Le blog auto aime bien la découverte d’autres paysages automobiles et se trouve actuellement en Australie. Ici la marque Holden est un nom courant et le dépaysement est flagrant tellement les modèles badgés de ce lion sont partout. Un petit point historique s’impose pour cerner un peu mieux cette marque inconnue chez nous.
Avant de s’investir dans le secteur de l’automobile en 1908, Holden était connue en 1856 via James Alexander Holden, fabricant de sellerie. Son partenariat avec General Motors commença en 1924 en tant que fournisseur sur le continent australien avant de devenir en 1931 une véritable filiale du géant américain sous le nom de Limited General Motors Holden. Comme beaucoup de constructeurs, Holden a servi l’armée pendant la deuxième guerre mondiale avant de se lancer dans la carrosserie des Buick, Pontiac ou encore Chevrolet. La première véritable Holden australienne date quant à elle de 1948. Il s’agit de la Holden 48-215 ou FX. Conçue pour l’Australie, elle fut un véritable succès pour l’époque. La marque se nomma simplement Holden plutôt récemment, en 2005.
Holden entretient depuis longtemps de fort liens avec GM. Voilà pourquoi il est courant de croiser des Chevrolet Cruze, Aveo (Holden Barina), Spark (Barina Spark), Captiva ou autres Colorado américains rebadgés de la même manière que les Vauxhall en Grande-Bretagne. Les routes australiennes sont aussi peuplées d’Opel Vectra, Astra ou Corsa sous ce même logo. Néanmoins, la gamme Holden possède sa propre identité avec des modèles nés en Australie dont le plus emblématique reste la Commodore.
Cette berline apparue en 1978 existe également en Station Wagon (break) et d’autres dérivés sportifs. Elle se présente sous différentes versions. L’entrée de gamme s’appelle Evoke et profite dès le premier échelon d’un V6 de 3 litres (3,6 litres en option), arrive ensuite une version plus sportive SV6 toujours avec un V6 mais dont la cylindrée et ici portée à 3,6 litres. Viennent ensuite les lettres SS un bon cran au-dessus avec cette fois-ci un V8 6 litres. Enfin, les versions Calais, plus élégantes proposent au choix d’opter pour le V6 ou le V8.
La Commodore est en quelque sorte le symbole sur quatre roues de ce pays. Construite à Elizabeth dans le sud de l’Australie il s’agit du best-seller australien même si en février 2015 le modèle Commodore arrivait à la quatrième place du top 10 mensuel avec 2 517 unités vendues derrière les modèles asiatiques Corolla, Mazda3 et Toyota Hilux. Elle est également très prisée dans sa version break par les backpackers (jeunes Européens venant travailler et découvrir l’Australie grâce à un visa d’une année) tout comme la Ford Falcon.
Pour les Australiens voulant une berline de chez eux encore plus longue et luxueuse, ils peuvent toujours opter pour la Caprice, version rallongée, légèrement plus chère que la Commodore. Elle partage de son côté la même base que la Chevrolet du même nom.
Une spécificité ici tient dans l’engouement envers les pick-ups. Si en Europe BMW s’amuse à réaliser un poisson d’avril en transformant une M3 en pick-up, en Australie, ce genre de voiture est prise très au sérieux. Le catalogue Holden est en effet composé d’une partie véhicules utilitaires. Outre l’apparition du pick-up 4×4 Colorado, un autre pick-up sur base de voiture normale est proposé. Reprenant les traits de la Commodore, la UTE fait partie de la famille des coupés utilitaires.
Trois modèles sont proposés à savoir l’UTE normale, la SV6 et la SS. Si ce premier à des allures de voiture d’entreprise, les deux autres n’ont rien à voir car ils possèdent tous les attributs d’un coupé ou d’une berline sportive à savoir un kit extérieur plus agressif, de grandes roues, les dernières technologies embarquées et surtout des motorisations à faire pâlir les Européens. Au choix donc un V6 3,6 litres (de base !) ou un V8 de 6 litres. Une grande majorité des UTE que l’on peut croiser en Australie et surtout dans les villes sont des versions radicales SV6 ou SS souvent passées entre les mains de HSV le préparateur maison. Cette voiture profite d’un fort engouement de la part de la population qui fait de cette voiture une véritable particularité du pays même si elle est également disponible en Nouvelle-Zélande. Il faut dire qu’avec son gros moteur, sa très longue benne (rarement utilisée ici et souvent bâchée) et ses deux places, ses caractéristiques auraient du mal à trouver un public sur le vieux continent. Mais l’Australie comme les Etats-Unis c’est aussi ça, avoir un moteur puissant qui a de la voix et savoir cultiver sa différence.
Le paysage automobile australien en ville diffère également du nôtre de part les versions choisies par la population. A Brisbane par exemple, la Commodore est très présente dans ses dérivées SV6 et SS. De même pour les allemandes : le nombre de Mercedes A45 AMG, C63 AMG, BMW M6, M3/M4 ou Audi RS5 est très important dans les rues. Le pouvoir d’achat ici n’y est pas pour rien évidemment mais il y a aussi une attirance particulière pour les versions les plus puissantes de ces voitures importées.
Pour le commun des mortels, les voiture asiatiques sont bien entendues majoritaires ici, il suffit de jeter un coup d’oeil sur les bilans mensuels pour voir que Toyota, Mazda, Hyundai, Nissan ou encore Mitsubishi sont constamment présentes dans le Top 10. Cela se traduit pour les passionnés par un grand nombre de Skyline, de Silvia ou de Supra dans les rues. En revanche, en s’éloignant des villes, les 4×4 (Toyota Land Cruiser, Nissan Patrol, etc.) et pick-up divers ont une grande part du marché. La plupart sont lourdement équipés de boucliers spécifiques bardés de chromes, d’imposants béliers et autres appendices supplémentaires pour faire face aux conditions climatiques souvent compliquées.
Si Opel lance en Australie comme en Nouvelle-Zélande sous le badge Holden les dernières versions des Astra GTC, VXR/OPC, le cabriolet Cascada et l’Insignia dans sa déclinaison OPC, l’industrie automobile australienne va mal. En effet, à l’horizon 2016, Ford abandonnera ses usines de production locale, suivi par General Motors en 2017. Pour ce dernier, environ 2 900 employés sont directement concernés sans parler des sous-traitants concernés par cette décision. Toyota devrait également suivre le même chemin. Les lois des marchés dictent les règles et celles de l’Australie sont trop dures à suivre. La force du dollar australien, la taille du marché, la concurrence ou encore le coût de la main d’oeuvre ici bien trop élevée à côté des voisins asiatiques auront raison de l’industrie automobile australienne qui ne connaîtra bientôt plus de véhicules fabriqués sur ses terres. La Commodore quant à elle devrait survivre à ce tremblement de terre.
En petit bonus, voici un remake australien du héros du cru Mad Max sur base de Ford Falcon…
Crédit photos : Aurélien Matysek/le blog auto