Pas une ride
La découverte d’un nouveau modèle passe toujours par le premier regard que l’on a sur sa plastique. A ce niveau Audi fait honneur à son traditionnel coup de crayon : c’est la même qu’avant. Voilà de quoi faire hurler les adeptes de la marque, d’autant qu’en réalité aucune pièce de carrosserie n’est identique à la génération précédente : les phares sont plus acérés, la calandre rajeunie, la croupe plus fine. Mais pour des clients n’ayant pas le nez en permanence dans la brochure, la nouvelle A3 ressemblera plus à une version liftée de sa devancière qu’à un modèle tout frais. Cela est particulièrement visible sur le dessin latéral de l’auto qui n’évolue que très peu. L’idée générale est clairement « on ne change pas une équipe qui gagne », ce qui peut rassurer l’acheteur dans une période où s’attacher à des valeurs sûres est réconfortant, mais elle révèle également une aversion à la prise de risque quand des marques telle Mercedes font preuve de plus d’audace stylistique. Audi privilégie la création d’une gamme cohérente, où l’introduction d’un élément de design (phare, calandre…) s’étendra à tous ses modèles, et vise clairement une clientèle aimant la discrétion, pour laquelle la place du conducteur est plus enviable que celle du piéton qui regarde (ou ignore) la voiture passant devant lui.
Jeunesse intérieure
On reproche souvent aux allemandes une certaine austérité dans la vie offerte à bord. La nouvelle A3 propose pourtant un bon compromis entre classicisme et originalité. Comme on pouvait s’y attendre, l’auto ne souffre d’aucun reproche concernant les matériaux et leur assemblage. Ca en devient presque frustrant de chercher la petite bête que l’on ne trouve pas. Mais en plus de cette qualité apparente, un effort particulier a été fait pour se sentir bien dans cet intérieur. La baguette courant le long du tableau de bord donne une discrète touche de gaité, les aérateurs ronds cerclés façon chrome apportent pour leur part un aspect néo-rétro renforcé par les boutons à bascule qui font un peu penser, c’est étonnant, à l’Alfa 8C. Les selleries en offrent pour tous les goûts allant du cuir noir classique, au brun très « club anglais et gros cigare », au plus pimpant orange éclairant l’habitacle. De nuit, on remarquera également les guides lumineux autour des porte-gobelets et des hauts-parleurs Bang & Olufsen. Tout est fait avec de la retenue mais au final contribue à une ambiance chaleureuse.
Cet agrément à bord est également soutenu par la facilité d’utilisation des commandes. Tout est intuitif, à l’image du contrôle de volume déporté sur la droite du levier de vitesse. Étrange en apparence, semblant plus conçu pour le passager, la commande tombe pourtant sous la main en laissant glisser celle-ci du levier de vitesse vers ce bouton, le tout sans effleurer la jambe de votre passager ou passagère (ou alors c’était un acte volontaire). Le pavé MMI est également revu et parfaitement intégré. La molette d’un usage classique cache ainsi en son centre un pavé tactile permettant de donner des ordres du bout des doigts, l’usage le plus courant étant de dessiner des lettres pour entrer le nom d’une ville, d’un contact téléphonique… L’écran du GPS pour sa part se cache dans le tableau de bord, dont même la trappe semble avoir fait l’objet d’un soin particulier en terme de finition.
Les sièges offrent ce que l’on est en droit d’attendre d’une compacte : la capacité de faire de longs trajets sans fatigue. Ils sont fermes mais offrent un bon maintien, avec un réglage électrique des lombaires, quand la hauteur de l’assise reste manuelle sur notre version. La banquette arrière propose ce même confort. Cependant, si les grands gabarits trouveront une hauteur de toit largement suffisante, les jambes seront à l’étroit malgré le dossier des sièges avant sculptés. L’accès à ces places demande également un peu de contorsion et amène à conseiller l’auto pour des couples avec enfants en bas-âge qui seront encore à leur aise, ou des passagers adultes occasionnels. Pour les autres (siège bébé, ados encore en mal d’auto…) il sera préférable d’attendre la prochaine version Sportback. Le coffre de 365cm3 permet pour sa part d’emmener tout le nécessaire pour des vacances prolongées.
