Comment faire baisser la mortalité routière en France ?

Le parc des véhicules roulants, mais aussi nos habitudes de déplacement évoluent tous les ans, surtout avec la pandémie à la covid-19 qui a profondément transformé la « consommation » des transports. Et cela se traduit par exemple avec un nombre de cyclistes tués en hausse. Mais, globalement, on revient au niveau de tués d’avant Covid (2019).

Dans le détail, 245 cyclistes tués en 2022, contre 187 en 2019. A l’inverse, les 2RM ou les véhicules particuliers voient les chiffres en baisse. L’autre catégorie en hausse, ce sont les EDP-m (trottinette, gyropode, etc.). Mais on est sur des chiffres faibles en absolu. On notera que le chiffre d’occupants de « voiturette » tués reste stable avec 27 en 2022 contre 26 en 2018. C’est 10% des cyclistes tués.

Les déplacements doux à surveiller

Au total, 3 267 tués sont à déplorer en France Métropolitaine. C’est 23 de plus qu’en 2019. Par rapport à 2010, cela reste en forte baisse (-18%). Du côté des blessés, on est à 15 956 soit 292 de moins qu’en 2019. Là encore, on a des baisses sur les deux roues motorisés (2RM) et les automobilistes, mais des hausses sur les EDPm et vélos.

Si on s’intéresse aux modes de déplacement dits « doux » (marche, vélo, EDPm), on a donc des hausses et des chiffres qui commencent à représenter une (trop) grosse portion des tués. 245 cyclistes, 35 utilisateurs d’EDPm et 488 piétons. Un total de 768 tués sur 3 267 soit 23,5%. Toutefois, les automobilistes restent les plus représentés dans les tués avec 1 563 tués soit 47,8%.

Les hommes et encore les hommes

Dans les subtilités des statistiques, on peut remarquer que 213 cyclistes tués sur les 245 de 2022 sont des hommes ! Une sur-représentation que l’on trouve à tous les âges, mais qui augmente à partir de 35 ans pour atteindre trois pics de 55 à 84 ans. Ce déséquilibre se retrouve en agglomération et hors agglomération.

Toujours sur les tués à vélo, 135 le sont hors agglomération soit 55% des cyclistes tués. 38% des cyclistes tués sont des personnes de 55 ans ou plus, hors agglomération. Enfin, 93 cyclistes tués l’ont été dans un accident sans autre tiers impliqué. 38% se tuent donc seuls (chute, arbre, etc.).

Cette statistique peut être regardée sur les autres catégories. Exemple les automobilistes. 838 automobilistes se tuent sans tiers impliqué. Sur les 1565 occupants de voiture tués, cela donne 53,5 % de tués « seuls ». Cela arrive souvent à proximité du domicile, sur les routes du quotidien avec une roue qui mord le bas-côté ou un virage pris trop vite. Au total, 1 342 personnes sont tuées sans tiers impliqué. Cela représente 41 % des tués qui pourraient être grandement évités.

Alcool, vitesse et stupéfiants pour les jeunes

Comme d’habitude, les jeunes sont sur-représentés dans les statistiques. Pour eux, la cause principale est la survitesse dans 47% des cas mortels pour les 18-24 ans, et 41% pour les 25-34 ans. Avec l’âge vient la sagesse…enfin pour la vitesse et pour l’alcool. Car avec l’âge, interviennent d’autres causes principales comme les malaises, mais aussi les refus de priorité ou simplement l’inattention. Pour les 65-74 ans, malaise+inattention+refus de priorité représentent 68% des causes principales d’accident mortel.

Sur les catégories 35-44 ans et 45-54 ans, alcool, vitesse et inattention sont approximativement à égalité entre 20 et 25%. Les stupéfiants très présents chez les jeunes (environ 25%) baissent entre 10 et 15% pour ces deux catégories d’âge.

Les voitures sans permis plus protectrices ?

Enfin, si on regarde les voiturettes (alias voiture « sans permis ») on ne trouve pas encore d’augmentation avec le nouvel usage de ces véhicules. 473 accidents corporels en 2022, avec 27 personnes tués. C’est 5,7% de tués en rapport aux accidents. Globalement, 3 267 tués sur 52 380 accidents corporels des données BAAC. Cela représente 6,2%. Il y a donc proportionnellement moins de tués en voiturette par rapport au accident que globalement. 3 adolescents ont été tués dans un accident de voiturette.

Si vous voulez lire le rapport ONISR dans sa totalité, c’est ici.

Notre avis, par leblogato.com

Depuis 2010, l’Etat a décidé de mettre l’accent sur la vitesse. Après des années à renforcer les contrôles physiques (alcool, stupéfiants, téléphone, etc.) on assiste depuis quelques années à une baisse forte de ces contrôles. Il faudrait que l’état relance ces contrôles et les renforce. En effet, Ces contrôles permettraient de réduire le nombre de conducteurs sans assurance, alcoolisés, sous stupéfiants, etc. Surtout, en renforçant la présence des forces de l’ordre.

Un autre axe pour faire de nouveau baisser le nombre de tués sur la route serait de renforcer la communication autour des déplacements doux. Si une grande partie est tuée dans un accident avec un véhicule tiers ou plus, on a vu que 38% des cyclistes se tuent seuls, sans véhicule impliqué. Mais aussi de communiquer de nouveau sur la ceinture. Chaque année, environ 20% des tués en automobile ou VUL n’ont pas leur ceinture attachée.

Enfin, il faut repenser les modes de transport. En effet, en créant des difficultés pour les véhicules, les agglomérations provoquent des bouchons et donc des « pertes de temps » que certains veulent rattraper en roulant vite dès qu’ils le peuvent. Est-ce que renforcer les sanctions lors d’un accident avec un ou plusieurs morts ferait quelque chose (le fameux homicide routier) ? Peut-être. Mais à la marge.