On le sait depuis un petit moment, le cours du pétrole est désormais décorrélé du prix à la pompe. Cela s’explique par exemple par un prix du carburant à la bourse de Rotterdam (le Platts) qui ne tient plus directement compte du coût de revient du raffinage. Mais, il y a une autre composante du prix qui s’est « envolée » selon CLCV.
Ce sont les marges des distributeurs. Selon un rapport publié jeudi dernier, l’association dénonce des marges dépassant les 25 centimes d’euros par litre de carburant, en 2023. Et elles continuent de grimper se désole la CLCV. Début janvier, cela aurait atteint 26 centimes d’euros sur le litre de super sans plomb 95 et 22,2 centimes d’euros sur le gazole.
Le souci, selon la CLCV qui s’appuie sur les chiffres officiels du Ministère de la Transition Ecologique, c’est qu’entre 2018 et 2021, ces mêmes marges étaient de 15 centimes d’euros maximum. Depuis, il y a eu une crise de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les distributeurs s’étaient engagés à limiter leurs marges. Ils se sont rattrapés depuis et continuent visiblement de le faire. Tous les distributeurs ne sont pas à la même enseigne, mais globalement des marges très confortables ont été recréées.
Décomposition du prix d’un litre de carburant
Lorsque l’on achète du carburant à une pompe carburants, il y a la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) de 20% qui taxe même les taxes. Sur un gazole à 1,80 €/l, cela représente 30 centimes. Ensuite, on a la TICPE (taxe intérieur sur la consommation des produits énergétiques) qui est, pour le gazole blanc, de 60,75 c€/l (sauf Corse à 59,40 et Ile-de-France à 62,64 c€/l). Cela représente donc 90,75 centimes d’euros par litre de gasoil. 50% du prix.
Les 89,25 c€ restant sont composés par la marge distributeur, la marge transporteur, la marge raffineur et le coût du produit raffiné (qui lui est basé en grande partie sur le prix du baril de pétrole). A Rotterdam, la tonne de gazole est, à date, à 827,25 dollars US soit 767,15 € pour 1 175,4 litres de gazole. Cela donne donc un prix du marché à 65 c€ le litre (pour un coût de revient qui est plutôt autour de 40c€ sur les raffineries occidentales NDLA). Ce prix contient la marge du raffineur.
Si on regarde les variations du cours du baril de Brent, on constate que la cotation à Rotterdam suit ce cours. Mais depuis le début de la Guerre en Ukraine, le cours à Rotterdam a décollé par rapport au coût réel de raffinage.
On ajoute le transport, et la marge distributeur, et on arrive aux 90 centimes avant toute taxe. Evidemment, certains feront remarquer que plutôt que de râler sur les marges distributeurs ou raffineurs, on pourrait souligner le doublement du prix par les taxes. Certes oui. C’est un débat moult fois tenu et il faut juste avoir en tête qu’en gros 1 centime de taxe carburant rapporte grosso modo 450 millions d’euros par an à l’état.
TICPE+TVA sur le carburant devaient représenter, en 2023 selon Bercy, 41 milliards d’euros de recettes. La marge raffineur ou distributeur ne va pas à l’Etat, mais à des TotalEnergies ou autres géants de la distribution.
de toute façon les carburants sont trop bon marché
Comme on n’est plus en FRF mais en EUR, il faudrait parler de cent au lieu de centime. Merci.
C’est bien de dénoncer des marges abusives, mais c’est pas nouveau, et les pétroliers vont continuer. Faire des profits, c’est bien, faire des très gros profits, c’est mieux. Et ils sont tranquilles, aucun état ou politicien ne les pointera du doigt en les accusant d’entretenir artificiellement l’inflation, on se demande bien pourquoi.