En pleine forme
Du côté des motorisations, l’Audi A3 nouvelle mouture nous arrive avec un diesel (2.0 TDI de 150ch) et deux essence (1.4 TFSI de122ch et 1.8 TFSI de 180ch). Nous avons opté pour l’essai du 180ch : ça ne sera pas le plus vendu, mais sûrement celui qui fait le plus envie. Il faut savoir qu’une des satisfactions d’Audi est d’avoir réussi à alléger considérablement son auto. Plus de 80kg ont été gagnés par rapport à la génération précédente, grâce entre autre à l’utilisation d’aciers légers, d’aluminium, et d’un usinage spécifique. Notre bloc moteur pèse pour sa part dans les 140kg, et l’auto affiche un poids sur la balance de 1250kg. Pour comparaison, un Peugeot RCZ de 200ch affiche 1297kg. Sur le papier, le rapport poids/puissance est intéressant.
D’une pression sur le bouton start, l’auto démarre dans un bruit plutôt feutré. Les amateurs de sons rauques seront déçus, car Audi a bien civilisé son auto, et un « sound system » manque à l’appel. L’insonorisation est de haut niveau, et même lorsque le pied droit se fait plus lourd, l’auto reste une familiale de bon confort où parler à bord se fera sans hausser la voix. Et de fait, on arrive sans effort à des vitesses élevées sans s’en rendre compte. Garder un œil sur le compteur pour conserver ses points sera nécessaire. Les 180 chevaux permettent de bonnes accélérations avec un 0 à 100 en 7,2s. Il ne s’avère pas utile de jouer du levier de vitesse, le moteur se montrant très souple dans son utilisation dès le 3ème rapport, toujours prêt à réagir dès que l’on effleure la pédale de l’accélérateur. Les amateurs de conduite apprécieront et pourront même regretter l’absence d’un vrai frein à main pour s’offrir quelques plaisirs peu avouables lors de virages en épingle à la visibilité dégagée. D’autant que le train avant est précis, et l’on positionne son A3 exactement où on le désire. On notera tout de même sur la version 180ch quattro qu’en cas de poussée des gaz un peu brusque ou lors d’une prise de virage un peu trop rapide, le train arrière laisse entendre son envie de se dérober. En rien dangereux, ce comportement joueur surprend quand même au milieu du confort permanent qu’entretient l’auto.
La fameuse plateforme MQB que le groupe décline sous toutes les formes distille un confort de bon niveau, avec des réglages de suspension gommant bien les aspérités de la route. L’ensemble est à peine ferme, ne pompe pas, et ne traite jamais mal vos lombaires : confort et sécurité semblent les maîtres mots à bord.
Les 180 chevaux ne seront pas utiles pour tous. Les conducteurs n’ayant pas l’inclination à se prendre pour un pilote auront tout intérêt à se diriger vers le modèle de 122ch. On y retrouve cette même capacité d’accélérer de façon linéaire et efficace, permettant de doubler en toute sécurité par exemple. Et comme on joue moins avec le feu, on passe aussi sur une consommation plus raisonnable constatée vers les 7l/100, contre 10l pour le modèle 180ch dès qu’on le taquine un peu.
Il est également à noter qu’un 1.4 TFSI de 140ch sera prochainement disponible. Ce dernier utilise le système COD (Cylinder On Demand) permettant de passer de 4 à 2 cylindre tout en roulant. Il s’avère fluide à l’utilisation, et sait propulser rapidement l’auto, même sur 2 cylindres. Nous ne l’avons que brièvement pris en main, et un test plus complet sera effectué ultérieurement.
Au final l’Audi A3 est vraiment pétrie de qualités mais se vit bien plus à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’idée générale est d’évoluer de génération en génération tout en confortant le savoir faire technologique maison, et cela pour le plus grand bonheur de sa clientèle qui de toutes façons est prête à en payer le prix fort. Le niveau de base coûte la bagatelle de 23500€ et comporte en équipements principaux une climatisation manuelle, un autoradio, des airbags frontaux, latéraux, de tête et genoux côté conducteur. Il faudra se tourner vers les niveaux supérieurs pour accéder à des options comme la vitesse adaptative par rapport au trafic environnant, les très efficaces détecteurs d’angles morts, le correcteur de trajectoire, le stationnement automatique et d’autres équipements que l’on trouve généralement sur des véhicules plus haut de gamme.
Audi reconnait clairement que sa clientèle vise le meilleur et en accepte les conditions d’accès, c’est à dire faire un chèque d’un montant correspondant à celui d’une berline de qualité bien équipée chez un généraliste pour avoir une compacte. Mais en dehors de sa ligne trop timorée, le propriétaire ne regrettera pas ses euros investis. Du moins est-ce le cas pour les versions bien équipées en technologie embarquée creusant l’écart avec la concurrence. Sur les entrées de gamme, la proposition est moins évidente et on pourra y réfléchir à deux fois. Un dernier point dont on peut tenir compte est la valeur de revente plutôt élevée : de quoi laisser du temps au temps.
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Photos : leblogauto.com
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