Daimler rattrapé par le dieselgate, mais pas d’amende ?

A noter que l’Allemagne ne peut ordonner de rappel que sur son propre territoire ou pour les véhicules auxquels elle a elle-même délivré la certification valable au niveau européen.

Les systèmes de mesures des émissions soupçonnés d’irrégularité

Lundi, après avoir rencontré pour la deuxième fois en une semaine le PDG de Daimler, Dieter Zetsche, le ministre des Transports, Andreas Scheuer, a déclaré dans un communiqué, que le constructeur allait mettre à jour le logiciel du moteur équipant les fourgons Mercedes Vito, des Mercedes Classe C et GLC.

Dimanche dernier, le journal Bild am Sonntag indiquait que la KBA avait découvert cinq fonctions logicielles non approuvées dans les moteurs diesel Euro 6 de Daimler, touchant potentiellement jusqu’à 1 million de véhicules en Allemagne. Le régulateur automobile allemand soupçonne ces logiciels de pouvoir fausser la mesure des niveaux d’émissions polluantes.

Dans un premier temps, Daimler avait déclaré qu’il irait au tribunal si nécessaire en vue de renverser l’ordre des choses. Mais désormais, Daimler indique qu’il va « procéder aussi vite que possible, en collaboration transparente avec les autorités, pour s’assurer que les systèmes de mesures rejetés par le gouvernement soient supprimés ».

Rappel axé sur le logiciel

Bien qu’il s’agisse d’un revers pour une entreprise qui nie fermement avoir triché sur les émissions diesel, Automotive News estime qu’un tel rappel – axé sur le logiciel – signifie que Daimler a échappé à des mesures plus coûteuses telles que des amendes ou une correction matérielle. S’adressant aux journalistes après l’annonce, M. Zetsche a déclaré que les pourparlers avec le gouvernement avaient été « constructifs ».

Daimler fait d’ores et déjà l’objet d’une enquête du parquet de Stuttgart, les autorités allemandes ayant manifesté de premiers soupçons à la mi-mai 2018. A cette date, la KBA avait ordonné le rappel de près de 5.000 Mercedes Vito, affirmant avoir repéré la mise en place de tels logiciels. Le ministère allemand des transports avait alors repris le dossier, se donnant deux semaines pour rendre public les résultats de son enquête.

Pression du gouvernement allemand

L’Allemagne a multiplié les pressions sur Daimler pour que le constructeur spécifie les modèles et le nombre de véhicules devant être rappelés afin d’ajuster leurs systèmes d’échappement, critiquant la réponse fragmentée de l’entreprise aux inquiétudes concernant la pollution excessive de ses véhicules diesel.

Daimler nie toute malversation

Contrairement à VW, qui a admis avoir manipulé des tests d’émissions officiels et qui doit faire face à des coûts d’environ 26 milliards d’euros d’amendes, de rachats et de rappels au niveau mondial, Daimler nie toute malversation.

Dieter Zetsche, a déclaré pour sa part que Daimler avait trouvé une solution technique pour modifier le logiciel en question. S’attendant en conséquence à passer au travers des mailles du filet …. et éviter ainsi de devoir payer une amende conséquente.

Si Daimler a certes confirmé ce rappel dans un communiqué distinct, il a toutefois ajouté que la question de la légalité du logiciel devait encore être clarifiée. Contestant depuis le départ toute manipulation.

Daimler échapperait au paiement d’une amende

Arndt Ellinghorst, analyste d’Evercore ISI, estime que le coût de la modification des véhicules rappelés sera inférieur à 100 millions d’euros. « Nous ne voyons aucune preuve montrant que Daimler a conçu ce logiciel pour manipuler délibérément les tests sur les émissions polluantes », ajoute-t-il. Selon lui, cette conclusion devrait permettre d’éviter le paiement d’une importante amende.

Le constructeur joue gros : le magazine allemand Der Spiegel affirme qu’à la suite de la précédente réunion de Zetsche, Scheuer a menacé le constructeur automobile de 3,75 milliards d’euros de pénalités liées aux irrégularités d’émissions de moteurs diesel.

Sources : AFP, Reuters, Automotive News, Der Spiegel, Bild am Sonntag

Crédit Illustration : Daimler

(7 commentaires)

  1. Le but c’est quoi?
    Flinguer les deux groupes allemands qui
    sont hyper forts … avant les taxes que veut
    imposer les USA, je ne trouve pas cela judicieux.
    Mais bon!

    1. Les Américains n’ont rien à voir avec le cas Mercedes 😉
      Même si Trump prend comme cible Mercedes parmi les produits importés à taxer 😀

  2. Tromperie par omission volontaire? Si les programmes ne servent à rien pourquoi les avoir installés ?
    Qui sera le prochain ?

    1. « Tromperie par omission volontaire »
      Excellente question, tout le problème est là ! Quelles sont les 5 fonctions logicielles non approuvées ? Que font-elles ? S’agit-il de tromperie ou de mauvaise calibration ?
      Pour répondre à la deuxième question: tous les constructeurs ont des programmes qui détectent un essai sur banc à rouleaux « en laboratoire ». Cela permet, par exemple, de désactiver l’ESP (qui voit les roues motrices tourner mais pas les deux autres et qui pourrait donc décider de freiner). Le problème, c’est quand le constructeur décide de ne pas « activer » les systèmes de dépollution quand les conditions « laboratoire » ne sont pas détectées (sur route ouverte).
      Cela dit, ne sachant pas quelles sont les fonctions non approuvées par la KBA, je ne sais pas si ce sont ces « détecteurs de cycles » qui sont en cause ou pas.

  3. c’est un peu hors sujet, mais pour rappel les taxes européennes sur les importations de voitures en provenance des États-Unis et des pays hors UE s’élèvent en effet à 10 %, quand les droits de douane américains sur celles en provenance de l’Union européenne ne s’élèvent qu’à 2,5 %. Donc perso je comprends Trump sur ce sujet. Il faut noter au passage qu’élever les taxes permet de renflouer les caisses de l’état tout en étant populaire, surtout que les USA sont un énorme importateur de voitures.

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