Don Panoz (1935 – 2018) : disparition d’un amoureux de l’automobile

Donald Panoz est le fils d’un immigré italien (Eugenio Panunzio) originaire des Abruzzes. Il naît à Alliance dans l’Ohio le 13 février 1935 et poursuit des études militaires à l’école Greenbrier à Lewisburg, West Virginia (devenue depuis une école d’ostéopathie). Il y rencontre sa future femme Nancy et tous les deux s’établissent à Pittsburgh.

Don Panoz y ouvre deux pharmacies et reprend des études de commerce. Il co-fonde Mylan Pharmaceuticals en 1961. Il quitte la société en 1969 quand son cofondateur Milan Puskar refuse de commercialiser un patch trans-dermique de sa conception (les fameux patchs à la nicotine). Don Panoz part alors en Irlande et fonde son propre laboratoire, Elan corporation. Don Panoz fera fortune avec cette société.

Passionné de sport auto et fin businessman

La partie la plus connue des fans de sport automobile, c’est Panoz Auto Development. Dan, le fils de Don Panoz rachète en 1990 les droits d’un châssis d’un ancien constructeur irlandais, Thompson Motor Company en faillite. Convaincu par son fils, Don investit dans son affaire.

La production est lancée deux ans plus tard à Atlanta en Géorgie. Ce premier modèle, c’est la Panoz Roadster. Similaire dans l’esprit et le style à la Plymouth Prowler, la Panoz Roadster a un châssis en aluminium, dispose d’un V8 de 5 litres, et est un « roadster à l’américaine ». Succès d’estime pour le Roadster qui sera produit à 44 exemplaires.

Son successeur, l’AIV Roadster, se vendra 4 fois plus, toujours selon la même philosophie. Entre temps, Don Panoz estime qu’il faut se lancer dans le sport automobile pour faire de la publicité à la petite marque « 100% US ». Pour cela, Panoz lance l’Esperante GTR-1, version de route de la voiture d’endurance. L’Esperante fera sensation aux 24 heures du Mans.

Il faut dire qu’il y a de quoi. Son look tout d’abord. Très long capot, pour y loger un énorme V8 de 6 litres en position centrale-avant. Le bruit ensuite qui déchire la nuit sarthoise. La voiture devient vite la favorite des fans des bords de piste. La version de route se contente de 305 chevaux issus de son V8 Ford de 4,6 litres quand la version de course possède un V8 de 6 litres et 640 chevaux. La légèreté de la voiture (1 200 kg) et son côté « rustique » en fond un must have pour les fondus de voiture américaine.

Des voitures devenues des mythes des 24H du Mans

La Panoz Esperante ne sera pas la seule création de Don Panoz en sport automobile. On lui doit aussi l’American Le Mans Series, une école de formation de pilote, et différentes participation dans des championnats de sport auto. Côté voiture, il y aura aussi la barquette Panoz LMP-1 Roadster-S et l’Esperante GT-LM. Cette dernière permettra à Panoz de décrocher une victoire en GT2 aux 24 heures du Mans 2006.

Panoz y reviendra en 2012 avec la Deltawing. Une nouvelle fois, Don Panoz bouscule les code de la course et tente le pari de Ben Bowlby. La voiture « triangle » – un immense diffuseur sans aileron – s’engage dans le cadre du « garage 56 ». L’aventure s’arrêtera après un accrochage avec une Toyota qui l’enverra dans le mur. Don Panoz est visiblement touché et ne feint pas ses émotions. Il pleure dans le paddock. J’en fus l’un des témoins privilégiés, invité par l’écurie pour l’occasion.

Don Panoz fera évoluer la Deltawing pour en faire un coupé. Il se lancera dans une bataille contre l’ancien partenaire, Nissan qui a débauche Bowlby et lancé sa propre version, électrique, de la Deltawing.

