Contrairement à la précédente génération d’A3, il n’aura donc pas fallu attendre la toute fin de carrière du modèle pour découvrir la version RS. On imagine que la marque aux anneaux a préféré lancer au plus vite une concurrente directe pour la Mercedes A45 AMG, qui dominait seule le marché de la compacte premium à très hautes performances. La formule de base est d’ailleurs exactement la même que sur sa concurrente allemande, avec une transmission à quatre roues motrices dans une carrosserie cinq portes et un moteur très puissant sous le capot.
Mais pour Audi, pas question d’abandonner le cinq cylindres en ligne de la précédente génération (RS3 et TT-RS), un bloc salué pour son tempérament sonore et son architecture qui rendait un bel hommage aux premières sportives de l’histoire de la marque. Au petit quatre cylindres turbo de 2,0 litres de la Mercedes, Audi oppose une évolution du bloc 2,5 litres turbo déjà vu sur le récent Q3 RS restylé, poussé à 367 chevaux et 465 Nm de couple histoire de coiffer au poteau le bloc Mercedes (360 chevaux et 450 Nm). Un moteur qui se retrouvera prochainement sous le capot du TT RS nouvelle mouture, probablement dans une version encore plus puissante.
Redoutable sleeper
Avec ses badges « RS », ses entrées d’air plus généreuses et ses voies élargies, la RS3 Sportback ne trompera aucun spécialiste de la chose automobile surtout dans le coloris de notre modèle d’essai. Mais prenez-la en gris métal avec des jantes discrètes et un spoiler avant peint dans la même couleur, et vous obtenez alors un sacré sleeper qui humiliera de vraies supercars à chaque départ arrêté. Malgré les deux grosses sorties d’échappement et le diffuseur arrière, je trouve que le style général reste relativement sobre et la remarque est également valable pour l’intérieur. Mis à part quelques badges « RS », des baquets optionnels à la finition impressionnante et un curieux volant recouvert d’Alcantara là où les mains ne le touchent pas, l’habitacle de la RS3 ressemble beaucoup à celui d’une « simple » A3. On retrouve donc l’excellente ergonomie de le la compacte aux anneaux et une finition exemplaire dans la catégorie.
L’équipement est pléthorique et le carnet d’options est long comme un Q7. Grâce aux cinq portes et aux places arrière assez généreuses, la RS3 Sportback pourrait jouer les familiales sans aucun problème. Les premiers tours de roues en ville donnent d’ailleurs l’impression de conduire une paisible berline à la transmission douce et à la direction légère, même si le feulement de son bloc fournit un appréciable fond sonore. En mode Confort, la suspension pilotée nous semble paramétrée comme dans une S3 c’est à dire ferme mais supportable même sur de très longs trajets. Et tant que l’on ne joue pas avec le moteur, la consommation reste à un niveau tout à fait décent : moins de 10 litres aux 100 kilomètres en roulant normalement.
Satellisation musicale et enfantine
Drive Select ajusté en mode Dynamic, on tente d’abord un petit Launch Control (0 à 100 km/h en 4,3 secondes) avant d’attaquer les cols d’arrière pays. Sur l’exercice du départ arrêté cette machine vous colle le même genre de vertige qu’une GT-R entre 0 et 50 km/h, et la poussée au delà de cette vitesse est sans doute plus forte qu’au volant de l’ancienne R8 V8. Imaginez une S3 avec des capacités d’accélération encore plus fortes et un accompagnement sonore extrêmement flatteur : Le comportement dynamique reste typiquement Audi avec une efficacité impressionnante mais une attaque très facile quelque soit le type de route. 100% neutre dans ses réactions, l’auto invite à accélérer même en pleine courbe serrée et aucun mouvement du train arrière ne viendra perturber la folle chevauchée en montagne.
