Le projet est démesuré. Certains diront ubuesque, d’autres en phase avec la vision des dirigeants du pays. Toujours est-il que l’idée même de ce ruban a de quoi entretenir les fantasmes d’un road trip ultime de 20000 kilomètres.
Les obstacles sont énormes, dans un environnement particulièrement hostile. Sol gelé, tempêtes, froid, le climat du Grand Nord est extrême. Il faut traverser le détroit de Béring et ses 90 kilomètres. En construisant un tunnel, comme envisagé depuis le XIXème siècle, ou en édifiant un pont, s’appuyant sur les îles Diomède, qui sont plantés au milieu du détroit. Les ouvrages d’art de la ligne à grande vitesse Pékin-Shanghai, l’autoroute reliant Bangkok à son aéroport ou le pont enjambant le golfe de Bahreïn sont autant de réalisation d’envergure qui tendent à prouver la faisabilité de la chose.
Au-delà du franchissement, reste à créer des accès. Ce n’est pas une mince affaire. De Fairbanks à Nome côté américain et en Sibérie côté russe, l’essentiel de la construction devra se faire sur du pergélisol, particulièrement fragile et instable. C’est une problématique qui touche les pays du Grand Nord. Sans lien avec ce « Trans-Eurasian belt Development », des recherches visant à construire les routes de demain sont d’ailleurs menées dans le Yukon par des équipes pluridisciplinaires venus des Etats Unis et du Canada. Preuve que des solutions sont en cours d’élaboration.
Au delà des obstacles naturels et d’une planification sur des décennies , il faudra également trouver les milliards nécessaires à l’opération. Il n’empêche, ce projet, aussi pharaonique soit-il est un outil de désenclavement et de développement ambitieux qui ouvre de nouvelles perspectives économiques. Et celle de voyages automobiles au long cours, de Londres à New York.
Via Siberian Times, illustration CNN