L’Avezzano, retour aux sources

Son dernier fait d’arme, c’est l’Avezzano. La voiture porte le nom de la ville d’origine de son père Eugenio Panunzio. La version de course décroche 6 victoires et 10 podiums en 18 courses lors de sa première saison du Pirelli World Challenge catégorie GTS, en 2017. Le constructeurs manque d’un rien la victoire au championnat constructeur derrière Chevrolet. Il y a 10 jours, Panoz a remporté le titre en Sprint/SprintX et va s’attaquer à la GT avec l’Avezzano. Ainsi, Don Panoz a réussi a remettre Panoz sur le devant de la scène du sport automobile.

Avec la disparition de Don Panoz, c’est l’un des plus grands passionnés de sport automobile qui s’en va.

Panoz continue de commercialiser ses voitures homologuées pour la route. Comptez 160 000 dollars pour une Avezzano, ou une Esperante. Faites entièrement à la main, elles valent certainement chaque dollar de leur prix.

Illustration : T. Emme / Leblogauto.com (Don Panoz au milieu, Pascal Couasnon de Michelin Sport à droite)

(6 commentaires)

  1. N’oublions pas la création du Petit Le Mans à Road Atlanta.
    Le bruit camionesque de l’Esperante dans la nuit des 24 Heures, inoubliable !

  2. Un nom sacré qui s’éteint avec sa marque ? J’aurais tellement aimé que cette marque rencontre un peu plus de succès , des sportives au look totalement différent de ce qu’on à l’habitude de voir , d’une extravagance extrême à l’image d’une Marcos Mantis ( par exemple ) ce sont des véhicules comme ça qui manque plutôt que la flopée de banales Ferrari rouge écumeuses de croisette …

    1. Non Seb, la marque est gérée par Dan, le fils.
      Disons que Don Panoz était surtout un formidable négociateur en plus d’un visionnaire.
      Pour lui, Le Mans devait revenir aux fondamentaux. C’est à dire des GT survitaminées dérivées de modèles de route (ou dont on dérive des modèles de route…).

      https://www.leblogauto.com/wp-content/uploads/2016/11/3-4-front-adjusted.jpg.jpg
      http://world-challenge.com/wp-content/uploads/2017/03/2017-03-06-panoz.jpg

      J’ai eu la chance de discuter avec lui au cours des essais de la Deltawing et de la course du Mans 2012.
      Un homme pesant des millions de dollars, discutant simplement sur sa vision de la course auto, des voitures, les yeux brillants, comme n’importe quel passionné de voiture.
      Il avait les moyens de ses rêves et n’hésitait pas à foncer.

      1. J’ai eu la chance de le recevoir chez moi pour deux éditions au Mans ( 2006) et il m’avait avoué que sa vie avait commencé ( 66ans ) lors de sa découverte des 24h du Mans… un homme plein de projets et sa devise : le moteur est toujours devant car  » jamais un cheval pousse la charette mais la tire !…  » Adieu beaucoup de trsitesse : je pens à sa famille et son fils Dany avec qui il était très lié…

  3. J’ai chez moi un croquis fait sur un coin de table lors d’un dîner qui illustre ses voitures 🙂

    Et comme indiqué par @gigi4lm, il ne faut pas oublier Road Atlanta (Petit Le Mans) ainsi que diverses courses ou championnats qu’il a lancé ou tiré avec lui.
    Il faut que je remette la main sur les photos du Mans 2012 que j’ai sur un disque.

  4. je suis « tombé dedans » quand je suis allé aux 24 Heures du Mans en 1997, la ligne, le bruit de l’esperante GTR-1, ma fait aimer cette marque ,j’ai espéré qu’un jour PANOZ gagne Le Mans au classement général ,j’y ai cru en 2000 quand ils sont venu avec 5 voitures, mais Audi avait trop bien préparé cette course.La revanche PANOZ l’aura quelques mois plus tard aux 1000 kms du Nürburgring ou la PANOZ gagnera la course au nez et à la barbe des Audi et BMW,un grand Monsieur passionné par la course auto et la France s’en est allé, bon repos Mr Panoz.

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