Rarement a-t-on vu monument aussi compact. Pourtant, cette Mazda RX-8 en est un, de style ! Des ces ailes fortement échancrées aux portes à ouverture antagoniste en passant par le motif du rotor sculpté sur le haut du capot. Une ligne fine, élancée, agressive qui se positionne à la pointe de la modernité. Les grandes roues et les ouïes latérales parachèvent l’oeuvre en lui faisant exhaler la puissance.
L’homogénéité de l’ensemble, sous-tendue par une inspiration admirable de la part des designers, intimide quelque peu au moment de monter, que dis-je, descendre à bord. Mon vieux jean, ma chemise mal repassée et mon sac à dos en promotion ne risquent-ils pas de gâcher le tableau ? Mais foin de scrupules dont le lecteur se moque ! Je me glisse dans cet habitacle sombre et furieusement design lui aussi. Tiens, on retrouve là aussi le motif du rotor un peu partout, sur le pommeau de levier de vitesse, sur l’assise des sièges ou à travers l’appuie-tête : c’est ce qu’on appelle du travail abouti. Le même qualificatif ne peut cependant pas être attribué aux matériaux, solides mais sans cachet particulier, dommage.
Devant moi, le combiné, composé de 3 gros cadrans, compte-tours au centre. Le tachymètre sy retrouve réduit à l’état d’afficheur. Sur la console centrale, un bouton fait jaillir l’écran polychrome du GPS. Sympathique. Engoncé dans cet habitacle à la ceinture de vitre très haute, je me presse de mettre le contact. C’est ça un bruit de moteur rotatif ?
On croirait avoir un flat four de GS sous le capot. Mais je m’aperçois que la zone rouge se situe à 8500 trs/mn, alors allons-y gaiement. A bas et moyen régimes, le moteur manque un peu de punch, d’aisance, légère déception. Il faut dire qu’il n’y a que 211Nm de couple et à 5500 tours encore. Mais passés les 5000, le ton change. Le bruit devient aigu, rageur, tel celui dune moto. Ca se met à pousser très fort, et l’étagement serré de la boîte qui permet de changer de braquet à la vitesse de l’éclair aide à se maintenir sur la bonne plage d’utilisation du birotor. Bip ! Tiens, me voilà au rupteur, vers les 9200, quelle griserie ! Je passe en 6ème. Un peu long, ce dernier rapport s’avère plus adapté à l’autoroute qu’au circuit.
Quant au châssis : équilibre des masses idéal, direction précise, amortissement judicieux, motricité impeccable, un régal de légèreté et d’agrément. Le manque relatif de puissance du moteur (231CV tout de même) est alors mis en exergue, 50CV de plus auraient sans doute été parfaitement encaissés, surtout que les freins assurent très convenablement leur service. Dans les enchaînements à vitesse élevée sur mauvais revêtements, on remarquera tout de même un léger manque de rigidité transversale du train avant, qui ne profite logiquement pas de l’apport de guidage que peut procurer un cardan, mais je pinaille, ça ne compromet pas l’efficacité d’ensemble. Par ailleurs, le pédalier permet le talon pointe.
Est-ce un coupé ? Une berline ? Peu importe, la RX-8 embarque 4 passagers sans les plier en 2, l’accès étant facilité par les portes arrière à ouverture inversée et l’absence de montant central. Pour le coffre, on aurait préféré un hayon, mais bon, on est là pour le plaisir et non le déménagement. Tant qu’à rester dans le prosaïque, parlons prix, et là surprise : la note n’est « que » de 34000, soit 1800 de moins qu’une BMW 120i Grand Tourisme bien moins plaisante. Si l’on considère l’agrément général, le style unique, le châssis très réussi et l’équipement qui inclut le GPS, c’est même alléchant, quoiqu’on resterait tenté de rajouter 3700 pour un beau V6 italien A quand une version turbo ?
Crédit photos : le blog auto