En juin dernier, son directeur financier avait indiqué que le groupe automobile allemand était en passe de se séparer de Daimler Truck, le plus grand constructeur mondial de camions et d’autobus, d’ici la fin de l’année 2021.
Feu vert pour la scission de Daimler
Le conseil d’administration et du conseil de surveillance de Daimler ont donné leur feu vert pour que soit réalisé le plan de scission du groupe allemand, entre la branche automobile d’un côté, et les camions de l’autre.
En février dernier, Daimler avait indiqué prévoir de se restructurer en l’un des plus grands constructeurs mondiaux de voitures premium et de véhicules utilitaires, en se renommant Mercedes-Benz, tout en réalisant en parallèle un spin-off de son unité camions (Daimler Trucks & Buses), laquelle deviendrait alors une entité commerciale à part. Objectif fixé alors en terme de planning : fin d’année 2021.
Une assemblée générale extraordinaire a été parallèlement fixée au 1er octobre prochain.
Refonte profonde de l’entreprise
Cette décision constitue la première phase d’une «refonte profonde de l’entreprise», avait déclaré en février dernier le patron du groupe automobile Ola Kallenius. Ajoutant en guise d’argumentation que Mercedes-Benz Cars & Vans et Daimler Trucks & Buses étaient des entreprises différentes avec des groupes de clients, des orientations technologiques et des besoins en capital spécifiques.
Daimler conservera une participation minoritaire dans Daimler Trucks
Daimler conservera une participation minoritaire de 35 % dans Daimler Trucks, leader mondial des camions. Les deux sociétés seront cotées à la Bourse de Francfort.
Dans le cadre du spin-off prévu, une participation significative dans Daimler Truck serait distribuée aux actionnaires de Daimler.
Ce projet d’attribuer une majorité de titres Daimler Truck aux actionnaires constitue le remaniement le plus important que le PDG d’Ola Kallenius ait fait depuis qu’il a pris la tête du géant automobile allemand il y a près de deux ans.
Le « spin-off » devrait en effet apaiser les investisseurs qui ont longtemps plaidé en faveur d’une telle décision, invoquant une valorisation obstinément basse du titre du groupe. Alors que Daimler a récemment peaufiné sa structure d’entreprise pour donner plus d’indépendance à ses principales divisions, cette politique a été vue comme une demi-mesure et n’a guère amélioré les choses.
Notre avis, par leblogauto.com
Le plan – annoncé en février – vise à accroître l’attrait de Daimler pour les investisseurs en tant que constructeur premium mettant l’accent sur les véhicules électriques, alors que sa marque Mercedes-Benz défie Tesla, Porsche, BMW et d’autres dans le domaine.
Selon certains analystes allemands, Daimler Truck pourrait rejoindre l’indice boursier allemand DAX des sociétés de premier ordre en mars 2022.
Je ne comprends pas bien la logique. Avec la révolution électrique et la conduite autonome, Daimler avait la possibilité de mutualiser l’innovation et l’investissement entre camions, bus et voitures, alors que les technologies seront très proches. Se recroqueviller sur la voiture personnelle fait très XXe siècle.
Notez bien qu’ils ne sont pas venus me chercher pour diriger l’entreprise (ni même pour les conseiller ) et ils ont certainement eu raison
La phrase la plus marrante:
Dans le cadre du spin-off prévu, une participation significative dans Daimler Truck serait distribuée aux actionnaires de Daimler.
Il n’y a même pas à distribuer , les propriétaires sont les propriétaires.
« Il n’y a même pas à distribuer , les propriétaires sont les propriétaires. » >> Si. Car les propriétés de l’entreprise ne sont pas celles des propriétaires de l’entreprise. Si vous confondez les deux, c’est un abus de bien social.
En faisant un spin-off et en redistribuant les actions nouvellement créées, pour les propriétaires et pour l’entreprise, cela change totalement la donne.
C’est par exemple ce qui a été fait avec Ferrari.
@Twin Spark : la logique est une logique d’investisseurs. Une entreprise « libérée » du carcan d’un gros groupe peut être plus attractive.
Prenons l’exemple de Ferrari…tant qu’elle était dans FCA, elle pouvait bénéficier de certaines synergies, « revendre » des moteurs dégonflés, ou des études moteurs, châssis pour Maserati, Alfa Romeo, etc.
Mais son potentiel pouvait être vu comme bridé par le fait d’être dans le groupe FCA.
