La Brera a du style. Cest évident. Alfa Romeo a eu le nez fin en produisant le concept dessiné par Giorgetto Giugiaro. Voici un coupé 2+2 alimenté au charisme et qui ne laisse pas indifférent. Surtout lorsque la livrée est bleue comme le modèle gazole de 200 ch essayé. En parallèle, nous avons aussi fait un petit tour en Brera 3.2 JTS Q4 avec son V6 et ses quatre roues motrices.
Ninon de Lenclos, femme de lettres du XVIIe, disait que « Une beauté sans grâce est une beauté sans appas ». LAlfa Romeo Brera a surtout du charme et une grâce indéfinissable qui interloquent. On peut ne pas aimer son arrière-train. Mais comment nier le fait que de face et de profil, elle a les atours qui poussent à lachat impulsif. Oui, la Brera a du charme Encore faut-il pouvoir succomber à son caractère pour en faire une partenaire de longue durée.
Guigiaro a réussi le prodige de garder les gènes Alfa avec une calandre caractéristique, tout en jouant sur les lignes et les angles pour lui donner ce petit truc en plus qui prouve son talent de styliste. La signature Alfa Romeo, on la découvre aussi à lintérieur avec un poste de pilotage bien séparé dans lhabitacle. Ici, le maître à bord est celui qui a le volant entre les mains. Dailleurs, ceux qui ont le malheur dêtre à larrière le regrettent. Tout autant par linconfort de places étriquées que par limpossibilité de goûter aux sensations procurées par la conduite.
Seulement voilà, la belle Italienne nest pas une reine du régime. Elle pèse un bon 1600 kg. Un fameux handicap. Sur le papier, la Brera 2.4 JTDm montre une belle prestance : 200 ch et 400 Nm. Le cinq cylindres en ligne turbodiesel de 2387 cm³ autorise un 0 à 100 km/h en 8,1 s et une vitesse maxi de 228 km/h. Mais ça sonne creux à bas régime. Cest bien là le comble de ce gazole. Il faut le conduire comme une essence, sauf que la plage en haut régime est beaucoup plus étroite. Donc, on se trouve coincé à devoir jouer sur une plage limitée du compte-tours si on veut un minimum de punch. Ce manque de relance à bas régime gâche vraiment le confort de conduite, dautant que le Multijet propose une acoustique harmonieuse. Un son grave, certes, mais étonnamment plaisant. Je vois les anti-Diesel bondir de leur chaise, crier au scandale, préparer des commentaires assassins ou jeter leur PC de dépit. Et pourtant, cette Brera faisait tourner les têtes rien que par son bruit. Véridique, plusieurs passants se sont retournés, intrigués par ce son étrange et viril qui leur arrivait dans le dos. Cétait une Brera bleue roulant au Diesel. Et au volant, on samuse à appuyer sur le champignon, au bon régime moteur, pour entendre la mélodie baroque sortant des doubles échappements envahir lhabitacle. En conduite de croisière, linsonorisation apporte une réelle sérénité à bord.
Ce groupe motopropulseur est dérivé du 2.4 JTD 20 soupapes Common Rail de la 159. Les quatre soupapes par cylindre sont commandées par un double arbre à cames en tête, au moyen de poussoirs hydrauliques et de culbuteurs. Le système à rampe commune comporte deux nouvelles stratégies de contrôle automatique des calibrages et de léquilibrage du gazole injecté, pour éliminer les vibrations et fonctionner en silence. En réalité, tout le moteur a été retravaillé et certains de ses composants sont inédits comme la nouvelle culasse dotée de soupapes dadmission avec une tige de petites dimensions. Ce nest pas tout, les bielles en acier fracturé ont un nouveau dessin, le collecteur dadmission est doté dun papillon sur lun des deux conduits daspiration des cylindres pour piloter la turbulence de lair admis et léchangeur thermique a été agrandi. Dautres éléments ont été repensés comme le système EGR à commande électronique avec refroidissement des gaz déchappement. Le moteur de la Brera 2.4 JTDm accueille aussi une nouvelle pompe à huile, un échangeur thermique air/huile extérieur pour le refroidissement de lhuile et une nouvelle pompe à eau pour le circuit de refroidissement.
Au volant, on remarque de suite un indicateur peu courant, celui de la pression du turbo. Ce qui permet de suivre son travail du coin de lil. La suralimentation est assurée par un turbocompresseur pourvu dune turbine à géométrie variable. Le turbocompresseur a dailleurs été réglé spécifiquement. Pourtant, son inertie empêche lAlfa dêtre vigoureuse sous les 2000 tr/min. On est donc obligé de jouer du levier de vitesses. Heureusement, la commande de boîte est précise et les six rapports bien étagés.
Sites constructeur : Belgique – France
Photos : Olivier Duquesne