Essai Infiniti G37 Cabrio face à l’Audi S5 Cabriolet (3/3)

Une histoire de choix de toit :

Cette Audi S5 représente le haut de gamme de l’Audi A5 Cabriolet. Même si cette livrée grise n’est pas celle qui, à mon goût, sied le plus a cette voiture, il faut lui reconnaitre une ligne classique mais agréable. La finition S5 ajoute une petite pointe d’agressivité, mais tout cela reste bien discret. Cependant, face  à l’Infiniti G37 Cabrio, on a l’impression que l’Audi est dérivée d’une berline, alors que la G37C a plus des airs de vrai coupé.

Mais, la grande différence entre ces deux modèles réside dans le choix du toit. Contrairement à Infiniti et Lexus, Audi est resté fidèle à la capote en toile. Une capote de très grande qualité, celle-ci isolant de l’extérieur tout aussi bien que les toits en dur des coupé-cabriolets. Alors bien sûr, une capote en toile craint les coups de canifs, ne s’intègre pas forcément aussi bien au reste de la carrosserie une fois fermée, mais offre pour compenser plusieurs avantages : d’abord, un mécanisme d’ouverture et fermeture plus simple, rapide et silencieux, et surtout, un volume moindre une fois replié. Ainsi, les CCs doivent souvent trouver un compromis entre arrière proéminent qui déséquilibre la ligne, et volume de coffre suffisant. Chez cette S5, pas de soucis, la ligne reste fidèle à celle d’une A5 sans toit, et le volume du coffre permet de s’offrir des escapades avec les bagages pour plusieurs jours, tout en roulant décapoté.

Chez Infiniti, on n’a pas recherché le compromis. C’est tout pour la ligne et rien pour le coffre une fois le toit replié. En contre partie, il faut avouer que le G37 Cabrio est un des coupé-cabriolets les plus réussis, que le toit soit en position ouverte ou fermée. De ce point de vue, c’est un vrai cabriolet, mais également un vrai coupé.

Deux idées d’un intérieur haut de gamme:

A l’intérieur, à nouveau, deux philosophies s’affrontent. Chez Audi, on garde les bonnes vieilles recettes, c’est-à-dire une finition de haut niveau et un intérieur sombre. Cependant, si cet intérieur fait bonne figure dans une Audi A4 de base, dans cette S5 Cabriolet de près de 70000 euros, il déçoit. Car à ce niveau de prix, nous nous attendions à plus de matières nobles, plus d’exclusivité. Pourtant, on apprécie les petits détails comme par exemple, le bras qui vient amener la ceinture et évite de se contorsionner pour la récupérer.

L’Infiniti n’a que faire de cette sobriété. Elle est plus démonstrative avec son cuir rouge et ses plaquages de bois. En examinant dans les détails, la finition n’est pas au même niveau que celle de l’Audi, mais l’impression générale est pourtant plus valorisante, bien que son style semble déjà un peu dater.

A l’arrière par contre, c’est match nul, chacune offrant deux places supplémentaires où deux adultes pourront prendre place sans trop souffrir, à condition que les occupants à l’avant ne reculent pas trop leurs sièges.

Pour démarrer, c’est étrangement l’Audi qui est la moins technologique. Il est nécessaire d’insérer la télécommande dans le tableau de bord et de la pousser pour animer le moteur, alors que de nombreuses compactes et la G37 Cabrio disposent du démarrage sans clé pourtant bien plus pratique.

Des moteurs différents, mais de puissance équivalente :

Si les deux motorisations offrent des puissances proches (320ch pour la G37 Cabrio, 333ch pour la S5 Cab) la technologie employée est différente. Chez Infiniti, on ne change pas une recette classique qui marche. Un bon gros V6 éprouvé dont la cylindrée a augmentée au fil des années pour atteindre désormais 3,7l. C’est le même moteur qui équipe la Nissan 370Z. Chez Audi, c’est plus sophistiqué. C’est également un 6 cylindre, mais de « seulement » 3 litres, mais compressé. A noter, que ce n’est pas le même moteur que celui qui propulse le coupé S5, qui est lui un V8.

A l’usage, ces 2 moteurs débordent de vitalité. Chez Infiniti il se manifestera aux oreilles par un son grave, plus aigu et banal chez Audi. Mais dans les deux modèles, la cavalerie est bien présente et font de ces engins, des destructeurs de brushing express. Nos deux concurrentes font également appel à des boites automatiques à 7 Vitesses (S-Tronic pour l’Audi S5) avec palettes au volant.

Pour arracher le bitume, l’Audi reprend son légendaire système Quattro. Mais pour garder un comportement de propulsion, 60% du couple est envoyé à l’arrière. L’Infiniti, elle reste fidèle à la propulsion. Mais il est dommage qu’elle fasse l’impasse sur les 4 roues directrices du coupé G37.

