offrir une GT neuve (c’est d’ailleurs cette exclusivité qui contribue au rêve.) Les écoles de pilotage, c’est bien, mais au bout de 3 tours, il faut retourner aux stands. L’idéal, c’est de rouler (presque) autant qu’on veut, sur route. Un mariage ou un anniversaire important sont autant de prétextes pour emprunter un bolide.
Réaliser un rêve, c’est bien. Mais pas dans n’importe quelles conditions.
Renseignez-vous bien
Pour louer une GT, il y a quantité de solutions:
– Les petites entreprises qui proposent une location à l’heure, voir à la demi-journée, pour un prix modique.
– Les particuliers, qui mettent leur propre voiture à la location sur des sites communautaires.
– Les clubs, qui disposent d’une flotte de GT, parmi lesquels leurs membres peuvent piocher.
– Les grands loueurs, qui se lancent à leur tour dans la location « rêve » (chez Hertz, on parle de « Dream collection ».)
Pour les 3 premières catégories, il faut se renseigner. Les forums permettent de trier le bon grain de l’ivraie.
Faites attention
Une GT à louer, ça peut rapporter beaucoup d’argent. Il faut être vigilant, car les marchands du temple sont nombreux. Il faut se méfier d’un prix trop alléchant (qui ne comprend pas l’assurance, la caution et avec un kilométrage ridicule.) Chez Hertz, la journée en F-Type est à 1 047,15€, avec un forfait de 250km… Et une caution de 7 000€!
Avant de signer un contrat, il faut bien calculer son budget. Si la caution est généralement élevée, ce n’est pas pour rien. On a beau avoir n années de permis derrière soi, on change de monde. Il faut appréhender une voiture plus volumineuse et plus nerveux que son véhicule habituel. Difficile aussi de gérer sa vitesse, alors qu’on atteint si facilement les limitations… Sans oublier les kékés habituels, adeptes des départs façon dragsters et de la survitesse.
D’après quelqu’un qui a mis sa voiture en location, les fameux kékés représentent 10% de la clientèle. Le souci, c’est qu’ensuite, il faut refaire les pneus, l’embrayage, etc. Autant d’opérations qui coutent cher et qui immobilisent la voiture. D’où la solution de facilité qui consiste à facturer le kéké et à ne rien faire derrière. Quitte à ce que le locataire suivant se retrouve avec une voiture blessée, voir carrément dangereuse.
La solution, c’est de réaliser un bon état des lieux avant de prendre le volant. Cela évitera notamment de payer pour des dommages réalisés par le précédent occupant.
Les gros loueurs ont tendance à donner les clefs au client, sans l’accompagner jusqu’à la voiture. Ils ont aussi tendance à bâcler l’état des lieux final et la préparation. On voit ainsi un réservoir censé être plein à la prise en main:
Une fois parti, aucun problème!
Avant, les GT étaient comme cette Lamborghini Countach : un cauchemar en utilisation quotidienne. Garde-au-sol nulle, habitacle dimensionné pour des hobbits, embrayage dur comme du béton, rayon de braquage d’un semi-remorque, pare-brise qui gèle l’hiver, chauffage ayant la mucoviscidose, coffre à mesurer en mm3… Sans oublier une propention à chauffer dans les embouteillages et une fiabilité inexistante.
Porsche et Chevrolet -avec la Corvette– ont lancé le concept de « GT que tout le monde peut conduire, tous les jours. » Quitte à sacrifier l’efficacité. Une idée qui a bien fait rire les autres (en particulier les Italiens et les Anglais.) Mais sous la pression de la clientèle, il a fallu s’adapter.
Les GT actuelles sont donc plus faciles à utiliser. Cela chagrine les puristes, mais cela convient davantage aux novices. Garde-au-sol plus généreuse, habitacle spacieux, boite automatique, direction assistée, climatisation… Cette F-Type possède même un radar de recul!
De quoi être plus serein au volant. En plus, le lundi matin, ça permet de frimer au bureau: « Ce week-end, j’ai eu une Jaguar F-Type. Je l’ai conduite du bout des doigts! Les 340ch, je les ai domptés sans problème!
Ce n’est pas une Clio !
Ca peut sembler idiot, mais il faut garder à l’esprit qu’une GT reste exclusive, en terme d’utilisation.
Sur la route, il faut éviter l’excès de confiance. En ville, ce sont les parking souterrains avec montées en colimaçon qu’il faut fuir. En cas de nuit à l’hôtel, il est indispensable de vérifier qu’il y a un parking surveillé.
Il faut aussi adapter votre planning et éviter les longs trajets. La première raison, c’est qu’il y a souvent une limite très basse dans le kilométrage. La deuxième, c’est qu’un gros moteur, ça a soif (ici, 23l/100km pour un parcours essentiellement urbain!) Et en prime, malgré les progrès, le rangement reste minuscule :
Acheter ou ne pas acheter?
Ah, le feulement du V6 à 3 000 tr/min… Ah, ce coup de pied dans les fesses en mode « S »… Et ce cockpit entièrement gainé de cuir surpiqué… Que du bonheur!
Le moment le plus douloureux, c’est lorsqu’il faut rendre les clefs. Fini de rire, retour à la citadine ou au monospace! On ferait bien encore un tour… Pourquoi ne pas acheter une GT?
La question n’est pas incongrue. Jaguar s’associe à Hertz dans le but que certaines personnes ayant loué une F-Type poussent la porte d’une concession… Pour info, il faudrait débourser 73 800€ pour s’offrir cette F-Type V6 Supercharged. Après, on tombe dans un débat quasiment philosophique!
Les passionnés vous répondent qu’on n’a qu’une seule vie et qu’il faut savoir se faire plaisir. Il y a un côté frime : avoir « sa » belle voiture. Et éventuellement, d‘aller à la rencontre d’autres propriétaires. Même si c’est un achat « passion », il est obligatoire de réfléchir un minimum. Les frais d’entretien et d’assurance sont exorbitants, sans parler des soucis (vol, dégradations, jalousies.) Et elles ont tendance à vite perdre de la valeur (les acheteurs veulent la dernière nouveauté, pas « l’avant-dernière ».) Ce sont davantage des « deuxième voiture ».
Les pragmatiques préfèrent avoir les avantages (rouler dans une grosse cylindrée), sans les inconvénients apparents. Pas d’assurance à payer! En plus, via les clubs ou les loueurs, ils disposent de véhicules toujours neufs et toujours bien entretenu. Un mail pour réserver, une carte de crédit et c’est marre! Mais ils ne seront que locataires de leur rêves…
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