Chine: SouEast courtisé par BAIC et GAIG

Pékin souhaite structurer au plus vite son industrie automobile. Plus question de laisser une centaine de constructeurs nationaux se tirer dans les pattes. SouEast serait le prochain dossier sur la liste et il possède deux acheteurs: BAIC et GAIG.

SouEast

Pour rappel, SouEast est né en 1995, d’une joint-venture entre la municipalité de Fujian et la filiale Taiwanaise de Mitsubishi.

Depuis, ce constructeur produit des Mitsubishi. Parfois, le badge SouEast remplace les « 3 losanges » du constructeur Japonais. Il a également possédé une joint-venture avec Dodge (qui semble aujourd’hui cliniquement morte) et il produit des utilitaires Mercedes.

En 2008, il a lancé sa première berline « propre », la V3 (sur base de l’ancienne Lancer.) La V4 (version 5 portes de la V3) devrait bientôt suivre.

BAIC

Beijing Automobile Industry Corporation s’est lancé dans l’automobile à la fin des années 50, pour produire une jeep Gaz sous licence (ci-après, dans une version mimile, avec sellerie zebrée.) C’est l’un des 4 constructeurs gerés en direct par l’état Chinois (avec DongFeng, FAW et SAIC.)

Dans les années 80, il fonda une joint-venture avec AMC pour assembler des Cherokee.

Le processus décisionnel de BAIC est une vraie usine à gaz avec des allers-retours entre le constructeur, l’état Chinois et le parti communiste. Ajoutez-y un Chrysler (qui a racheté AMC à Renault) avec d’autres chats à fouetter et vous comprenez pourquoi BAIC a loupé le tournant des années 90. Au point de glisser aujourd’hui au 5ème rang des constructeurs Chinois (derrière les 3 autres constructeurs étatiques et ChangAn.)

Longtemps endormi, BAIC s’est réveillé ces derniers mois. Sa joint-venture avec Hyundai connait une croissance à deux chiffres et elle rattrape à grandes enjambés les leaders du marché. Tandis que Mercedes, qui a profité de la fusion Daimler-Chrysler pour prendre les raines de Beijing-Jeep, a de plus en plus d’ambitions.

GAIG

Guangzhou Automotive Industry Group (parfois appellé Guangzhou Automotive Group; GAG, ça ne s’invente pas!) est né en 1988, avec une joint-venture entre Peugeot et un fabricant d’autocars.

L’inexpérience du partenaire Chinois, le paternalisme de Peugeot et les tensions politiques entre Guangzhou (Canton) et Pékin torpilleront le projet.

Honda cherche un constructeur Chinois avec lequel il pourrait produire sous son nom (jusqu’ici, les voitures Japonaises portaient des badges Chinois.) Pékin l’aiguille vers les ruines de Guangzhou-Peugeot. Un cadeau a priori empoisonné. Mais Guangzhou-Honda (renommé aujourd’hui Guanqi-Honda) est une success-story.

GAIG a ensuite créé une deuxième joint-venture, avec Toyota, qui connait également une belle croissance. Même si GAIG ne produit ni les citadines bon marchés, ni les minivans qui ont actuellement le vent en poupe. Une troisième alliance, avec Fiat, a été signée il y a peu.

BAIC-Soueast

BAIC tenait théoriquement la corde pour s’offrir SouEast. Dans son idée de structuration du secteur automobile, la Chine veut privilégier les constructeurs étatiques.

Néanmoins, BAIC est un mastodonte et ses capacités financières sont limitées. De plus, son futur est assez flou avec une berline « propre » au développement incertain.

L’argument de BAIC est qu’il possède des joint-ventures avec Mitsubishi (Beijing Daimler Benz produit des Outlander) et Mercedes, comme SouEast. Le constructeur Japonais a d’ailleurs longtemps fait du lobbying pour que les deux constructeurs Chinois se rapprochent.

SouEast-GAIG

GAIG est désormais le favori. Ses joint-ventures avec Honda et Toyota l’ont enrichi et il a faim. En terme de projet industriel, sa berline « propre », développée avec Fiat, est plus proche de l’aboutissement que celle de BAIC.

De plus, il existe en Chine une vraie rivalité entre le nord et le sud. Or, SouEast et GAIG sont tous les deux du sud.

En prime, depuis son rachat de ChangFeng (qui assemble des Pajero sous licence), GAIG dispose également d’un lien avec Mitsubishi.

Alors qui va gagner? BAIC, qui s’est fait souffler ChangFeng par GAIG, souhaite prendre sa revanche avec SouEast. Notez qu’aucun des deux n’exporte réellement ses véhicules.

GAIG possède davantage de moyen.

Aujourd’hui, BAIC est plus gros que GAIG. Néanmoins, à court-terme, le second devrait dépasser le premier.

Le mot de la fin devrait appartenir à Pékin. Va-t-il privilégier un actuel « grand » (BAIC)? Ou miser sur l’avenir et bâtir un futur poids-lourd?

Source:

Auto.sohu

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