Essai Alfa Romeo Brera : lattirance par le charme (2 et fin)

La première partie sest beaucoup intéressée au moteur « mazout » de la Brera. Un groupe harmonieux mais paresseux à bas régime. Avant de voir si le V6 essence est plus vif, il convient dévoquer le comportement de la Brera. Car, un coupé ne peut se permettre de jouer dans le bac à sable. Il a besoin de sérieux et de tenue. Cest indispensable.

La Brera reprend la plateforme de la 159, mais raccourcie de 17,5 cm. On y retrouve donc la suspension avant en quadrilatère haut mais avec des améliorations techniques. Ainsi l’axe de braquage a été rapproché du centre de la roue et le coupé montre davantage de parallélisme dans le mouvement des roues lors du braquage. Le groupe ressort/amortisseur coaxial bitube a été surdimensionné. Enfin, la suspension a été reliée à la coque par le biais d’un berceau à géométrie fermée, plus rigide, comportant une seule traverse. La nouvelle suspension arrière du type multilink est une solution à trois leviers et lame transversale.

Concrètement, la Brera a un comportement sain. Bien quétant une traction, ce coupé sportif se montre dynamique en courbes. Il est donc amusant denfiler les virages, dautant que la direction à crémaillère et assistance hydraulique est directe et précise. Malgré son poids handicapant, lItalienne arrive donc à donner du plaisir sur les petites routes. Toutefois, elle se montre sous-vireuse à rythme élevé. Effet secondaire de lenvoi de la puissance aux roues avant. En plus, la motricité souffre parfois du trop plein de couple du moteur Diesel. Et les patinages ne sont pas rares. Sur autoroute, on profite dun réglage assurant de bons filtrages. On peut donc avaler les rubans de bitume en toute quiétude. Sur les routes en mauvais état, ce choix montre parfois ses limites, mais globalement, la tenue de route et le comportement de la Brera sont fort convaincants. En ville, la direction fait ici aussi des merveilles. Mais la visibilité est limitée. Ce qui ne simplifie pas les changements de lignes dans la densité de circulation. Le freinage est efficace malgré le poids de ce coupé. Toutefois, sur la durée, les kilos de la Brera se font ressentir et lABS a tendance à vite se mettre en route.

Jai aussi brièvement pris le volant de la version Q4 avec le V6 3.2 litres essence. Sur le parcours autour de Knokke, jai apprécié la motricité et la stabilité de la transmission intégrale avec différentiel central Torsen C répartissant 43 % du couple sur lavant en temps normal. Évidemment, le différentiel central est en mesure de transmettre en permanence le couple moteur à l’essieu qui présente la meilleure adhérence avec des répartitions extrêmes de 72/28 et 22/78. Cette solution se montre dailleurs un peu plus joueuse que la Brera JTDm. Sous le capot, on retrouve ici un V6 dorigine australienne, un Holden (du groupe GM). Et on déchante un peu. Ce moteur de 260 ch a des vocalises de chanteur dopérette, alors quAlfa nous avait surtout habitué à une symphonie plus ample. Ce nest pas que la mélodie nest pas intéressante. Elle ne donne pas ces frissons et ces sentiments que seules les plus belles uvres savent gratifier. Avec ce bloc, la Brera accélère de 0 à 100 en 6,8 s et roule à 240 km/h maxi avec, ici aussi, une boîte est parfaitement étagée. Certes, lessai fut bref, mais on a néanmoins noté une certaine torpeur liée apparemment à une souplesse trop large. Il est vrai que 90 % du couple maximal de 322 Nm (à 4500 tr/min) est déjà disponible à 1800 tr/min. Un moteur essence de ce gabarit doit se montrer explosif avec une courbe de régime pointue pour donner un bon coup de pied aux fesses. On ne retrouve pas ce genre de sensations ici, on sent que cela pousse mais de manière progressive.

Question vie à bord, cest surtout à deux. Cette voiture na rien dune familiale car elle est radine en espaces de rangement. Son coffre est peut-être modulable avec une capacité de chargement de 300 à 610 litres, mais sa baie de chargement est trop haute. Et puis, il y a le couac stupide. On la déjà dit, les places arrière sont anecdotiques. Pourtant, Alfa a tout prévu pour quon puisse y accéder. Ainsi, lorsque lon plie les sièges avant, ils avancent électriquement pour pouvoir passer. Sauf quau passage, le siège racle le tapis de sol, pourtant issu des accessoires Alfa. Nos deux modèles ont ainsi eu les attache-tapis complètement détruites. Dès lors, on a sous les pieds une carpette baladeuse. Quil faut parfois replacer si on ne veut pas la voir sous les pédales. Un défaut ridicule de finition et bien navrant. En réalité, le siège est placé assez haut. Mais vu ma morphologie, je lavais descendu au minimum. Avec pour conséquence larrachage de tapis.

En conclusion, lAlfa Romeo Brera sait se montrer vive et efficace tout en dégageant une image valorisante par ses lignes merveilleuses. Utilisable au quotidien pour un couple, il ne faut pas y voir un coupé 4 places, mais plutôt un 2+2. La version Diesel séduit par sa puissance et la mélodie quelle dégage, tout en étant trop frileux à bas régime. Contrairement au 3.2 V6 JTS essence plus souple mais au chant décevant. On se consolera sur les choix techniques du châssis. De ce point de vue, cette voiture sait tout faire : rouler vite et confortablement, virer sportivement et efficacement, se balader calmement et accélérer vivement.

En France, la Brera 2.4 JTDm se négocie à partir de 36.000 euros. En Belgique, elle est facturée à partir de 35.400 euros.

Sites constructeur : Belgique France

1re partie

Photos : Olivier Duquesne

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