Une fois sorti, Ferrari peut faire exploser son potentiel, et lever finalement plus d’argent que ce qu’elle pouvait avoir au sein de FCA.
Les « spin off » sont légions dans l’industrie. En théorie, cela permet de « recentrer l’activité » et théoriquement de bénéficier d’un effet de levier en bourse ou en investissements directs.
Pas toujours probant, mais souvent.
Quand un groupe a une branche qui fonctionne moins que l’activité principale, ou qui est carrément dans le rouge, la scission permet d’embellir ce qui reste.
La partie coupée peut alors aussi retrouver plus de liberté et une belle opportunité de se remettre à flot.
Après, rien n’empêche un groupe de créer un spin off et de rester maître à bord.
Dans les banques par exemple, il y a eu plein de scission pour créer des banques « en ligne » qui vivent leur vie boursière indépendamment des « vieilles » banques à qui elles appartiennent pourtant encore.
Pour créer FCA, Marchionne avait par exemple coupé la FIAT en plusieurs bouts. Les activités poids lourds (camions et bus Iveco) et autres machines industrielles (engins agricoles et de construction) ont été regroupées dans CNH Industrial, introduit en bourse et qui vit sa vie, indépendamment de la structure née de la fusion entre Fiat et Chrysler.
En France, Orange (et d’autres) ont pas mal créé de spin-off. Certains petits labos internes développent un produit, une idée, et à un moment prennent leur envol.
Expedia (les voyages) est née en tant que filiale de….Microsoft ! (eh oui !) Sortie après 4 ans de gestation de Microsoft, Expedia a grossi par croissance externe, passant en 4 ans à une valo de plus de 3,5 milliards de dollars.
Puis entre scissions, acquisitions, rachat, etc. Expedia a fini dans les mains de….Liberty Media (un groupe de médias donc) qui détient aussi les droits de la F1 !
Exemple Français qui parle à tout le monde. Boussois-Souchon-Neuvesel ! Alias BSN.
En 1966, l’entreprise est créée par la fusion des glaces de Boussois (verre plat) et de la grande brasserie givordine Souchon-Neuvesel (fabrication de bouteilles).
BSN est alors dirigée par Antoine Ribout qui fait de l’emballage et du contenant la stratégie de l’entreprise. BSN tente une OPA hostile sur Saint Gobain son grand rival dans le verre.
L’OPA échoue et le coup de génie de Ribout est alors de repenser la stratégie du groupe pour faire du contenant alimentaire.
Pour cela, il va lancer des rachats (Evian, Kronenbourg, Kanterbaru, Tourtel, Bledina, etc.).
De l’autre côté, il y a Gervais Danone, née de la fusion de Gervais et de Danone.
BSN fusionne (rachète en fait) Gervais Danone pour donner naissance à BSN-Gervais Danone, puis abandonne les contenants pour se concentrer sur les contenus.
Depuis, c’est devenu le géant de l’agro-alimentaire Danone (exit BSN, exit Gervais, etc.). Evidemment, là c’est plus qu’une simple scission puisque il y a fusion, rachat, scission, etc.
Mais sans ces mouvement, Danone ne serait pas ce qu’il est.
Autre exemple, une business unit (division) du groupe hôtelier Accor a pris son indépendance : Edenred. C’est le leader du service prépayé, alias les chèques vacances, titre-restaurant, etc.
En 1962? Jacques Borel lance le Ticket Restaurant. Jacques Borel, leader de la restauration collective, de la restauration de concession (c’est lui qui est plus ou moins caricaturé dans l’aile ou la cuisse) est racheté par Acor, enfin SIEH (Société d’investissement et d’exploitation hôteliers). Cela devient Accor Services en 1998. Mi-2010, la scission est validée et Endered est créée.
Moins de 15 € en 2010, 48 € à date. Le levier de croissance pour cette ex filiale a été énorme grâce à la scission.
Accor a récupéré du cash, est toujours actionnaire et a toujours des liens avec Edenred.
Bref, la scission ce n’est pas magique, mais si cela a du sens, cela peut générer des investissements des deux côtés et donc un enrichissement et une croissance pour les deux entreprises…
@Thibaut
Je connais assez bien ces différents mécanismes capitalistiques, et leurs bénéfices, réels ou supposés.
Mais je reste convaincu que l’économie réelle doit rester au-dessus de l’économie financière. Quand une décision stratégique est prise pour des considérations financières au détriment de la logique purement économique (et ma conviction est que celle-ci en fait partie) c’est rarement efficace sur la durée.