Xi Jinping s’est invité chez SAIC, à Shanghai. Il a visité le SMTC (SAIC Motor Technical Center ; le B.E. ) En tant que président chinois, Xi est à la fois représentant du premier actionnaire de SAIC, VRP des entreprises chinoises à l’étranger, gestionnaire de la première flotte automobile du pays et pilote des politiques énergétiques. Autant dire qu’il est très écouté…
Les deux images officielles sont très intéressantes.
Il y a peu, lorsqu’un chef d’état chinois visitait une usine, le monde s’arrêtait. Sauf qu’aujourd’hui, le parti communiste chinois (PCC) est secoué par des affaires de corruption. Les délégués et haut-fonctionnaires ont un appétit sans limite : comptes bien garnis aux îles Vierges, répliques de la cité interdite en guise de domicile (!) et maitresses par dizaines. Or, le PCC est censé se poser en garant de la moralité, face aux excès de la dynastie Qin ou du guomindang. Désormais le parti veut préserver les apparences et se donner une image plus modeste. Xi a réintroduit l’usage du « camarade » (同志, tongzhi, qui signifie « gay » en argot chinois.)
Conséquence de ce recadrage, la visite de SMTC est sous le signe de la modestie. Pas de tribune, pas de fleurs, pas de banderoles, pas d’hôtesses… Et pas de costumes non plus. Xi (au centre) et Chen Zhixin (PDG de SAIC, à gauche) doivent se « déguiser » en Chinois moyens, avec la veste trop ample et le pantalon mal repassé (on ne sait pas s’ils ont poussé le sens du détail jusqu’aux claquettes.) Même le robocog (protection rapprochée, au fond) a troqué le style « men in black » pour un dépareillé.
On note aussi que Xi ne visite pas l’usine, mais le bureau d’étude. Il s’agit de souligner que la Chine ne fait pas que produire des voitures, elle en conçoit aussi.
Chen Hong, responsable du SMTC, sert de guide. Il présente d’abord la Roewe 950 (Buick Lacrosse recarossée par GM lui-même.)
Là, il parle au gestionnaire de flotte. Dans le cadre de sa politique de « modestie » (et de promotion du made in China), Xi « conseille » aux entreprises publiques d’acheter des voitures chinoises « pures ». Il n’y a pas de central d’achats unique et jusqu’ici, seul l’armée l’écoute : fini, les Audi A6 ! La firme aux anneaux (qui veut quitter son image de « voitures pour vieux fonctionnaires ») n’est pas forcément mécontente de perdre ce marché. Pour les remplacer, l’armée achète des Hong Qi H7 (dérivées de la Toyota Crown.) Le rival SAIC tente donc de fourguer sa Roewe 950. Xi s’est assis à l’arrière et l’a jugée « bien, très bien. »
Chen l’amène ensuite devant une Roewe 550 Plug-In et la citadine électrique e50 (la bleue de la photo du haut.) Les ventes des voitures propres sont extrêmement confidentielles. SAIC, comme d’autres, compte sur les subventions étatiques et les commandes des entreprises publiques.
Pas un mot là-dessus. Par contre, Xi s’est émerveillé que « SAIC brise le duopole japonais et américains dans les hybrides » et qu’il maitrise à la fois la fabrication de moteurs électriques, la fabrication de batteries et la conception de véhicules propres. Il « oublie » simplement que BYD (une entreprise privée) possède plusieurs années d’avances sur SAIC, non seulement dans la conception, mais aussi la commercialisation (y compris à l’étranger.)
Le président a découvert la famille de moteurs « Cube-TECH » (des Ecotec GM produits sous licence.) Le descriptif parle aussi « d’une maquette de la prochaine MG ». S’agit-il du fameux roadster tant fantasmé ?
En attendant, Xi est reparti avec les 213 W5 destinés à la police de Nanjing. Un moyen d’écouler les stocks de ce SUV qui attend désespérément un lifting…
Source :
Roewe