Aujourd’hui, la FIA devrait trancher sur l’affaire d’espionnage. Au premier procès, la FIA avait blanchi McLaren, mais depuis, elle a recueilli de « nouveaux éléments » qui mettent en cause l’écurie. Les enjeux sont cruciaux pour deux hommes: Ron Dennis et Jean Todt; ils jouent tout les deux leur place.
Jusqu’ici, on n’a peu parlé de Jean Todt, sinon dans son rôle de victime. Le PDG de la Scuderia Ferrari a un problème: cela fait deux ans que Ferrari n’est plus titré, en cas de troisième défaite, le conseil d’administration de Ferrari voudra sa tête. Qui plus est, Luca Di Montezemolo aurait déjà un remplaçant: Ross Brawn (ex-N°2, aujourd’hui retraité), qui voudrait revenir comme N°1.
Si McLaren est condamné (même à une simple amende), Todt pourrait dire à ses patrons: « Ils gagnent parce qu’ils trichent, alors, vous verrez, en 2008… » et sauver sa place.
Autre problème: depuis le début de l’affaire, Todt s’est investi à 200% dans l’accusation, malgré les appels au calme venus « d’en haut ». Un blanchiment de McLaren l’isolerait au sein de la Scuderia.
Ron Dennis est évidemment celui qui a le plus à perdre. Si McLaren est exclue pour 2008, on peut imaginer que Mercedes ne rachète Prodrive, afin de « déménager ». En 2009, la « franchise » McLaren pourrait être reprise par quelqu’un comme le tout nouvel ami d’Ecclestone, Tony Texeira (homme d’affaire Sud-Africain controversé et ex-copropriétaire de l’A1GP.) Dennis, principal responsable du [censuré] serait obligé de partir. Un qui serait content, c’est Norbert Haug (responsable sportif de Mercedes), car il rêvait depuis longtemps d’évincer Dennis et de faire de McLaren une écurie 100% Mercedes (sur le modèle du rival BMW.) Pour autant, Ron Dennis n’est pas le seul mouillé: Martin Whitmarsh (N°2 et héritier désigné) et Pedro De La Rosa (pilote d’essai historique) sont régulièrement cités; de quoi décapiter l’organisation du team, quel qu’il soit.
Mosley n’aime pas Dennis et il veut faire tout pour le couler. Mais après 40 ans de F1, Dennis ne va pas se laisser faire. Jusqu’ici discret, Dennis se fait de plus en plus bavard, voudra-t-il utiliser la technique de la terre brûlée?
En cas d’exclusion de McLaren, Alonso serait « libérable » et ça tombe bien, il veut partir. Or, voici qu’il est rattrapé par l’affaire: on l’informait en direct des réglages des Ferrari. Les écuries aiment les pilotes propres sur eux, jusqu’à la caricature, alors un Alonso condamné, même double-champion du monde, c’est tout de suite moins intéressant…
Après 30 ans de F1, Stepney a de nombreux ex-collègues dans toutes les écuries. Pourquoi ne leur aurait-il pas proposé les plans de la F2007?
Dennis évoque justement une piste Renault, où Stepney a travaillé du temps où elle s’appelait Benetton. De 1989 à 1991, il fut le bras droit d’un homme nommé… Flavio Briatore. Encore un pour qui ce n’est « pas le moment »: la saison 2007 de Renault tourne au fiasco, faute notamment de pilote de pointe. Jusqu’ici, Renault lui signait des chèques (presque) en blanc et n’intervennait pas sur ses choix. 2007 montre les limites du « tout Briatore », or, il est en période de renouvelement de contrat et n’a pas envie en plus d’être éclaboussé…
En bref, on est peut-être à l’aube d’une révolution…