La technique, c’est bien, mais quant est il à l’usage? Dès les premiers tours de roues sur surface dégradée, en l’occurrence les pavés du château de Chantilly, il est évident que les deux constructeurs n’ont pas apporté le même soin à la rigidité. L’Audi est un roc, mais atteindra tout de même ses limites avec la suspension en mode sport sur ce même revêtement, où malgré la stéréo de bonne facture, des couinements se feront entendre au niveau du tableau de bord. Chez Infiniti par contre, la meilleure stéréo au monde ne pourrait cacher le manque de rigidité. Ca couine toit replié, toit qui lui aussi émet des grincements bien roturiers lors de sa manipulation.

Efficacité contre Sensations

En conduite sportive, nous retrouvons les mêmes caractéristiques que celles déjà évoquées pour l’intérieur. L’Audi S5 Cabriolet, grâce à ses 4 roues motrices et sa boite plus rapide est d’une efficacité redoutable. Il faut vraiment vouloir le faire exprès pour la faire glisser ou prendre sa motricité en défaut.

Le mode sport permet de rendre la boite encore plus rapide, et la suspension plus efficace. Mais tout n’est cependant pas parfait. La boite hésite parfois entre deux rapports et requiert un délai avant d’enclencher le prochain rapport suite à l’utilisation des palettes au volant.

Pour Nicolas, la direction de la S5 Cab manque également de communication et a un ressenti élastique peu agréable. Cela doit dépendre de la voiture à laquelle le conducteur est habitué. Pour ma part, passant de l’Audi à l’Infiniti, j’ai trouvé la direction de la G37 Cabrio trop démultipliée par rapport à celle de l’Audi, plus directe.

Cependant, après quelques kilomètres à bord de l’Infiniti, ce ressenti s’estompe et on apprécie alors une direction qui permet de faire corps avec la voiture et de pouvoir la placer exactement sur la trajectoire désirée.

L’idéal pour comparer les comportements de nos 2 sèche-cheveux est de les emmener toutes les 2 pour un petit tour sur des départementales bien sinueuses. En terme de performance, nos deux protagonistes sont à égalité, l’une n’arrivant pas à distancer l’autre. Mais l’Audi semble plus facile à maitriser. L’Infiniti G37C, elle, nécessite plus d’implication de la part du conducteur.  Mais en contrepartie, la conduite est plus gratifiante et fera remonter plus de sensations. L’Audi elle, semble plus facile, mais du coup, un peu plus ennuyeuse. Elle supporterait sans problèmes, encore plus de puissance.

Après plusieurs heures à bord de ces voitures, on devine comment c’est déroulé la genèse de ces deux bolides. L’Audi est typiquement allemande, dans le sens que c’est une voiture d’ingénieurs. On imagine les discussions techniques dans un bureau d’étude, sur les choix technologiques à prendre pour assurer une efficacité maximale. De ce point de vue là, Audi a parfaitement réussi son travail, mais au final, il manque un peu de « soul », une âme, de la chaleur, qui rendent une voiture si attachante.

Chez Infiniti, c’est plus une voiture de marketing et de passionnées de voitures. Faites moi un cabriolet 4 places qui soit beau et qui délivre un maximum de sensations. On reconnait aussi le marché pour laquelle elle est principalement destinée: l’Amérique du Nord, même si sa conception vient du Japon. L’effort a été porté dans ce qui se voit au premier coup d’œil : la ligne, les matériaux intérieurs, ou se ressent immédiatement : le couple et la sonorité d’un « gros » moteur bien coupleux. Heureusement, le comportement routier n’a lui rien de typiquement américain: il et est non seulement sain, mais également amusant. Par contre, ce qui ne se voit pas immédiatement : les détails de finition, la rigidité est un peu à la traine.

Alors, laquelle choisir ?

La Lexus est clairement dans une autre catégorie. Non seulement elle souffre d’un déficit d’une centaine de chevaux par rapports aux 2 autres, mais sa philosophie est différente. Son créneau, c’est le confort. Son but, vous isoler de la route et vous faire voyager dans un cocon. Alors même s’il existe une version IS350C non importée en France, je ne pense pas que celle-ci aurait changé mon classement… Peut-être d’ici quelques dizaines d’années… Mais ppour qui cherche une voiture confortable pour la ballade, elle est un choix qui se justifie.

L’Infiniti est la voiture qui possède le plus de caractère, et est la plus fun à conduire, bref la plus attachante. Alors c’est la gagnante? Pas forcément car qui dit cabriolet 4 places, dit un minimum de sens pratique. Et là, l’Audi prend clairement l’avantage grâce à sa capote en toile qui ménage la contenance du coffre, alors que celle-ci est nulle sur l’Infiniti en mode décapotée. Bref, avec l’Audi, vous profiterez plus souvent du soleil. L’Audi est également plus homogène, plus technologique, plus aboutie.

Cependant, si les aspects pratiques ne sont pas déterminants, l’Infiniti est la meilleure affaire du point de vue plaisir, exclusivité mais surtout financier. Car avec plus de 15000 euros de différence, on peut être prêt à pardonner, à cette G37 Cabrio, ses quelques défauts.

Vous l’aurez compris, l’Infiniti et l’Audi peuvent chacune se justifier suivant vos priorités. Alors bon vent à bord de ces cabriolets.

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