Essai Audi S7 : les travers du perfectionnisme ?

Si l’A7 est proche de l’A6 dans sa conception, sa ligne est pourtant nettement plus fine et élégante que celle de sa petite sœur grâce notamment à la chute de pavillon plus prononcée et au hayon arrière. Pourtant, l’auto est imposante puisqu’elle mesure près de 5 mètres de long (4,98 mètres exactement) ! De quoi offrir une habitabilité suffisante aux quatre occupants, qui voyageront dans le plus grand confort. Le tableau de bord est calqué sur celui de l’A6, et offre donc une ergonomie soignée et une finition parfaite. Notre S7 d’essai mariait le cuir noir surpiqué sur le siège et le meuble de bord à des inserts en fibre de carbone, histoire d’afficher les prétentions sportives.

L’équipement peut bien évidemment se faire pléthorique…pour qui n’a pas peur de voir la note s’envoler. Fidèle à sa politique maison, Audi propose en effet une liste d’options épaisse comme un catalogue 3 Suisses à laquelle il faudra immanquablement avoir recours pour profiter d’équipements comme le système de navigation, les sièges chauffants ou encore les phares au Xénon. Cela peut paraître un peu pingre sur une voiture facturée près de 90.000 euros en prix de base, mais cela ne semble en rien refroidir les clients de la marque. A titre d’information, notre véhicule était affiché à 124.000 euros tout inclus, soit toute de même quelque 35.000 euros d’équipements optionnels !

De quoi profiter alors de l’affichage tête haute (dans le pare-brise), détaillé et coloré, qui s’avère très pratique, du système de navigation «Plus» incluant la visualisation de la carte et de la destination avec Google Earth et StreetView, ou encore des optiques avant full LEDs. Saluons également le dispositif MMI avec Touchpad, très pratique lorsqu’il s’agit d’entrer une destination dans le GPS en conduisant.

Hormis ses coques de rétroviseurs polies (ce qui ne saute pas aux yeux dans la livrée argentée qui était mise à notre disposition), la S7 reste très discrète et ne diffère pratiquement en rien visuellement d’une A7 «classique» dotée d’un kit S-Line. Une discrétion encore plus poussée en choisissant de supprimer les badges spécifiques sur la malle arrière et la calandre, auquel cas la voiture ne sera plus identifiable que par son diffuseur et ses quatre sorties d’échappement intégrés au bouclier arrière.

Techniquement en revanche, l’auto est très aboutie, à commencer par son V8 4.0 TFSI de 420 chevaux et 550Nm. Celui-ci est doté du système de désactivation de la moitié de ses cylindres lorsque le moteur n’est que faiblement sollicité. Un dispositif qui permet de faire baisser la consommation moyenne à 9,6l/100km. S’il s’avère aussi discret qu’efficace dans la pratique, ce système ne semble toutefois pas offrir l’économie promise par la marque, et les 6,6l/100km de consommation extra-urbaine homologués semblent tout à fait utopistes en utilisation réelle, même avec le pied léger. Mais là n’est certainement pas l’argument majeur des acheteurs d’une Audi S.

Le châssis de la S7 a également été revu en adoptant notamment une suspension adaptative permettant de conserver une hauteur d’assiette stable, tandis que la transmission est confiée d’emblée à l’excellente boîte S-Tronic à 7 rapports et au dispositif Quattro. Cette dernière peut encore être renforcée du différentiel arrière sport pour encore plus d’efficacité.

Autant d’éléments qui permettent à l’auto d’accrocher les 100km/h en 4,2 petites secondes seulement ! Un exploit au regard du poids de l’engin. Car si Audi annonce avoir travaillé sur de nouveaux acier afin de réduire au minimum la prise de poids de l’auto, cette S7 est lourde, très lourde même : 1.975 kilos. C’est 35 kilos de plus qu’une BMW 650i GranCoupé et 85 de plus qu’une Mercedes CLS500.

Du coup, en dépit de ses accélérations tonitruantes, l’auto n’a rien d’une ballerine, et les petites routes sinueuses de l’Ardenne belge empruntées lors d’une partie de cet essai ne semblent pas être son terrain de jeu favori.

Pourtant, l’efficacité est excellente, surtout compte tenu de la route humide et jonchée de feuilles mortes en ce début d’automne. Jamais la motricité n’a été prise en défaut, la voiture s’agrippant au bitume en toutes conditions pour propulser l’auto avant de bondir sur les freins en carbone-céramique (une option à plus de 9.000 euros !) à l’approche de la courbe suivante avec un mordant plus qu’exemplaire. Mais l’encombrement ne joue pas en sa faveur dans les virages serrés et épingles, et l’inertie à la réaccélération est énorme.

A cela, la S7 préfère les portions de route rapide et les larges courbes passées pied au plancher, conditions dans lesquelles elle peut faire étalage de toute sa stabilité et de l’excellent compromis de ses suspensions entre confort et sportivité. L’appui aérodynamique est alors assurée par le petit becquet escamotable sur la pointe du hayon qui sort automatique à partir de 130km/h. Un véritable avion furtif qu’il faudra gérer avec parcimonie si l’on veut conserver son permis en poche.

Toutefois, l’auto n’en devient pas pour autant passionnante à conduire. Certes la direction est ferme est précise, mais ne communique rien au conducteur. Pas plus d’ailleurs que la sonorité du V8 parfaitement calfeutrée au niveau du cocon moteur, et trop discrète dans le traitement de l’échappement (en dépit d’un «booster» sonore activé en mode sport). Deux détails que regretteront les vrais amateurs de sportivité.

La S7 est avant-tout une grande routière tout à fait utilisable au quotidien grâce à la grande disponibilité de son V8 et à ses esprits pratiques intacts. Le moteur reprend sans broncher à des rotations incroyablement faibles (le couple maxi est atteint dès…1.400tr/min !) ce qui rend l’auto tout à fait apte à un usage paisible au moment d’aller faire les courses. Ce à quoi se prête également le coffre de 535 litres avec trappe à skis pour les longs objets.

Conclusion

Fidèle à elle-même, Audi nous sort encore une fois le grand jeu avec sa S7, aussi discrète que performante, aussi efficace que polyvalente. Mais fidèle à elle-même également, cette recherche de la perfection en matière d’efficacité et de performances nuit quelque peu au plaisir de conduite «sensoriel». Mieux vaut le savoir…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *