C’est la fin de l’Audi A4

Vorsprung durch Qualität…..und Technik!

 

A l’origine de cet aura, rendons à César ce qui lui appartient, c’est la seconde génération de l’Audi 80 apparue en 1986. Conçue mécaniquement dans la continuité de celle qu’elle remplace, c’est avec la 80 qu’Audi va non seulement poser les bases de sa réputation de qualité d’assemblage, de finition et de fabrication; mais la 80 B3 est surtout LE modèle qui va définir ce que sera le design -intérieur ET extérieur- des Audi des 20 prochaines années, tout en volumes lisses, simples, galbés et suggestifs sans toutefois verser dans le cliché pour les versions les plus énervées. Après un restylage de mi-carrière lui donnant encore un peu plus de caractère en 1991 et qui verront notamment l’apparition des (très) sympathiques break RS2 en collaboration avec Porsche, il est temps de passer le flambeau en 1994, avec comme but avoué de continuer la montée en gamme dans une catégorie à l’époque ultra concurrentielle qu’étaient les Berlines de segment intermédiaire-supérieur.

C’est donc avec le couteau entre les dents (Merci Ferdinand Piëch) qu’Audi dévoile en 1994 la première génération d’A4, et tape fort en termes d’allure, et de finitions intérieures et extérieures. La voiture est esthétiquement crédible face aux déjà très établies BMW Série 3 et Mercedes Classe C de l’époque, quand la 80 prenait souvent la place de Challenger et reflétait ce qu’on appellerait aujourd’hui l’access premium, en tout cas un choix un poil plus « exotique » , moins évident. En dépit de ses soubassements qui servent également à la Passat contemporaine, et servira plus tard à la première génération de Skoda Superb, un chassis de bonne vieille traction des familles et des motorisations communes -performantes mais pas passionnantes- en bas de la gamme; Audi sait que ce qui fera la différence, c’est d’aligner des gros moteurs et des solutions techniques innovantes en dessous, puis de joliment carrosser au dessus. C’est donc cette génération d’A4 qui accueillera très officiellement la transmission Quattro, et qui suivra les deux autres constructeurs premium allemands dans la course à l’armement et aux chevaux qui définira les 30 prochaines années, avec les gammes S4 puis RS4 (uniquement en break sur la première génération en hommage à la RS2). 

D’abord équipée d’un V6 de 265 chevaux sur la S4 de 1997 auquel Audi rajoutera un turbo Cosworth pour arriver à une puissance de…. 380 Chevaux en 1999 sur la RS4, c’est à partir de la seconde génération d’A4 en 2003 que le fabuleux et méritant V8 maison 4,2 Litres rentrera (au chausse-pied) sous le capot des S4 et RS4 avec respectivement 265 et 420 chevaux. La RS4 gardera le V8 jusqu’en 2015 et culminera à 450 chevaux sous le capot de l’A4 B8. Les versions S4 ce cantonneront à du V6 avec des puissances allant de 330 à 350 Chevaux. On s’en contentera.. C’est avec la dernière génération en date que le V6 se généralisera dans les deux versions sportives avec des puissances oscillant entre 350 et 450 chevaux. La petite « nouveauté » de la dernière génération sera une version Diesel de la S4, avec un V6 TDI de 347 chevaux et un couple de camion de 700 Nm. C’est vrai que la version essence de seulement 500 Nm de couple aurait pu paraitre un peu juste….

 

La dernière des Mohicans

 

Au delà de cette course folle aux performances, ou de l’aspect « accessible » de la gamme (on rappelle qu’encore aujourd’hui une Audi A8 vaut au bas mot 3 Audi A4), c’est ce sentiment d’appartenance et de cohérence de la gamme (tant sur le plan esthétique et technique) qui a fait de l’A4 un carton planétaire. Elle a été à la fois le porte étendard de la marque, le marqueur durable d’une époque de domination du TDI sur les autres concurrents, la porte d’accès à des modèles supérieurs en devenant avec le temps une mini A6 ou A8 (tout comme ce que Mercedes à tenté avec sa Classe C), bénéficiait de carrosseries variées en berline, break, mais aussi Cabriolet sur certaines générations ou encore en finition baroudeuse AllRoad à partir de 2013; tout en rendant encore et toujours une copie très propre voire parfaite en fonction des générations en finitions et qualité globale.

Et puis est arrivée la période de flou artistique -toujours pas résolue- autour de la quête d’une nouvelle identité visuelle et stylistique de la marque. La mode est à la surcharge de traits et de dessin pour donner du sens, du caractère à une auto, et dans l’idéal une note de Premium. Car les généralistes ont fait beaucoup de progrès sur ces plans, les locaux mais aussi les asiatiques, et pour rester exclusif, il faut en rajouter. Partout. Sans parler de l’avènement des SUV dans l’équation. 

Un tout petit ilot a été crée au sein de la gamme Audi pour sauver à la fois Berline et Style maison: la gamme Sportback et les succès des A5 et A7. Mais l’A5 a fait beaucoup de mal commercialement parlant à l’A4, perçue par la clientèle comme devenue trop Classique, ce qui faisait son charme auparavant. La dernière génération B9 en date apparue en 2015 est malheureusement symptomatique de cette époque. Joliment car sobrement dessinée aussi bien en berline qu’en break, elle devient plus agressive et s’endurcit visuellement en 2019 avec des traits de carrosserie plus marqués, un capot plus nervuré et une identité visuelle plus grossière, moins homogène. C’en est trop, l’équilibre est perdu. Entretemps, l’A5 s’est installée, l’A3 Berline jugée plus dans son époque est un peu plus plébiscitée parce qu’aussi plus accessible

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