Essai Exclusif : Bolloré BlueCar « Autolib' »

Parmi les solutions alternatives à la voiture individuelle, l’auto-partage a bien l’intention de se tailler la part du lion. Et le fer de lance de ce concept, dans l’Hexagone, c’est Autolib’, implanté en région parisienne. Ou plutôt, sera le fer de lance. En effet, ce programme d’envergure (3 000 voitures prévues d’ici quelques mois et réparties sur 45 communes proches de Paris) ne sera lancé officiellement que le 5 décembre prochain. Si Autolib’ s’est montré très disert sur son système de gestion, peu d’informations on filtré sur la voiture retenue, la fameuse Bolloré BlueCar. Et surtout, aucun journaliste n’a été convié à en essayer la version définitive…

Il y a quelques jours, Autolib’ a organisé une série de test grandeur nature. Le but ? Mettre des utilisateurs lambda dans la situation que pourra rencontrer tout un chacun dans quelques semaines. Ce sont donc plusieurs dizaines de Parisiens qui ont joué les cobayes. L’occasion de nous glisser au volant de cette fameuse auto et de pouvoir parcourir quelques kilomètres à son volant. Seul regret, les conditions de cette prise en main ne nous auront pas permis de faire des photos.

Par rapport au document qui illustre cet article, les différences esthétiques sont assez nombreuses. Ainsi, la sellerie cuir beige cède sa place à un tissu gris très ordinaire, mais sans doute choisi pour ses qualités de robustesse. « Out » également les jantes alu, les supports de feux arrière laqués noir et même la peinture bleue. D’ailleurs, en ce qui concerne la peinture, l’Autolib’ en fait totalement l’économie. Ainsi, chaque panneau de carrosserie arbore une teinte métallique légèrement différente des ses voisins, donnant à la voiture un air peur engageant de « boite de conserve ». Est-ce pour celà que nombre d’entre-elles sont couvertes d’autocollants colorés ?

Autre défaut de finition extérieure, la trappe qui permet d’accéder à la prise de recharge ferme mal sur la plupart des autos présentes. La volet de coffre, lui, refusait obstinément de s’ouvrir. Sans doute les affres du début de production… La finition intérieure est plutôt correcte. Bien sûr les plastiques sont du genre basiques, mais les contre-portes, largement habillées de tissu, améliorent quelque peu la qualité perçue. Et puis, l’écran tactile multifonctions, qui regroupe notamment la radio et le GPS, ajoute une petite touche high-tech. Dommage qu’il soit positionné si bas et oblige à quitter la route des yeux.

Comme toutes les voitures électriques, la BlueCar surprend par sa franche accélération au démarrage. Idéal pour se glisser en toute sécurité dans la circulation parisienne. De plus, le moteur produit un léger bruit de turbine. De quoi vraiment se croire dans un engin du futur. En milieu urbain, la position de conduite surélevée parait idéale, sur le papier… Dans les faits, les plus de 1m80 auront l’impression de voyager avec la tête dans le pavillon. De plus, l’angle mort avant droit est extrèmement dangereux. A plusieurs reprises, il nous a fallu nous pencher pour pouvoir nous engager dans un carrefour en toute sécurité. Une lacune très étonnante, d’autant qu’un simple réglage en hauteur du siège conducteur permettrait d’y remédier.

Subsistera alors un problème que les conducteurs de voitures hybrides connaissent bien : les piétons, qui ne vous entendent pas arriver et ne prennent pas la peine de regarder avant de traverser. Le nombre croissant d’autos silencieuses arborant les rues de nos cités devraient toutefois contribuer à leur « éducation ».

Coté sensations de conduite, la BlueCar vous ramène quelques années en arrière. La suspension se montre assez ferme, la direction manque de précision… Autant de défauts indignes d’une voiture qui se réclamerait polyvalente. Ce que ne revendique pas ce modèle, qui se veut, dans le cadre d’Autolib’ en tout cas, un alternative (couteuse) aux transports en commun.

Quand à imaginer se porter acquéreur d’une BlueCar… Nul doute que la future Renault Zoé sera alors une concurrente plus que féroce.

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