Décès de Jean-Pierre Jabouille (1942-2023)

Jean-Pierre Jabouille, c’était le pilote-ingénieur par excellence, intarissable sur son expérience de développement. Ayant débuté par la coupe Gordini en 1966, il est vice-champion de France de F3 en 1968 puis mène de concert un programme Endurance avec Matra (décrochant deux podiums au Mans en 1973-1974 puis une victoire aux 1000 Kms du Mugello 1975 avec Alpine) et un programme F2 avec Alpine.

Après une première expérience F1 avec Tyrrell en 1975 au grand prix de France, Jabouille remporte le titre européen de F2 en 1976, tout en assurant en parallèle le long et fastidieux développement du moteur turbo Renault. Un travail de stakhanoviste et d’abnégation qui lui permet ensuite de faire débuter le V6 du losange au grand prix d’Angleterre 1977.

Jabouille essuie les plâtres des débuts compliqués de Renault en F1 et multiplie les abandons. Même si les progrès arrivent en qualifications d’abord, la fiabilité est désastreuse en course et le français joue aussi de malchance. Néanmoins, il entre dans l’histoire à Dijon en 1979, en faisant triompher le V6 Turbo Renault, un tournant historique majeur à la fois pour le constructeur et pour la discipline, même si son succès est quelque peu éclipsé sur le moment par le duel d’anthologie que se livrèrent Gilles Villeneuve et René Arnoux pour la 2nd place.

Il remporte une autre victoire en Autriche, en 1980, mais ne connaît que trois arrivées dans les points en 49 courses. Au grand prix du Canada 1980, alors que son départ de Renault est acté au profit de l’arrivé d’Alain Prost, une violente sortie de route lui vaut d’avoir les jambes brisées. Il ne récuperera jamais toalement ses facultés et, après quelques courses pour Ligier en 1981, il se rend à l’évidence de sa perte de compétitivité et stoppe sa carrière F1.

Par la suite, Jean-Pierre Jabouille reprend le volant en supertourisme avec Peugeot puis, bis repetita, il est recruté par Jean Todt pour mener le développement de la 905 d’Endurance, participant d’ailleurs aux 24 heures du Mans avec le lion, où il décroche deux 3e places en 1992 et 1993. Jean Todt étant parti pour la Scuderia Ferrari, Jabouille prend les rênes du programme Peugeot en F1 mais il est remercié en 1995 après des débuts difficiles. Par la suite, il fonde l’écurie JMB qui s’illustre en sport-prototypes et en GT. Jabouille fut très présent aussi sur les évènements historiques, reprenant à plusieurs reprises le volant de la Renault F1 Turbo.

(3 commentaires)

  1. 49 grands prix, 75% d’abandons, 3 fois dans les points dont 2 victoires….la fiabilité du turbo était pas top top.

  2. Figure sympathique, pilote talentueux qui disparait…
    Une époque ou on pouvait approcher les pilotes, échanger quelques mots sur la grille lorsque celle ci était accessible (pas en F1) . Lorsqu’un pilote montait sur le podium, il n’était pas obligé de faire des sauts de cabris pour montrer sa satisfaction ni d’accrocher un pseudo sourire jusqu’aux oreilles.
    Bref, des gens normaux avec un comportement normal.
    C’était dans la série « c’était mieux avant » et je l’assume totalement.

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