On reste dans le feeling d’une traction améliorée, mais j’ai l’impression que le train arrière enroule un peu plus volontiers que celui de la S3 même avec beaucoup d’angle de volant et un accélérateur bloqué à fond. La transmission plus sophistiquée y est sans doute pour quelque chose. La boîte est presque parfaite et reste au rupteur si on joue avec sur les montées de rapport, et la rapidité est quasiment au niveau d’une authentique supercar de nouvelle génération. Seul la plage autorisée pour le rétrogradage paraît parfois trop limitée en conduite très agressive.
Au fil des courbes, on se prend à augmenter le rythme et on finit par rouler tellement fort que l’auto sous-vire systématiquement malgré un train avant offrant beaucoup de grip : avec un comportement dynamique aussi lisse, le seul risque est de tirer tout droit en arrivant beaucoup trop vite, aveuglé par la facilité démoniaque de la bête. Il n’est vraiment pas difficile d’atteindre 180 km/h entre deux virages serrés ! Seul problème après de longues minutes à un rythme extrême, la pédale de freins finit par s’allonger un peu avec les freins de série en acier. Pour les plus agressifs d’entre vous, mieux vaudra opter pour les disques optionnels en carbone-céramique mais il faudra pour cela ajouter le prix d’une bonne Dacia Sandero d’occasion (6000 euros environ).
Un prix de GT
Loin d’offrir le pilotage au scalpel d’une Megane RS Trophy, l’Audi RS3 boxe dans une toute autre catégorie en matière d’agrément mécanique, de polyvalence et de prix. Même la Mercedes A45 AMG est plus abordable avec une addition qui débute à 52 800 euros contre 56 900 euros pour l’Audi, sans l’amortissement piloté ni les freins carbone-céramique. Si vous rajoutez ces équipements en plus de cocher beaucoup d’options de technologie embarquée, vous êtes largement au dessus des 70 000 euros. Du jamais vu sur une sportive compacte mais sur le plan des performances et de la polyvalence, la RS3 Sportback est de toute façon au niveau d’une GT de segment supérieur.
Elle est bien là, la question : êtes-vous prêt à mettre autant d’argent dans une berline compacte que dans une vraie sportive ? Si oui, le grand écart dont est capable la RS3 est parfait et l’agrément extraordinaire du 5 cylindres réchauffera vous journées les plus ennuyeuses. Notez cependant que la S3, plus abordable de 8 000 euros, est déjà très véloce et tout aussi polyvalente. Et si vous préférez le pilotage plus engageant d’une propulsion, il faudra attendre la réplique de chez BMW avec la M2 dont le tarif sera sans doute tout aussi astronomique.
+ | Style contenu |
Moteur extraordinaire | |
Confort préservé | |
– | Prix élitiste |
Comportement trop lisse ? |
Audi RS3 Sportback | |
Moteur | |
Type et implantation | 5 cylindres en ligne 20 soupapes
Turbo – Injection directe |
Essence | |
Cylindrée (cm3) | 2480 |
Puissance (kW/ch) à tr/mn | 270/367 à 5550 |
Couple (Nm) à tr/mn | 465 à 1625 |
Transmission | |
Roues motrices | Quatre roues motrices |
Boîte de vitesses | Double embrayage à 7 rapports |
Châssis | |
Suspension avant | NC |
Suspension arrière | NC |
Freins | 4 disques ventilés percés |
Jantes et pneus | 235/35R19 |
Performances | |
Vitesse maximale (km/h) | 250 |
0 à 100 km/h (s) | 4,3 |
Consommation | |
Cycle urbain (l/100 km) | 11,2 |
Cycle extra-urbain (l/100 km) | 6,3 |
Cycle mixte (l/100 km) | 8,1 |
CO2 (g/km) | 189 |
Dimensions | |
Longueur (mm) | 4343 |
Largeur (mm) | 1800 |
Hauteur (mm) | 1400 |
Empattement (mm) | 2631 |
Volume de coffre (l) | 280 → 1120 |
Réservoir (l) | 55 |
Masse à vide (kg) | 1520 |
Crédit photos : Cédric Pinatel / le blog auto