Carnet de voyage : carte postale de Sicile & de Fiat

Si la 500 est incontournable à Rome, le parc automobile de l’Italie du Nord s’apparente à celui du reste de l’Europe. Au sud tout change. Et en Sicile plus encore. Pour bien des raisons, la Fiat y tient encore la vedette. Le long de la SS113 ou de la 121.

Avec un ratio de 1,60 entre le revenu disponible moyen des ménages vivant dans la partie le nord du pays et le revenu moyen de ceux qui habitent dans le sud, l’Italie est le pays européen le plus contrasté. Alors que l’âge moyen du parc automobile avoisine les 8 ans dans la péninsule -un résultat comparable à celui de l’hexagone- l’Italie du Nord se rapproche de l’Allemagne, avec un parc récent, alors que dans le sud  on roule en ancienne. Voire en très anciennes. De quoi se retrouver en des temps ou la Fiat accaparait 80% du marché. Au delà de raisons économiques pouvant expliquer la présence d’un parc ancien, d’autres facteurs, plus politiques et historiques existent. Fermée depuis 2011, l’usine de Termini Imerese, dans la banlieue de Palerme a été l’usine emblématique de la Panda. Une voiture qui par sa simplicité et son gabarit semble avoir été conçue pour l’île aux trois mers. Cette unité du groupe, baptisée SicilFiat lors de son inauguration, car financée à hauteur de 40 % par la collectivité, a fait du géant turinois une entreprise locale. Enfin comme le climat est plutôt clément – même si l’altitude et les bords de mer ont leur mot à dire -, les véhicules peuvent durer longtemps. Pour toutes ces raisons et peut-être d’autres encore, la Sicile est le lieu pour croiser des Fiat passablement âgées.

La SS113, Strada Statale du nord de l’île, longe la mer Tyrrhénienne. De Messine, la Settentrionale Sicula rejoint Trapani en passant par Palerme. L’entrée de la ville est riche en casses automobiles. Coupé 124 aux jantes Cromodora encore présentables ou  ancien taxi 1100BLT reposant sur un taxi 1400 à peine plus récent, sont empilés non loi  d’officines de restauration qui trouvent là de la matière première à bon compte. Toujours agrémentée de feux de circulation, l’autoroute traversant Palerme a heureusement perdu son terrible rond point. Ce qui n’empêche pas une circulation anarchique dans des rues ou les Seicento cabossées se faufilent comme autant de Vespa. A deux pas des palais décatis, des « officinas » de quelques mètres carrées penses les blessures et veillent à la survie des 500 « made in Termini ». Etouffés par leur ville, les palermitains vont prendre l’air à Mondello, la station balnéaire voisine, ou les beaux quartiers cachent quelques belles bâtisses remarquables, mais également d’authentiques raretés comme ce coupé Moretti 850SS aux allures de petite Dino. Les touristes étrangers optent plus souvent pour les centres de vacances en front de mer ou pick-up Strada et originale  Panda Business Van, boîte à outils malicieuses sur 4 roues, croisent leur fer avec une horde de stagiaires en Piaggio.

Non loin de son extrémité occidentale, la SS113 effleure Castelmarre del Golfo avant de s’approcher du parc naturel de Zingaro. Loin des villes officient encore quelques doubles arbres quadragénaires à l’image de cette 125 Spécial, plus chanceuse que la 127 s’éteignant sous les oliviers – cela ne s’invente pas- à Purgatorio. Le Progetto X1/4 n’est pas pour autant oublié. Ce bel exemplaire couleur paille à la sellerie rouge dans les rues de Cefalù en témoigne. Une cité de bord de mer ou fut tourné le film Cinéma Paradiso et que le constructeur honore du 10 au 20 juin au Grand Palais.

Quittant la côte Nord,  la SS121 Catanese traverse la Sicile en son centre, direction l’Etna. Un parcours vallonné, au revêtement…rebondissant. Encore bordé par les maisons cantonnières aux couleurs pourpres, on circule d’un étonnant village perché à l’autre. Surplombant des vallées inhabités, ils sont riches en berlines populaires, 1200, 1500, devenues introuvables en France. Les générations des années 70, 131 ou132 semblent elles disparus, attendant peut-être un hypothétique retour. A moins que l’Etna n’en décide autrement en se réveillant brutalement. L’iconique volcan sicilien vaut à lui seul le voyage. Le patrimoine automobile original donne une saveur supplémentaire à cette expédition insulaire.

Lire également: Rome et la 500, mariage à l’talienne

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *