Choc dans l’Industrie Automobile : RECARO et BBS se déclarent en faillite

Contrairement à ce que le nom pourrait suggérer, Recaro n’est pas italienne mais bien de droit allemand. Née « Reutter Carosserie-Werke » en 1906, elle a été renommée plus tard ReCaro en contractant le nom. De la carrosserie il ne reste plus rien et depuis très longtemps Recaro s’est spécialisé dans les sièges et fauteuils, pour diverses industries. Ici, c’est la société qui fabrique les sièges automobiles (et baquets) qui s’est déclarée en faillite le 29 juillet 2024.

En effet, on trouve des Recaro dans les avions (Recaro Aircraft Seating) ou des fauteuils de bureaux. Mais ces derniers sont produits par Recaro Holding qui détient les droits sur le nom Recaro. La partie automobile, bien que très réputée, a plusieurs fois été revendue. Elle sert de source de financements à des fonds d’investissement. En effet, en moins de 15 ans la société a plusieurs fois changé de mains : Johnson Controls, Raven Acquisitions, etc. Pour ces fonds d’investissement, ces sociétés sont souvent un moyen d’essorer la trésorerie, puis de revendre à un autre fonds. La société finance ses rachats par ses bénéfices mais ne les conserve jamais (principe du LBO en quelque sorte).

Et ce ne sont pas les 215 employés de la société qui diront le contraire. A chaque fois, ces derniers font des efforts pour maintenir l’entreprise à flot. La faillite ne signifie pas la fin de Recaro. Déjà, une procédure de redressement est entamée, avec recherche d’investisseurs sans doute, mais, hélas, sans doute des plans de licenciements aussi. Et surtout car le nom est mythique et appartient à Recaro Holding. Si Recaro Automotive disparait, une autre reprendra le flambeau, à coup sûr.

Avenir très sombre pour BBS

Du côté de BBS en revanche, la situation semble plus compliquée. La société spécialiste des jantes automobiles vogue de faillite en quasi-faillite depuis des années. En 2021, déjà au bord du dépôt de bilan, elle avait été sauvée de justesse par KW Automotive. Mais dès l’automne 2023 les premiers signes de faiblesse réapparaissaient. Une période d’observation avait été ouverte alors, et un investisseur turc ISH Group était entré au capital.

Mais le 26 juillet dernier, BBS a aussi déclaré son dépôt de bilan. Est-ce que l’investisseur n’a pas tenu ses promesses ? Cela arrive parfois (souvent). Les 270 salariés sont désormais dans l’attente de ce qu’il va se passer. Fondée en 1970, BBS (pour Baumgartner, Brand, Schiltach, le nom des deux fondateurs et la ville à l’époque) a toujours très bonne réputation. Après des années fastes, BBS dépose une première fois le bilan en 2007. Elle est rachetée par Punch et un fonds d’investissement. En 2011, nouvelle faillite, nouvel investisseur. En 2015, idem. C’est l’époque du Coréen Nice Corp qui prend le contrôle.

Hélas, cette aventure ne dure que 5 ans et on en arrive à 2020 quand Nice décide de lâcher BBS qui n’a d’autre choix que de se déclarer en faillite encore une fois. Désormais, l’administrateur provisoire va devoir faire le tri et voir si un projet de reprise peut être viable, et surtout trouver un repreneur. Là encore le nom et la réputation peuvent attirer. Mais, il est très loin le temps où il y avait les jantes haut de gamme comme BBS, OZ et consort, bien au-dessus des autres. Depuis, même le moins bon fabricant de jantes alliage fait des produits convaincants.

Quel avenir pour ces marques ? On ne le sait pas encore. Elles pourraient, pour BBS au moins, rejoindre la longue liste de notre série sur les marques disparues.

(13 commentaires)

  1. Merci d’avoir pointé le LBO.
    On glorifie trop souvent les investisseurs qui ne sont pas toujours là pour développer les entreprises, mais plus souvent pour faire de l’argent sur leur dos.

    1. Les citoyens de la zone Euro votent majoritairement massivement pour la mondialisation , pour des usines Recaro de sièges d’avion en Pologne ou Chine et bientot sur Mars …. et c’est la faute des investisseurs ???? si dans ces usines , les salariés sont trop payés …. sans protectionnisme … Les investisseurs dans tous les secteurs suivent ce que les citoyens votent ….

      1. 1er , En politique les élus par le peuple décident
        en 2eme l’économie mondiale s’adapte …. le suicide de Renault en Russie est une décision des élus par le peuple français … pas de Renault ….. les chariots Caddie en France le 16 juillet 2024 ,Recaro … et tous les autres ferment …. tous nos ministres , députés sénateurs , président seront payés en fin de mois avec nos impots … meme pas -20% pour travail insuffisant …

        1. Le monde évolue constamment. Des marques disparaissent, d’autres apparaissent, ce sont les consommateurs qui décident, les élus n’y peuvent pas grand chose. A quoi bon maintenir une marque si ses perspectives sont nulles. Je ne pense pas que Recaro soit dans ce cas là, par contre BBS??

      2. Oui je ne savais pas que j’avais voté pour la mondialisation, merci de me l’apprendre. Ce sont quand même les investisseurs qui décident d’aller produire dans des pays à moindre coût et le but est d’augmenter les bénéfices. Le protectionnisme n’est pas la solution miracle sauf pour les électeurs du RN car nos exportations seraient aussi pénalisées et donc une partie de nos emplois mise en peril

  2. l’industrie de la jante alu est compliquée : cela fait plus de 20 ans que les entreprises de ce secteurs se regroupent, se restructurent, font faillite… et malheureusement cela touchent aussi les grands noms mythiques.
    Plusieurs facteurs : la concurrence chinoise, le cours des matieres premieres, les constructeurs qui les pressurent de plus en plus, un marché de la seconde monte qui n’est plus ce qu’il était (les autos sont maintenant tres souvent équipées en jante alu en usine et le post équipement n’est plus ce qu’il etait dans les 70’s/80’s)…. mais c’est malheureux de voir ces 2 fleurons mourir

  3. Des grands noms de l’automobile qui avaient une belle image au siècle dernier. Je me souviens de mes jantes BBS nid d’abeille, magnifiques.
    Les salariés doivent être bien stressés avec ces pseudos rachats.

  4. Mauvais souvenir avec récaro,dans les années 80 sur ma kadett SR équipée d’origine avant la fin de garantie maintiens latéraux décousus,réponse du concessionaire
    pas de garantie,la cause étant que je portait des jeans trop agressifs pour le tissus des sièges .j’ai donc payé 900 francs .

  5. De mauvaises nouvelles n’arrivant jamais seules, Endor AG, maison mère de Fanatec, est en cessation de paiement.
    Si les coûts de production sont une chose, les manques d’investissement, des mauvaises stratégies ou des erreurs de gestion peuvent mettre un entreprise à genou. Il y a plein d’exemples de faillites d’entreprises alors qu’elles ont des carnets de commandes plein.

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