Des sénateurs réclament un « plan Marshall » pour rénover les ponts

« Au moins 25.000 ponts sont en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers », s’alarme la mission d’information sur la sécurité des ponts, créée par dix sénateurs après l’effondrement du viaduc autoroutier de Gênes (Italie), qui a fait 43 morts le 14 août 2018.

Parmi ces ouvrages problématiques, les sénateurs comptent 7% des ponts de l’Etat, 8,5% des ponts des départements, et « probablement 18 à 20% » des ponts des communes et des intercommunalités, selon ce rapport dont l’AFP a eu connaissance mercredi.

A cet égard, ils s’étonnent de l' »absence d’un recensement exhaustif des ponts gérés par les collectivités territoriales »: « le nombre exact de ponts routiers en France n’est pas connu! » Il y en aurait entre 200.000 et 250.000.

La dégradation de l’état des ponts, qui « a fortement augmenté sur les dix dernières années », s’explique par le vieillissement des ouvrages construits dans l’après-guerre et « un sous-investissement chronique dans l’entretien du patrimoine », selon eux.

Or, « l’état des ponts constitue avant tout un enjeu majeur de sécurité pour les usagers », soulignent-ils.

Les sénateurs estiment donc « urgent » de « mettre en place un +plan Marshall+ pour les ponts ».

Il demandent notamment de porter le montant des moyens consacrés par l’Etat à l’entretien de ses ouvrages d’art à 120 millions d’euros par an dès 2020 (contre 45 millions en moyenne ces dernières années) et à créer un fonds d’aide aux collectivités locales, qui serait doté de 130 millions d’euros par an pendant dix ans –soit 1,3 milliard d’euros au total– en utilisant l’enveloppe jusqu’à présent dédiée à la mise en sécurité des tunnels (qui prendra fin en 2021).

Il s’agit en effet de réaliser un diagnostic de l’ensemble des ponts des communes et intercommunalités et de rénover ceux qui sont en mauvais état.

Les sénateurs –qui ont sondé plusieurs centaines d’élus locaux– prônent « une gestion patrimoniale des ponts », avec un meilleur suivi et une programmation des travaux nécessaires. Ils jugent également nécessaire d' »apporter une offre d’ingénierie aux collectivités territoriales en aidant les petites collectivités » et en favorisant la mutualisation de la gestion des ouvrages au niveau intercommunal ou départemental.

La mission d’information dédiée à la sécurité des ponts est une émanation de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du sénat, présidée par son président Hervé Maurey (Les Centristes, Eure), les rapporteurs étant Patrick Chaize (les Républicains, Ain) et Michel Dagbert (PS, Pas-de-Calais).

Par AFP

Illustration : Wikimedia

(8 commentaires)

  1. Belle idée des sénateurs.
    pour le financement ? On prend sur leur indemnité??
    Sinon il va en couler de l eau …

  2. Comme d’hab, une belle com dans les jours qui suivent un drame puis on enterre le sujet. Ou on nommera une commission, c’est tout comme, ainsi disait Clemenceau.

  3. et donc on va redonner encore du pognon a vinci, bouygues, etc..avec des chantiers 20% trop cher afin de rincer tous le monde (d’en haut bien sur)… whaouu

    1. ça semble logique, un piéton de 100kg c’est insignifiant pour un pont alors qu’un véhicule de 2000kg représente un risque pour la structure. Un pont sur l’Isère fermé depuis 6 ans a été démoli et reconstruit par le CG38 pour 3.5M€

      1. @kaiservinz
        C’est tout à fait logique, il faut juste en être conscient.

        https://ec.europa.eu/clima/policies/transport/vehicles/cars_fr
        « The binding emission targets for manufacturers are set according to the average mass of their vehicles, using a limit value curve. This means that manufacturers of heavier cars are allowed higher emissions than manufacturers of lighter cars. The curve is set in such a way that the targets for the EU fleet-wide average emissions are achieved. »
        Ce qui se traduit par « Les objectifs d’émission contraignants des constructeurs sont définis en fonction de la masse moyenne de leurs véhicules, à l’aide d’une courbe de valeurs limites. Cela signifie que les fabricants de voitures plus lourdes sont autorisés à émettre de plus grandes émissions que les fabricants de voitures plus légères. La courbe est définie de manière à ce que les objectifs fixés pour les émissions moyennes de l’ensemble du parc de l’UE soient atteints. ».
        Je n’ai pas trouvé dans la règle une fonction qui redéfinit l’objectif si la masse moyenne du parc européen augmente. Ce qui veut bien dire que l’objectif moyen des 95 g / km ne sera même pas atteint.

        La règle est ici : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02009R0443-20180517 from=EN
        La formule de calcul est en annexe 1 en M5 : Émissions spécifiques de CO 2 = 95 + a × (M – M0)
        Dans laquelle:
        M = la masse du véhicule en kilogrammes (kg)
        M0 = 1 379,88
        a = 0,0333
        Exemples :
        – PEUGEOT 108 840 kg -> objectif 77 g CO2e/km – 109 g en wltp.
        – PEUGEOT 3008 hybride > 1630 kg -> objectif > 103 g CO2e/km – < 50 g en wltp en version hybride rechargeable.
        Il est beaucoup plus facile d’atteindre l’objectif sur un gros véhicule que sur un petit en l’électrifiant, le surcoût étant beaucoup plus facile à faire accepter par un client.
        Avec 200 kg de plus, l’objectif de la 108 passe à 83 g, ce qui peut-être obtenu en wltp en hybride, mais le surcoût sera invendable au client de ce type de véhicule.

        Cette règle amène bien un alourdissement des véhicules.
        Il y a du souci à se faire pour les ponts mais aussi pour les routes.

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