Fatalité ou mesure stratégique ? Ford a annoncé en début de semaine que Jason Luo, le patron de sa filiale chinoise avait démissionné. Arguments officiels invoqués : raisons personnelles. Une manière de fermer la porte à la possibilité d’obtenir de plus amples informations.
A noter que ce départ intervient cinq mois seulement après la prise de fonctions du haut responsable en Chine. En août 2017, Jason Luo, alors DG de Key Safety (KSS) avait démissionné de l’équipementier alors qu’il était en passe de finaliser l’accord de reprise du fabricant d’airbags Takata contraint à déposer le bilan suite au scandale de ses produits défectueux.
Jeff Wang, président de la société mère de Key Safety, Ningbo Joyson Electronics, avait alors déclaré dans un mémo interne envoyé aux employés que celui qui dirigeait depuis longue date le fournisseur quittait la direction pour un client automobile en Chine, sans en préciser le nom. Le suspens du devenir de Jason Luo aura été de courte durée puisqu’après quelques heures Ford avait annoncé avoir embauché Jason Luo pour diriger ses opérations en Chine. Ce changement pouvait alors être perçu comme un signal de la volonté du constructeur de relancer ses ventes sur le plus grand marché automobile mondial.
A noter au passage que Jason Luo devenait alors le premier dirigeant issu de la Chine continentale à occuper ce type de poste chez Ford. Lequel comptait sur ce nouveau dirigeant pour développer les revenus du groupe automobile dans l’Empire du Milieu de manière aussi significative que lorsqu’il dirigeait Key Safety.
Anticipant réactions et rumeurs que cette nouvelle annonce est susceptible de susciter, Peter Fleet, président des opérations de Ford dans la région Asie-Pacifique a tenu à préciser dans un communiqué que la démission de Jason n’avait rien à voir avec la stratégie de l’entreprise ou la performance de Ford China. On ne demande qu’à croire, bien évidemment …
Reste que ce départ intervient alors que Ford peine à faire face à la concurrence en Chine. Sa part de marché y ainsi chuté de 6% en 2017 alors que l’ensemble du secteur a vu la sienne augmenter de 3% durant la même période.
Le constructeur US comptait sur le recrutement de Jason Luo pour améliorer ses relations avec ses associés locaux – notamment avec la coentreprise Chongqing Changan Automobile – et s’adapter plus rapidement aux goûts de la clientèle locale.
Rappelons qu’à l’heure actuelle les constructeurs étrangers doivent faire face à une forte concurrence des constructeurs chinois dans l’Empire du Milieu. Ces derniers lancent inlassablement de nouveaux modèles en vue de gagner des parts de marché supplémentaires.
De plus, le soutien massif du gouvernement chinois en faveur de la production de véhicules électriques pousse Ford et d’autres constructeurs à rechercher de nouveaux associés en vue d’augmenter autant que faire se peut la production locale.
Sources : Ford, AFP, Reuters
Crédit Photo : Ford